Au XVIIIe siècle, dans l’humble maison isolée d’une famille serbe. Alors que l’envahisseur turc menace, les villageois décide de faire front et de mener une résistance. Le père et le frère quitte donc le foyer, laissant derrière eu la mère, le petit frère et la sœur, une jeune fille au regard vairon. Le père engage sa famille à ne pas en appeler à leur nom ou leur personne avant une dizaine de jours, dans le cas où ils devaient ne pas revenir. Car sinon, les défunts pourraient revenir s’attaquer à leurs proches.
Aborder le mythe du vampire via ses racines folkloriques est quelque chose d’assez rare au cinéma. La Serbie s’est déjà illustrée une fois dans le genre, avec Leptirica, adaptation du After Ninety Years de Milovan Glišić. Emilija Gasic s’intéresse ici aux croyances des campagnes serbes du XVIIIe siècle, où la peur du retour des morts est particulièrement forte, parmi d’autres superstitions qui s’entrecroisent dans le quotidien des villageois (le regard vairon de l’héroïne, qui ne trouve pas sa place, car rejetée à cause de cela par les siens comme par la société humaine, en est une manifestation assez symptomatique).
Le jeu des acteurs est particulièrement sobre mais pour autant d’un bon niveau, surtout pour une travail d’étudiant. La mise en scène, quant à elle, joue sur les cadrages et les non dits pour suggérer les événements plus que les montrer réellement à l’écran (sans doute également par un souci d’économie de moyens, mais servant pour autant la cohérence et l’ambiance).
Le vampirisme est un sous-tendu du récit, qui devient prégnant dans le dernier tiers du court-métrage. L’histoire se déroule à une époque où le quotidien des vivants est rythmé par leurs croyances, et la peur de voir les vivants sortir de leur tombe pour harceler leurs proches encore en vie. On est donc autrement plus proche des textes de Ranft et Calmet que du Dracula de Bram Stoker. L’essentiel tournant autour de cette nécessité de ne pas prononcer à haute voix, sur une période donnée, le nom de ceux qui sont passés de vie à trépas. Et si l’essentiel de l’histoire se déroule durant la journée, c’est à la faveur de la nuit qu’elle trouvera sa conclusion… et les personnages leur destin face à la menace qui est dans leurs murs.
Un court-métrage chaudement recommandé, qui s’essaie sans artifice à retranscrire l’époque où la peur des vampires était bien réelle, dans des lieux où le terme même semble avoir fait son apparition. Une très belle découverte, qui mériterait de se faire connaître.