Plusieurs mois se sont passés depuis que Dracula a été tué par Alucard, Trevor Belmont et Sypha Belnades. Resté seul pour protéger le château de son père et les secrets des Belmont, Alucard prend sous son aile deux anciens esclaves de vampires. De leur côté, Trevor et Sypha parviennent à Lindenfeld, une petite ville. Le prieuré local semble corrompu par une puissance démoniaque, et le Juge qui à la charge de la bourgade peine à comprendre ce dont il retourne. Carmilla, quant à elle, à atteint la Styrie, avec Hector comme prisonnier. Elle entend bien profiter des capacités de celui-ci pour asservir ce qui reste de la Valachie, avec l’aide des trois autres femmes avec qui elle partage le pouvoir. Isaac, enfin, est lancé sur les traces d’Hector, bien décidé à lui faire payer sa traîtrise contre Dracula.
Cette troisième saison de Castelvania débute alors que les différents protagonistes qui étaient impliqués dans l’attaque du château de Dracula se sont séparés. Le rêve d’exterminer la race humaine du comte s’est soldé par sa mort, trahi autant par les siens que par des humains qui sont parvenus à lui tenir tête. Pour autant, l’histoire ne s’arrête pas là. Dracula laisse derrière lui de nombreuses créatures incontrôlables que traquent sans relâche Sypha et Belmont. Alucard s’est isolé, hanté par son parricide. Et de l’autre côté, Carmilla espère profiter de la débâcle pour asservir les restes du pays et constituer pour elle et ses « sœurs » un garde-manger intarissable. C’est donc une saison transitoire, où chacun essaie de se reconstruire, de se trouver une place dans ce monde en cendres. En couple (Trevor et Sypha), en groupe (Carmilla), ou seul pour expier (Alucard) ou pour prendre sa revanche (Isaac).
Une fois de plus, les scénaristes prouvent que personne n’est ni tout blanc, ni tout noir. Les religieux sont présentés comme des illuminés incapables d’assumer leurs fautes passées. Et même ceux qu’on pourrait croire irréprochables (Le Juge) révéleront leurs lourds secrets. Lamia, quatrième vampire à partager le pouvoir avec Carmilla, se montre aussi belle que machiavélique, et autant sinon plus dangereuse que sa « sœur ». Le récit fait également intervenir le comte de Saint-Germain, personnage mystérieux versé dans les arts magiques. S’il aide Belmont et Sypha à mettre un terme aux plans de Sala, il n’en demeure pas moins un être motivé par ses seuls objectifs. C’est parce que son ambition de pénétrer le Corridor infini recoupe la nécessité d’investir le prieuré qu’il s’impliquera finalement en fin de saison.
La mythologie vampirique de la série est à nouveau approfondie dans cette saison. Des échanges entre Lenore et Hector, on comprend que la magie que possèdent les vampires repose pour beaucoup sur la science. Ce qui permet de souligner l’opposition entre l’obscurantisme religieux et cette dernière. Le quatuor formé par Carmilla, Lenore, Morana et Striga ne manque également pas d’intérêt. Le petit groupe règne en sororité sur la Styrie, matérialisant un pouvoir politique inattendu. L’autre protagoniste vampirique de cette saison, c’est bien Alucard. Reclus, celui-ci va voir son quotidien perturbé par l’arrivée d’un duo décidé à apprendre comment chasser les vampires. Le dhampire pense un temps avoir trouvé une sorte d’équilibre, voire d’amour). La fin montrera le personnage flirter avec l’héritage familial.
Cette troisième saison de Castlevania ne démérite aucunement vis-à-vis des deux précédentes. Les auteurs puisent dans l’univers des jeux vidéo [ref] https://www.theverge.com/2020/3/6/21166209/warren-ellis-castlevania-netflix-season-3-kevin-kolde-interview[/ref], mais ils s’en détachent davantage que dans les arcs antérieurs, aboutissant à une œuvre indépendante, même si toujours référencée. Et si les quatre trames évoluent en parallèle, elles ont toutes leurs moments de folie et leur lenteur. Mais c’est aussi parce que les scénaristes prennent le temps de faire respirer leurs protagonistes, et les voir s’interroger sur leurs actes et leur devenir.