Atteint depuis l’enfance par une maladie génétique du sang, Michael Morbius est devenu un scientifique de renom. Subventionné par son ami Milo, qui a la même pathologie, il cherche depuis des années un remède à leur mal. Après avoir capturé une colonie de chauves-souris vampires au Costa Rica, Michael pense que la solution pourrait résider dans le sang de ces animaux. Alors qu’il organise une expérience en dehors des eaux américaines, compte tenu des problèmes de légalité inhérents à ce qu’il envisage, il s’inocule un sérum de sa composition. Mais tout ne se passe pas comme prévu : si les symptômes de la maladie qui le ronge ont disparu, il doit désormais faire face au besoin de boire du sang.
En 1971, alors que le Comics Code connaît un premier assouplissement, Morbius est le premier vampire à intégrer les univers de Marvel. Il s’agit initialement d’un antagoniste de Spider-Man, le personnage faisant sa première irruption dans The Amazing Spider-Man #101. Jusque-là, Morbius n’avait pas été porté à l’écran, même si le protagoniste apparaissait (dans une scène coupée au montage final) dans le Blade (1998) de Stephen Norrington. On l’a également vu dans le sixième épisode de la série animée Spider-Man : The Animated Series (1994). Le métrage de Daniel Espinosa a été annoncé dès 2017, en lien avec un univers partagé autour de Spider-Man, avec Sony à la tête. Alors que Jared Leto s’est montré attaché assez tôt au projet, plusieurs réalisateurs sont envisagés, avant que Daniel Espinosa ne prenne les rênes. Ce dernier est un des poulains de Sony, pour qui il vient de tourner Life (2017).
Le film a été descendu par la critique, et à le voir on ne peut qu’abonder dans le même sens. Les acteurs font le minimum syndical, les effets numériques peu convaincants, quand il est possible de les distinguer dans la photographie très sombre de l’ensemble. Si l’on rajoute quelques tentatives gothiques disséminées ci-et-là, on évite difficilement le parallèle avec Daredevil (2003). La trame mêle la genèse de Morbius avec un nouvel antagoniste de circonstance, l’ami d’enfance du personnage, campé par Matt Smith. Ce dernier est le seul acteur à sortir un peu du lot, face à la transparence, le peu d’expressivité et les dialogues vides. On retrouve le thème du savant fou, qui colle depuis les débuts du protagoniste à son histoire. Morbius, qui vit depuis son plus jeune âge avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, se résout à toutes les extrémités pour trouver une solution à la maladie du sang dont il est atteint. Reste qu’il comprend un peu trop tard que ses choix ont des conséquences auxquelles il va devoir faire face.
Le film distille quelques allusions à Dracula et à ses avatars. Le bateau où Morbius réalise son expérience est ainsi le Murnau, réalisateur de Nosferatu (1922). Dracula est également mentionné dans une discussion avec la scientifique dont il a fini par tomber amoureux. D’autres personnages rappellent l’existence du vampire de fiction, que ce soit l’un des policiers qui produit de l’eau bénite, ou Morbius qui effectue des recherches sur sa condition. Cette dernière lui offre des capacités décuplées : il peut se mouvoir à une vitesse surhumaine, possède une force et des sens surdéveloppés. Il peut se dématérialiser en nuées de chauves-souris pour se déplacer, et est doté d’un pouvoir d’écholocation. En contrepartie, il doit s’abreuver de sang. Le sang synthétique qu’il a aidé à créer lui sert un temps de palliatif, mais il comprend rapidement que les effets sont limités. Le sang humain fonctionne mieux, mais il exacerbe sa violence.
Un film raté, sans réelle proposition intéressante. Une absence de scénario, des acteurs qui font le minimum syndical, des dialogues plats… Pas grand-chose à sauver de ce naufrage.