A Londres, à l’orée du cimetière de Highgate, Danglard et Camille font une macabre découverte : dix-neuf paires de chaussures et, dans chacune de ces chaussures, un pied. Un pied coupé. Dans un pavillon de la banlieue parisienne, Adamsberg et Retancourt se trouvent face au massacre le plus bestial de leurs carrières pourtant bien remplies : un corps découpé en tellement de morceaux qu’il n’en reste littéralement plus rien. Comme dit l’homologue autrichien d’Adamsberg, le type qui a fait ça, c’est un Zerquetscher, une sorte d’écrabouilleur. Celui-ci semble poursuivre une vengeance vieille de trois siècles…
Après avoir lu il y a quelques semaines le roman du même nom, je suis enfin parvenu à jeter un œil à cette adaptation au format téléfilm, 5e d’une série consacrée aux romans de de Fred Vargas. J’avais certes quelques doutes avant visionnage, les séries françaises ne parvenant quasi-jamais à captiver mon attention, trop ancrée dans des archétypes qui ont fait leur temps (ce que nous pouvons appeler le syndrome Navarro-Lescaut-Moulin). Pour le coup, le téléfilm parvient à proposer une adaptation assez réussie, sans pour autant être du niveau du texte original.
La réalisation est assez efficace, les différents lieux où se déroulent l’intrigue sont relativement convainquanst, qu’ils s’agisse de Highgate, de la maison de Vaudel ou du village de Kisilova. La lumière est intelligemment utilisée, notamment dans la scène ou Adamsberg se retrouve prisonnier. A part quelques ajustements, notamment l’introduction des deux meurtres, et le deux ex-machina en Serbie, la trame est fidèle. Le spectateur affrontera ainsi la fraîcheur du cimetière de Highgate aux côtés d’un Danglard assez réussi (aussi cultivé et réfléchi que dans la série de romans), et découvrira dans le même temps les restes du cadavre de Vaudel aux côtés du commissaire Adamsberg, retenu en France pour une histoire… de chat. La psychologie des personnages est assez conforme à l’idée que les connaisseurs de l’univers de Fred Vargas avaient pu s’en faire, avec une mention spéciale à Retancourt et à Emile, même si le rôle de celui-ci a été bien réduit.
L’équipe du commissaire Danglard se retrouve donc plongé au milieu d’une lutte centenaire entre deux familles : les Pologojovitz, suspecté d’être des vampires, et les Paole, une famille de chasseur maudite par Peter Plogojovitz et sa descendance. On s’aventure donc aux sources du mythe du vampire, ces deux noms étant liés aux premier cas de vampirisme recensés (et sur lesquels on dispose de rapports médicaux). Par la bouche d’un vieillard de Kisilova (Kiseljevo en serbe), Adamsberg apprendra ainsi les différences entre les vampires que le cinéma a popularisé, et le folklore local, qui a des techniques bien différentes pour mettre un terme à l’existence des buveurs de sang. Le commissaire découvrira également Le lieu incertain, une clairière à l’écart de tout qui abrite la tombe de Peter Plogojovitz, et que les locaux évitent à tout prix.
Une adaptation sympathique du très bon roman de Fred Vargas, qui simplifie quelque peu la trame mais n’en propose pas moins une adaptation correcte du roman. Pas indispensable, mais pour une fois que la télévision française propose quelque chose de pas trop mal fichu, ça serait dommage de s’en priver.