En 1780, le prince Mamuwalde et son épouse Luva se rendent en Transylvanie auprès du comte Dracula. Ils espèrent que Dracula accepte de cautionner leur lutte contre l’esclavage auprès de l’aristocratie européenne. Mais Dracula ne l’entends pas de cette oreille, et finit par transformer le prince africain en vampire. Mamuwalde, prisonnier d’un cercueil verrouillé, se retrouve emmuré dans une des caches secrète du château, sa femme condamnée à mourir à petit feu près de lui. En 1972, deux collectionneurs d’antiquités américains découvrent le cercueil et prennent la décision de le ramener avec eux à Los Angeles. Ils vont alors lâcher dans la ville un monstre buveur de sang à la mesure de son créateur…
En pleine période de blaxploitation, un an après le célèbre Shaft, William Crain propose une première relecture d’un mythe fantastique à la sauce afro-américaine : Blacula. Crain fait d’emblée de son personnage un fils vampirique de Dracula, établissant par-là une filiation avec le personnage dont Hammer films s’est emparé une décennie auparavant. Ce qui explique la teneur très hammerienne de l’introduction du film, qui voit ainsi Dracula baptiser de sa malédiction (et de son nom) le prince Mamuwalde. L’essentiel du film se passe cependant dans les années 70 à Los Angeles, deux antiquaires ayant décidé d’acheter les différentes trouvailles faites dans la demeure de Dracula.
Si les effets spéciaux ne sont pas des plus réussis (les vampires de la Hammer, à la même époque, étaient nettement plus convaincants, notamment au niveau du maquillage), Craine offre cependant au téléspectateur un film sympathique, servi par une bande originale signée Gene Page, funky et pour le moins typé 70. Le film est ainsi indubitablement ancré dans son époque et le genre dont il est un des exemples les plus marquant. Les lieux mis en scène (clubs de Los Angeles notamment), le look des personnages (la coupe afro est de rigueur) tout cela intègre sans doute possible le film dans la blaxploitation.
Si le lien avec Dracula est établit dès les premières minutes (et après, Blacula finissant par endosser une des capes du comte), Crain choisit de donner à son vampire un look pour le moins original, l’affublant d’immenses sourcils, de grosses moustaches (pas forcément bien collées) et de favoris qui le feraient presque passer pour un loup-garou. En bon vampire, Blacula ne supporte par ailleurs pas la lumière du soleil, ni les flash photographiques (son image ne s’imprimant par ailleurs pas sur la pellicule). Un pieu enfoncé en plein coeur semble également une méthode efficace pour annihiler définitivement un vampire. La morsure du vampire est contagieuse, en cela qu’il suffit d’être mordu pour se transformer, à terme, en vampire. Enfin, Blacula semble être obligé de reposer dans son propre cercueil.
Un film original, relecture à la sauce blaxploitation du mythe du vampire. Il s’avère cependant que l’ensemble à plutôt (mal) vieilli, et se regarde presque comme un nanard.
Bonjour,
j’ai trouvé votre critique sur BLACULA (W.Crain 1972) pertinente et d’autant plus intéressante que les critiques sur ce film sont rares ; cependant, j’ai détesté le film : une daube à la sauce yankee flinguant une idée à la base originale et attrayante pour en faire une pantalonnade bien vulgaire et surtout bien disco (on aura donc absolument TOUT vu !).
Un détail bien lourd qui apparemment ne vous a pas interpellé, vous qui semblez adorer l’homosexualité quand elle est lesbienne : ce film est abusivement homophobe avec une insistance haineuse bien appuyée à l’endroit des hommes, montrés par Crain comme des caricatures ambulantes… j’avais cru comprendre que le vampirisme était à l’origine bisexuel dans le sens exact du terme, dogme qui a l’air de terrifier les producteurs/réalisateurs, William Crain en tête. Les Américains ne comprendront jamais rien au vampirisme, quant à vous, je ne sais pas trop quoi en penser — on verra.