Le réalisateur de Hellboy et Le labyrinthe de Pan s’attaque au mythe du vampire en le modernisant. Belle tentative, mais ratée par pêché de jeunesse…
Cronos conte les mésaventures d’un antiquaire espagnol, Jesus Gris, qui trouve par hasard dans ses vieilleries une statue ayant auparavant appartenu à un alchimiste ayant vécu 500 ans… ladite statue renferme un étrange boîtier doré, duquel sortent des extensions métalliques ressemblant étrangement à des pattes et un dard, faisant ressembler l’objet à un gros insecte inquiétant. D’autant plus inquiétant que lorsque le dard s’enfonce dans la chair de Jesus, il ressent une grande euphorie, et même… une nouvelle jeunesse. Aidé de sa petite-fille, Aurore, il va essayer d’échapper au harcèlement de Dieter de la Guardia, un riche industriel, et de sa brute de neveu, Angel. Prisonnier du pouvoir du boîtier, Jesus se met même à lécher du sang quand il en voit… Quelle va être l’issue ?
Le gros défaut de Cronos est d’avoir été fait trop tôt par Del Toro. Produit en 1993, alors que le cinéaste n’avait pas encore 30 ans, il souffre de beaucoup de défauts inhérents à la jeunesse. Cadrages mal maîtrisés, direction d’acteurs parfois un peu défaillante, écriture incomplète… Pourtant les acteurs sont loin d’être mauvais, comme Ron Perlman, futur Hellboy, dans le rôle d’Angel de la Guardia. Le sujet est intéressant, original, et avec de meilleurs moyens et un scénariste plus chevronné, cela aurait pu donner une vraie bonne histoire dans un bon film.
Ainsi l’implication « vie éternelle » de la malédiction qui frappe Jesus aurait pu être mieux explicitée, alors qu’elle n’est qu’évoquée dans le prologue du film. Jesus aurait pu rajeunir plus visiblement… Hélas, l’aspect « cheap » du film le plombe pas mal, ce qui le rend presque irregardable au regard des standards d’aujourd’hui.
Entièrement d’accord avec cette analyse à partir de laquelle je découvre ton blog sur lequel je reviendrai souvent.
Je ne suis pas vraiment de l’avis de Spooky concernant ce film.
Autant les effets spéciaux peuvent sembler un peu dépassés aujourd’hui (notamment dans la transformation progressive de Jésus Gris), autant les acteurs sont on ne peut plus convaincant, et la réalisation sans faille, nous plongeant avec délectation dans la lente descente aux enfers du héros.
La manière dont le mythe est abordé sort des sentiers battus, et offre une variation originale, sous le signe de l’alchimie et des mystères de la nature. Du vampire archétypique, la créature en laquelle se transforme peu à peu Jésus Gris ne conserve que l’extrême résistance et longévéité, le goût du sang et l’impossibilité d’être exposé sans douleurs aux rayons du soleil.
Le réalisateur nous offre, par delà cette variation sur le mythe du vampire, une parabole biblique sur la vie éternelle et ses tourments. Biblique, c’est en effet le mot, car le nom du héros à une phonétique très proche de celle du messie des chrétiens, et le moment où cette similitude apparaît n’est sans doute pas fortuite.
Au final, voilà un film original, bien construit et bien joué qui ne souffre (s’il afut lui trouver un défaut) que de l’âge de ses effets spéciaux, qui ont un tantinet vieilli. Mais pas de quoi porter ombrage à ses qualités intrinsèques.
Je suis entièrement de l’avis de Vlad. L’originalité de l’intrigue, la continuité progressive mais sans lenteur de l’histoire, le jeu des acteurs (et notamment de la petite fille, quelle actrice!) m’ont complètement charmés.
Le petit trait d’humour noir du maquilleur de mort permet de respirer un peu au milieu d’une intrigue plutôt angoissante pour finalement arriver à une fin empreinte de tristesse et d’émotion.
Concernant la remarque sur les effets spéciaux, je trouve que le maquillage fait déjà bien son office, la mutation de Jesus étant du plus bel effet, notamment lorsqu’il enlève sa peau morte pour laisser découvrir sa peau…morte aussi! 😉
Au final, je pense que c’est vraiment un film à voir.
La filmographie de M. Del Toro est excellente, hors norme, et d’un esthétisme rare . Il mèle la poésie et l’horreur avec un talent "monstrueux" !
Sans les a priori de l’expérience, l’horrible et l’innacceptable ne signifient plus rien !J’ai adoré ce film qui se passe de toute fioriture moderne , son côté imparfait colle au caractère innocent des personnages !