Revenu au pays après une tentative avorter d’obtenir un diplôme de médecin, Vlad enquête sur une mort mystérieuse dans le village de son grand-père. Une mort qui soulève des questions sur la propriété de nombreux terrains des habitants du cru. Vlad remonte rapidement la piste jusqu’aux Tirescu, un couple d’ancien communiste qui régente les environs. Mais les Tirescu ont subit la colère des villageois, qui s’en sont débarrassés il y a quelques jours. Alors que l’Omerta règne parmi les habitants, le couple revient d’entre les morts pour se venger.
Strigoï a eu son petit succès dans de nombreux festivals européens ces derniers mois. Pas encore traduit en français, il est pour l’instant uniquement disponible en anglais. Le film prenant pour cadre un village perdu de Roumanie, j’avais été intrigue par la manière dont le réalisateur avait pu choisir d’aborder le mythe, et bien m’en a pris.
Une image crue mais efficace, des acteurs qui n’en font pas trop, mais campent à merveille leurs personnages. Le tout servant de moteur à un scénario qui tient autant d’un film d’Emir Kusturica (sans doute à travers la peinture des personnages, assez barrés dans leur genre) que d’un B-movie qui n’en ferait pas trop côté effets spéciaux. Bref, un mélange tourné vers l’efficacité, qui voit peu à peu la réalité (ou la fiction) se dévoiler aux yeux du héros.
Strigoï ne fait pas que prendre la Roumanie pour toile de fond. Il explore également ses mythes, à travers la figure du strigoï, qui donne son titre au film. Médecin raté, le héros finira par découvrir que les rituels de sa jeunesse ne sont pas que prétexte à beuverie et autre superstitions, et que les monstres des ses ancêtres existent bel et bien. Voire qu’ils peuvent prendre plusieurs visages.
Il apprendra ainsi que les Strigoï se divisent en deux ensembles : les strigoï vii, qui sont nés strigoï, mais ont besoin de sang pour survivre, et les strigoï mortii, morts-vivants revenus d’outre-tombe pour attirer à eux leurs proches et venger une mort souvent brutale et injustifiée. Insatiables, les strigoï ne se déplacent que la nuit venue, retrouvant leur tombe aux premières lueurs. Leur faim incontrôlable les poussent à se nourrir de tout ce qui leur passe sous les dents, des la nourriture humaine traditionnelle aux animaux, se tournant vers les humains s’il n’y a pu que ceux-ci sur lesquels ils peuvent se sustenter. Leur brûler le coeur, qu’on aura au préalable retiré, semble être la seule manière d’en venir à bout. Veiller un mort pour vérifier qu’il ne devient pas strigoï est également montré comme un élément important, vu que c’est une veillée de ce type qui va servir de fil conducteur au film.
Une galerie de personnage intéressante (à commencer par le grand-père du héros), des mobiles centrés autour de la soif de possession, sur fond d’un pays toujours marqué par l’occupation communiste et la main-mise de Ceaucescu. Une touche d’humour assez bien vue, qui ne fait pas pour autant tomber le film dans la pochade pour adolescent. En bref, un film d’une efficacité certaine, sorte de huit-clos autour d’un petit nombre de personnage soudé par leurs exactions.