Le film de Terence Fisher, sorti plus de 20 ans après le Dracula de Tod Browning, donne un coup de fouet au cinéma fantastique et donne à la Hammer ses lettres de noblesses, porté par le face à face entre deux acteurs qui allaient devenir les faire valoir du studio : Peter Cushing et Christopher Lee.
Le film nous raconte donc l’histoire de Jonathan Harker, qui se présente en tant que bibliothécaire au château du comte Dracula. Il y fait la rencontre d’une troublante jeune femme qui le supplie de l’aider à fuir le château, car elle y est la prisonnière du comte. Harker accepte, car la raison de sa venue réelle au château est en fait de mettre un terme aux exactions du comte. Mais la vengeance de celui-ci sera terrible…
Fisher nous propose donc ici une adaptation très libre du roman de Bram Stoker, se jouant des relations entre les personnages et faisant de Holmwood et Van Helsing les vrais héros de son film. Et cette grande liberté avec l’œuvre originale est plutôt bien vue, car Fischer parvient à donner un souffle gothique à son film, aidé en cela par les prestations sans faille de Christopher Lee et Peter Cushing, qui endossent à merveille les rôles de Dracula et Van Helsing. Pas de surprises avec les caractéristiques vampiriques présentes dans le film, le soleil, l’ail et les crucifix représentant ici des armes efficaces, et la mort des vampire passant forcément par l’exécution au pal.
L’intérêt principal de ce film vient à n’en pas douter de l’atmosphère qui y est distillé, qui en fait un petit bijou du cinéma fantastique. Les décors sont superbes (notamment le château de Dracula), la photographie et le grain de l’image tout autant, le tout pour un résultat final qui porte la patte de la Hammer et transpirera sur tous les leurs films à venir.
Au final un film qui a fait date dans l’histoire du cinéma vampirique et représente la clé de voûte de Hammer Films. Indispensable.
Mon addiction aux vampires a commencé très jeune, avec les Bela Lugosi, Christopher Lee et tout un tas de films classiques du vampirisme et depuis, malgré mon âge (!), ça continue. Mais je n’apprécie pas tout, dans ce genre parfois trop gore, je reste plutôt dans le romantisme très victorien ; Dracula de Coppola, j’ai bien aimé, malgre des effets spèciaux un peu trop oufs !
Même si à mon sens « Nosferatu » de Murnau et « Dracula » de Browning constituent les plus grands chefs-d’oeuvre du genre, le « Cauchemar de Dracula » de Fisher vient clôturer mon triptyque gagnant.
Et pourquoi (me direz-vous) le placer légèrement en deça des deux autres qualitativement parlant ?
Déjà, il arrive après.
Ensuite, les couleurs criardes de la Hammer font abominablement souffrir mes pauvres rétines.
Il faut dire que je suis un adepte du Romantisme noir, ceci explique cela.
Quant à ce qui semble être les prémices naissants d’une avalanche d’effets spéciaux (hémoglobine à gogo), je ne m’étendrais pas là-dessus.
Evitons de parler de choses fâcheuses.
De fait, si Lee est beaucoup plus conforme au Dracula de Stoker (je suis maso j’ai lu le roman deux fois), il n’en demeure pas moins que je ne vois en lui qu’un pâle avatar de Lugosi.
L’animalité et la sauvagerie du « Dracula » de Fisher sont effectivement à mettre au crédit de l’acteur Britannique.
Mais quid de l’âme du Prince des vampires ?
Restituer le côté aristocratique ne suffit pas à le doter d’une véritable « consistance ».
Tout doit se jouer dans un temps imparti très court (1h 22) dans le cas précis.
Et pour moi, le rendez-vous n’a tout simplement pas eu lieu.
C’est à ce niveau là que je me rends compte à quel point Béla Blaskó (de son vrai nom) à réussi l’impensable : imposer dans l’imaginaire collectif SA vision du personnage en se l’appropriant purement et simplement.
Il a carrément supplanté le personnage littéraire tout en le dotant d’un soupçon d’humanité.
Et par de là même, d’assurer sa postérité.
Christopher Lee à joué avec un grand talent un Dracula très fidèle à l’esprit de son créateur.
Bela Lugosi l’a incarné et rendu immortel.
Quant à Max Schreck, il évolue dans d’autres sphères, à des années lumières de nous autres, pauvres mortels.
Quoi qu’il en soit, le « Dracula » de Fisher constitue une part non négligeable de la colonne vertébrale du film de vampire.
Donc film culte.