David Norliss prend contact avec Sanford Evans, son éditeur. Ce dernier attend depuis plusieurs mois maintenant le prochain projet de son auteur : un ouvrage dans lequel David révèle les faux semblants du monde de l’occulte : les tromperies des médiums et autres manifestations paranormales y sont ainsi dévoilées. Mais l’écrivain ne parvient pas à commencer à rédiger son livre, pour lequel il a procédé à de nombreux enregistrements au magnétophone. Quand il cesse totalement de donner signe de vie, Evans se décide à aller vérifier par lui-même comment se porte son ami. Norliss semble bel et bien avoir disparu : ne subsiste de lui que les cassettes de ses enregistrements. Quand il commence à les écouter, l’éditeur va découvrir la dernière affaire sur laquelle travaillait son poulain.
The Norliss Tapes a beau être un téléfilm, produit par et pour CBS, il s’agit d’un autre apport de Dan Curtis, l’incontournable créateur de Dark Shadows, à la figure du vampire. En 1973, la série en question était achevée depuis deux ans, et le réalisateur-producteur avait déjà complété celle-ci de deux longs-métrages, sortis en 1970 et 1971. Mais il avait également contribué à poser les bases de la série Kolchak, en produisant le premier film en 1971, puis réalisant en 1973 le second volet mettant en scène le personnage de Carl Kolchak. Quelque part, The Norliss Tapes est à la croisée des chemins entre ces deux travaux marquant du réalisateur : il emprunte à sa série emblématique l’idée d’une bâtisse ancienne qui dissimule des secrets du passé, et à ses deux films l’idée d’un enquêteur du surnaturel, dont l’incrédulité va être mise à mal.
Le film ne brille pas franchement par ses effets spéciaux, qui restent assez sommaire, à commencer par le travail sur le personnage de l’immortel James Cort (lequel partage avec le Barlow du Salem de Hopper une couleur de peau bleuâtre et un regard animal, teinté de jaune). Pour autant, le recours au récit enchâssé (c’est lorsqu’Evans lance la lecture de la première K7 que l’histoire commence réellement) pose d’emblée l’ambiance. Roy Thinnes, acteur bien connu de la série Les Envahisseurs (c’est lui LE David Vincent) se démène comme un beau diable dans le rôle de l’enquêteur. A noter qu’on le trouvera également au casting de la série remake de Dark Shadows en 1991, dans le rôle de Roger Collins.
L’ambiance tient également à l’ancrage contemporain de l’histoire, qui se déroule dans la Californie des années 70. Il s’agit donc encore là d’une remise au goût du jour de la figure du vampire, même si le scénariste et le réalisateur jouent sur les codes traditionnels. La maison où se déroule l’essentiel de l’intrigue rappelle fortement Collinwood (d’autant qu’il y a là aussi une dépendance dont l’importance pour le récit est cruciale), et l’un des lieux emblématique est la crypte où a été enterré Cort. S’agissant du pilote d’une série qui n’a pas vu le jour, la fin est en queue de poisson, les personnages un peu trop caricaturaux (les policiers en tête), et certains ressorts d’intrigues s’emboitent mal : il y a donc beaucoup de faiblesses à l’ensemble.
La partie vampirique est relativement originale. Cort n’est pas un vampire traditionnel : son immortalité est assurée par une bague en forme de scarabée, qui a été enterré à son doigt. Se sachant condamné, le sculpteur s’est en effet intéressé au surnaturel dans l’idée de vaincre la mort. On découvrira que pour que son immortalité soit complète, il doit créer, en utilisant le sang de ses victimes, une statue à l’effigie d’un démon nommé Sargoth. La glaise qui sert à créer l’entité est à cet égard composé d’un mélange de sang et de glaise. Cross prélève cependant le sang à l’image du vampire traditionnel : directement à la gorge de ses victimes, qu’il laisse exsangue derrière lui. Il est en outre doué d’une force surhumaine, mais ne peut se déplacer que la nuit tombée. Le jour, il repose dans son cercueil. Enfin, il a physiquement l’apparence d’un cadavre animé.
Un long-métrage qui a les défauts habituels des téléfilms de son époque : peu de moyens, donc des effets spéciaux un peu limités et des acteurs pas toujours très convaincants (sauf Thinnes, qui tient la vedette). Le statut de pilote de série avortée joue également sur la chute, qui appelait une suite jamais tournée. Pour autant, le savoir-faire de Dan Curtis paye une fois de plus, et l’ensemble reste plaisant à regarder, même si les habitués du producteur-réalisateur reconnaîtront des éléments de scénario puisé sur d’autres projets du même. A noter que le scénariste n’est autre que William F. Nolan, qui officiera quelques années plus tard sur le Burnt Offering de Dan Curtis.