Un écrivain sur le déclin arrive dans une petite ville des Etats-Unis pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Le shérif local, écrivain raté à ses heures perdues, l’entraîne dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille, retrouvée avec un pieu planté en plein cœur. Le soir même, il rencontre, en rêve, l’énigmatique fantôme d’une adolescente prénommée V., que tout semble relier au récent meurtre et à une vielle histoire locale…
Jusqu’à son visionnage, je ne pensais pas que le dernier né de Francis Ford Coppola aurait des raisons d’aboutir ici. Car si l’une des bandes-annonces montrait deux des personnages échanger sur le thème du vampire, les bruits de couloirs en faisait davantage un film de fantôme, et la première bande annonce allait davantage dans ce sens. Reste qu’au final, il y a bel et bien, dans ce nouveau film du réalisateur de Bram Stoker‘s Dracula, matière à le faire figurer sur Vampirisme.com.
Tout commence donc avec l’arrivée dans une ville d’apparence banale, d’un écrivain en pleine traversée du désert, Hall Baltimore, spécialiste du roman de sorcellerie. Ce dernier va découvrir que la ville cache un lourd passé criminel, lequel semble se réveiller avec la mort récente d’une jeune femme. Entre un Shériff écrivaillon avide de co-signer un roman avec lui, un couple sur lequel plane l’accident mortel de leur fille et des dettes à n’en plus finir, Baltimore va tenter le tout pour le tout et s’intéresser à ce récent crime.
Si l’ensemble est loin d’être mal joué (Val Kilmer campe à merveille l’auteur en crise hanté par la mort de son enfant), la réalisation n’est pas toujours au beau fixe (malgré une habile mise en scène du passage entre la réalité et le rêve, les recours à la 3D sont assez grossiers). A la sortie de la salle, difficile de dire, par ailleurs, si le film m’a convaincu ou non.
Il n’en demeure pas moins que j’apprécie ces films (dont Twixt fait parti) qui jouent sur le basculement entre réel et imaginaire, et brouille assez les pistes pour semer le doute dans l’esprit du spectateur, sans pour autant tomber dans le lynchien à outrance. Et que le film de Coppola propose quelques scènes et lieux vraiment bien mis en scènes (le beffroi, l’hôtel, etc.).
Reste qu’entre la communauté de goths qui vit sur les bords du lac, et l’humour parfois incongru du film, difficile de savoir sur quel pied danser. Mais n’est-ce pas finalement ce que recherche Coppola ? Ne faut-il pas voir dans ce film une manière du réalisateur de tourner en dérision les histoires de vampire, une certaine forme de romantisme adolescent (dont Poe – qui devient un des personnages récurrents du film – et Baudelaire seraient les figures de proue, voire Burton pour certains aspects plus modernes) ? Voire de certains écrivains et de leurs habitude de se mettre en scène (les clins d’oeil à King iraient dans ce sens).
Regardé au prisme de la filmographie de Coppola, qui s’est éloigné des chemins du blockbuster avec l’Homme sans âge, ce Twixt peut être vu comme assez révélateur de l’état d’esprit d’un créateur qui se se focalise sur des oeuvres plus personnelles, plus intimistes. Des oeuvres où il injecte ses propres questionnements, doutes et expériences personnelles, à commencer par la mort de son fils, en calque parfait avec celle de la fille de Baltimore. Et comment ne pas entrevoir dans ce personnage d’un auteur dont l’inspiration semble bloquée, le spectre du réalisateur lui-même ? Certains vont même jusqu’à entrevoir à travers ce film la difficulté pour le créateur de passer du processus créatif initial à son rendu papier.
La part vampirique du film passe essentiellement dans le personnage de V., une jeune fille de treize ans qui accompagnera Baltimore vers la vérité concernant sur sa mort. V., personnage virginal s’il en est, qui représente sans nul doute la corruption de l’innocence, dans un premier temps par son tuteur, dans un second temps par le vampire qui la sauve des rêts de son tortionnaire, lui offrant en cadeau la damnation immortelle. Ses apparitions uniquement nocturne, et le thème récurent du pieu achevant de créer un lien avec le mythe du vampire.
J’avais beaucoup apprécié l’Homme sans âge, un film bien moins clinquant que son Dracula, mais déjà plus personnel. Je reste malgré tout dubitatif sur ce dernier film, qui met certes en scène de belle manière les angoisses de son réalisateur, et semble jouer de la dérision et du grotesque sur de multiples aspects, mais dont la construction m’apparaît erratique. Tout comme le rendu final, qui donne l’impression de flirter avec le B/Z Movie (le personnage du shérif est assez emblématique à cet égard).
Eh dire que je n’ai pas encore pu le voir… Il passe dans peu de cinémas en France, et pas par chez nous en tout cas :/