Si Hammer Films est une société de production britannique dont la création remonte à 1934, ce n’est qu’avec les années 50 que son nom va s’imposer sur l’échiquier cinématographique mondial. Et ce basculement, elle le doit dans un premier temps à son désir de se différencier de la concurrence tout en luttant contre la menace représentée par la TV. The Quatermass Xperiment sera donc un premier jalon, celui de l’horreur. Il sera suivi par The Curse of Frankenstein, premier film de genre en couleur, puis par The Horror of Dracula, qui verra l’intégration de la touche de sensualité propre au studio. En 55 minutes, Jérôme Korkikian nous propose de découvrir les hauts et les bas de la société de production anglaise durant la deuxième partie du XXe siècle.
Terreur et glamour – Montée et déclin du studio Hammer est un documentaire sur les années horrifiques de Hammer Films, depuis ses premiers pas dans le genre jusqu’à sa chute, incapable de se renouveler face à une concurrence qui a réussi à moderniser le propos. Le métrage, qui suit de manière chronologique l’histoire du studio à partir de The Quatermass Xperiment, s’appuie sur le témoignage de spécialistes contemporains du cinéma de genre (on y croise autant Dario Argento que John Carpenter, voire Joann Sfar) , que de spécialistes du studio (Marcus Hearn, des acteurs maison comme Caroline Munroe ou Horst Janson…), sans compter des interviews et images d’époque (Ah, Christopher Lee).
L’ensemble est assez passionnant et sans langue de bois. Les intervenants louent ainsi l’influence indéniable du studio sur le cinéma de genre, mais peuvent se montrer critiques sur ses choix : opportunisme avec The Legend of the 7 Golden Vampires, ou encore The Nanny, manque de moyens sur Captain Kronos – Vampire Hunter… Tous tombent d’accord sur la double difficulté que rencontre le studio, qui entraînera son déclin : le manque de moyen après le départ des investisseurs américains, et l’incapacité à faire basculer leur épouvante dans l’époque contemporaine, à l’heure où Psycho, Night of the Living Dead ou The Exorcist vont triompher en salle. On retiendra également une citation de Marcus Hearn, historien du cinéma considéré comme l’archiviste du studio, qui pose les trois grandes caractéristiques qui définissent les productions de Hammer Films : l’épouvante, la couleur et la sensualité explicite (pour ne pas dire sexualité).
Concernant les vampire, l’accent est bien évidemment mis sur les Dracula (essentiellement Horror of Dracula, qui marque la réappropriation du personnage par le studio), mais aussi sur Captain Kronos – Vampire Hunter, tentative avortée de lancer une nouvelle saga vampirique propre à la société anglaise. Les amateurs reconnaîtront également des images de The Legend of the 7 Golden Vampires, de Countess Dracula, de la trilogie Karnstein, voire de The Vampire Circus.
Pour ceux qui voudraient avoir une vision plus claire de l’importance de Hammer Films dans l’histoire du cinéma d’épouvante, le documentaire de Jérome Korkikian est un résumé relativement bien fait. On pourrait juste regretter la mise à l’écart de la genèse du studio, ainsi que trop peu d’intervenants d’époque. Le documentaire s’attarde ainsi plus sur la chronologie que sur les réalisateurs et les acteurs, mis à part le duo Lee/Cushing (notamment). Mais l’ensemble ne manque ni de pertinence ni d’intérêt.