Élevé au rang de mythe par la littérature, le vampire hante l’imaginaire des hommes depuis l’aube des temps. Depuis le début du siècle, il a également colonisé les écrans de cinéma, un moyen tout trouvé pour ne jamais se faire oublier. A travers des rencontres avec une dizaine de spécialistes du sujet, le réalisateur propose de découvrir les raisons de cet engouement sans fin pour les buveurs de sang, et pose la question de leur existence, entre réalité et fiction.
Ça faisait un moment que je voulais voir ce documentaire, réalisé à l’origine pour Ciné-Cinéma, et dont on m’a souvent vanté l’intérêt. Il faut dire que le casting des intervenants est assez prometteur, quand on se penche dessus : Jean Marigny, Alain Pozzuoli, Barbara Sadoul, Gérard Lopez, Laurent Courau, Jacques Sirgent, Edouard Brasey, Jean-Jacques Beineix… même si on n’adhère pas forcément aux thèses de tout ce petit monde, ça reste une concentration record pour une réalisation française du genre !
Si la mise en scène est très cheap (et cette histoire d’un vampire à la recherche de la vérité de son existence un peu caricaturale), et la réalisation pas au top, il faut avouer que l’ensemble des interventions cristallise l’intérêt du documentaire de 55 minutes, qui offre une exploration intéressante des différents visages du vampire, notamment son évolution en littérature et au cinéma, et des raisons de notre attirance pour la créature. Chacun apporte sa pierre à l’édifice par sa zone d’expertise, qui voit donc universitaire, psychiatre, documentariste, traducteurs, biographes et auteurs se succéder dans ce balayage assez complet du vampire depuis son avènement fin XIXè s.
Représentation de l’autre par essence, métaphore des tabous, peurs (vis à vis de l’étranger, du SIDA…) et désirs (l’aspect séducteur, voire sexuel, de la créature) de l’être humain, le vampire est également, comme le rappelle Jean Marigny une véritable auberge espagnole : on peut y apporter ce qu’on veut. Mais c’est avant tout une créature qui évolue, et sait s’adapter à la société, dans le but d’assouvir ses instincts : se nourrir pour perpétuer son existence.
Un documentaire dont la trame générale est certes caricaturale, et la réalisation pas toujours au mieux, mais dont le fond s’avère particulièrement intéressant pour qui s’intéresse à l’évolution du vampire depuis qu’il a conquis la littérature et le cinéma, devenant un icône de la pop-culture.