La famille Rolfe répond à une annonce et se retrouve chargé de l’entretien d’une grande maison victorienne pendant toute la durée des vacances estivales. Arnold et Roz Allardyce, les propriétaires, ne leur demande, en sus d’un loyer relativement faible, que deux choses : entretenir la maison, et s’occuper de porter à manger à leur mère, qui vit isolée dans une pièce de l’étage. Marian Rolfe accepte de s’occuper seule de cette partie du contrat, tandis que son mari Ben l’aide à remettre les lieux en état, aidé de leur jeune fils, David. Tous trois sont accompagnés par tante Elizabeth, une parente de Ben. Rapidement, des événements étranges surviennent : Ben manque de noyer son fils dans la piscine, et Marian semble se couper du reste de sa famille, ne s’intéressant qu’à la vieille dame dont elle a la charge… et que personne n’a vu.
Quand j’ai décidé de me procurer ce film (loué soit Metaluna pour la commande) c’est bien évidemment pour son réalisateur, Dan Curtis. Dark Shadows (la série originale), The Night Stalker (film à la base de la série Dossiers Brûlants), Dracula et ses femmes vampires (en Vo Bram Stoker‘s Dracula), les oeuvres autour de la figure du vampire sur lesquelles a travaillé le réalisateur et producteur restent aujourd’hui des jalons importants pour qui s’intéresse à l’évolution de la figure du vampire. Et contre toute attente, Burnt Offering (Trauma pour son titre en France) intègre des éléments vampiriques relativement originaux.
L’ambiance du film est une belle réussite. Tout se déroule sur la propriété dans laquelle les Rolfe acceptent de prendre leurs quartiers d’été: a aucun moment, la caméra ou les protagonistes ne quitteront les lieux. Les cadrages appuient comme il se doit l’impression de claustrophobie qui finit par se dégager des pièces qui composent la maison. Alors que cette dernière semble immense, on en verra au final surtout des couloirs, et une pièce centrale : le boudoir situé devant la chambre de Mme Allardyce mère. Le réalisateur joue également des codes du genre, en mettant en scène le cimetière du domaine et les angoisses morbides du père, hanté par l’enterrement de sa mère (et un chauffeur au sourire particulièrement effrayant).
L’ensemble est très bien joué. Karen Black campe une Marian Rolfe qui se coupe peu à peu des siens, et semble succomber au pouvoir de la maison. A noter que l’actrice a joué plusieurs fois pour Curtis, et a eu une carrière sur plusieurs décennies (elle a aussi joué dans House of 1000 Corpses de Rob Zombie). Oliver Reed joue quant à lui le personnage de Ben Rolf. L’acteur a droit à plusieurs scènes relativement convaincantes au niveau de son jeu, notamment celle où il tente de noyer son fils et celle où il se retrouve aux côtés de sa tante, dans la chambre de cette dernière. Mais là aussi, l’acteur n’est pas un débutant, ayant joué (parmi une filmographie très dense) plusieurs fois pour Terence Fisher et Ken Russel (il joue notamment Urbain Grandier dans The Devils). Le reste du casting est loin d’être confié à des acteurs de secondes zones, étant donné la présence de Bette Davis (la tante Elizabeth, l’actrice ayant eu un prix d’interprétation en tant que meilleur second rôle féminin) et Burgess Meredith (Arnold Allardyce).
Le pitch et de nombreux ressorts d’intrigues font avant tout de ce long-métrage une histoire de maison hantée (ou de possession). Mais la relation entre ce qui se passe dans la maison et l’aspect de celle-ci tend à faire de la demeure ancienne une sorte de vampire qui s’abreuve de la vie de ceux qui y vivent. Si cet aspect des choses ne se révèle que progressivement, on comprend néanmoins que la maison se nourrit de l’énergie que dégage ceux qui y vivent, ceux-ci (à l’instar de la tante Elizabeth) dépérissant au fil des jours.
Dan Curtis démontre avec ce film qu’on peut s’affranchir des codes du film de vampire classique en le mâtinant avec d’autres approches du surnaturel (ici le film de maison hantée), pour un résultat très original. L’ensemble tiens aussi beaucoup sur le jeu des acteurs, très convainquant, et sur la mise en scène. A noter que le scénario se base sur un roman éponyme de Robert Marasco (traduit en français sous le titre Notre vénérée chérie). A noter qu’en français burnt offering fait référence à un holocauste, c’est à dire un sacrifice rituel durant lequel l’offrande doit être consumée. Pour ceux qui voudraient voir le film, il est à noter qu’il existe un DVD américain avec sous-titres US aujourd’hui difficile à dénicher. En Bluray, il convient de se rabattre sur l’édition de chez Arrow Films, qui contient des sous-titres anglais et regorge de bonus (comme toujours avec cet éditeur).