Dracula the vampire and the Voivode est un documentaire réalisé en collaboration avec la Transylvanian Society of Dracula. En explorant les différents aspects du mythe, depuis la genèse du roman de Stoker jusqu’aux forêts de Transylvanie et à la figure de Vlad Tepes, l’objectif de cette production est avant tout de dissocier le personnage historique et a contrepartie fictive. Une différenciation que livres et films ont contribué à gommer ces 40 dernières années.
Si Bram Stoker a sans nul doute emprunté le nom de son personnage au voivode roumain, c’est à partir du A la recherche de Dracula de Raymond McNally et Radu Florescu que l’amalgame entre les deux personnages a réellement pris forme, confirmé quelques années plus tard par des films comme celui de Coppola qui imposèrent le personnage historique comme un vampire.
La première étape du documentaire va être de plonger le spectateur dans l’époque et la vie de Bram Stoker, et revenir sur ses sources d’inspirations, depuis les récits fantastiques que lui narraient sa mère durant ses jeunes années sur certaines anecdotes et rencontres qui ont sans doute contribué à la création du comte vampire. Une véritable plongée dans l’Angleterre victorienne, qui nous conduit de Clontarf à Londres, en passant par Dublin, finissant par l’inévitable Whitby, ou une majeure partie du roman se déroule. Certaines influences peu connues du roman (que ce soit au niveau du nom de certains personnages, des endroits remarquables qu’a visité Stoker,…) sont ainsi peu à peu abordées, contribuant à lever le voile sur les secrets du roman, sans pour autant lui retirer sa magie fantastique. Car Dracula est une œuvre à part, un incroyable bestseller depuis plus d’un siècle.
Les sources anglaises du roman parcourues, c’est tout naturellement en Roumanie que va nous conduire la suite du périple, à travers les forêts mystérieuses de Transylvanie. Un lieu que Stoker aura fantasmé à partir de récits de voyageurs (Emily Gerard et son Land Beyond the Forest en tête) et des paysages brumeux de son Irlande natale. Un lieu où naquit également Vlad Tepes, éminente figure de l’indépendance roumaine, réputé pour sa cruauté et ses méthodes expéditives.
Un personnage qui possède néanmoins de grandes différences avec le Dracula du roman, car la cruauté de Tepes, si elle a sans doute été amplifié par les chroniques qui nous sont parvenues, n’en fait pas pour autant un vampire. Le réalisateur n’oublies pas également d’aborder la figure roumaine du vampire, et ses différences avec le vampire de fiction qu’on connaît aujourd’hui. A noter également un panorama des différents lieux où pourrait être enterré le Dracula historique, dont la dépouille n’a jamais été officiellement identifiée.
Si on excepte une qualité d’image assez limite, et l’absence totale de sous-titre, ce documentaire est sans doute un des plus complets et intéressants qu’il m’ait été donné de voir sur le sujet. La présence de la Transylvanian Society of Dracula, et d’experts comme Elisabeth Miller, n’y étant sans doute pas pour rien. A recommander malgré tout aux anglophones endurcis, tous les intervenants n’ayant pas un accent des plus accessibles.