Dans une petite ville du far-west, plusieurs jeunes femmes sont retrouvées mystérieusement exsangues. Le pasteur et le médecin locaux ne parviennent pas à comprendre l’origine de ce mal étrange. Mais le docteur Carter a également d’autres soucis, car Buffer, le propriétaire du ranch voisin n’a de cesse qu’il ne mette la main sur ses terres. Mais la situation prend un tournant critique quand John Carter est retrouvé lui aussi sans vie, une morsure à la gorge.
Alors que Hammer Films triomphe tout juste avec ses Frankenstein et Dracula, Universal essaie à la même époque de revenir dans la course du film d’horreur, en jouant la carte du mash-up. Dans les griffes du vampire est ainsi le premier film à mélanger western et cinéma fantastique, deux genres qu’on pourrait penser difficilement conciliables (la plupart – voire la totalité – des films qu’on peut ranger dans ce giron ne sont pas d’une grande qualité scénaristique). Pourtant, le film de Dein, s’il n’est pas pour autant un chef d’œuvre, tire plutôt bien son épingle du jeu.
Co-scénarisé par le réalisateur et sa femme, le film assume dès la première scène son côté fantastique, en amenant le spectateur au sujet d’une jeune fille victime d’une mystérieuse anémie. Alors qu’on la croit sauvée, elle finit par décéder, au moment où ses proches, le médecin local et le pasteur discutent dans la pièce d’à côté. Une scène classique du cinéma vampirique qui tranche avec la suite, laquelle nous ramène aux problèmes plus tangibles des rivalités entre propriétaires terriens. Et la grande force du film, ça va être justement de mêler les deux aspects, de manière à assurer une certaine cohérence à l’ensemble et ne pas tomber dans le grotesque.
Tout n’est certes pas parfait. La réalisation ne brille pas par son originalité. Dein colle au plus près à la représentation cinématographique des deux genres, sans innover. Et tous les acteurs ne sont pas au top (notamment les petites rôles, qui cabotinent un peu), même si les acteurs principaux sont assez convaincants.
La partie vampirique du film colle à la fois aux caractéristiques classiques du mythe mais possède sa part d’originalité. Ainsi le vampire ne craint pas ici la lumière du soleil, même s’il préfère se reposer dans un cercueil durant la journée. S’il ne craint pas les balles, il n’en reste pas moins sensible aux artefacts religieux. Et bien évidemment, il doit s’abreuver de sang pour survivre, sang qu’il préfère ponctionner à la gorge de jeunes femmes. Enfin, il est intéressant de constater que ledit vampire est lui-même à la base de sa propre condition, ayant choisit le suicide comme manière de mourir. Une idée peu exploitée habituellement.
Un film assez sympathique, ce qui est plutôt surprenant compte tenu de l’aspect souvent bancal de ce genre de mélange des genres. On n’est certes pas face au film du siècle, mais plutôt face à une série B efficace qui sait tirer profit du meilleur des deux genres pour proposer sa propre ambiance.