Alors que ses poursuivant pensent avoir enfin réussi à mettre un terme aux exactions de Dracula, ce dernier parvient à s’échapper. Le hasard le met en présence de Bellac Gordal, un artiste qui émigre vers les Etats-Unis. Dracula a tôt fait de se substituer à Gordal, et à se présenter comme tel à sa famille américaine, composée de Cora, veuve depuis quelques années, sa fille Rachel et son fils Mickey. Gordal/Dracula intègre donc la petite famille, qui peine à comprendre les mœurs étranges de ce cousin dont ils aimeraient se rapprocher.
Sorti aux Etats-Unis un mois avant le Cauchemar de Dracula de Terence Fischer, Le retour de Dracula précède donc le retour anglophone en grâce du comte. L’ambiance s’éloigne par ailleurs fortement de celle qui fera le succès de la Hammer. Car si les codes du genres sont bien présents, c’est à l’époque contemporaine que la trame prend racine. C’est d’ailleurs l’un des intérêts du film, qui s’avère rapidement être une modernisation du roman de Stoker. Dracula s’exile ici aux Etats-Unis, et s’attaque tout d’abord à la meilleure amie du personnage féminin central, laquelle est amoureuse du jeune voisin.
L’ensemble est assez agréable à regarder, même si certaines scènes sont quelques peu attendues (dont le final). Les acteurs sont relativement convainquants, notamment Francis Lederer qui joue avec une froideur palpable le personnage de Dracula. La cape cède ici le pas à un manteau aussi noir que long, qui permet de rappeler malgré tout la filiation du comte avec la chauve-souris, tout en modernisant les gimmick habituels.
Les vampires sont présentés ici comme des créatures non-mortes, auquel le sang est indispensable pour vivre. Ils ne se déplacent que le jour, retrouvant durant la nuit leur cercueil. Ils craignent par ailleurs les signes religieux (dont la croix, qui les paralyse totalement), et peuvent être détruits si on leur enfonce un pieu dans le cœur. Pour autant, il disposent de certains pouvoirs, comme celui d’hypnotiser leurs victimes. Ils peuvent, enfin, se transformer en brume ou en animal (dont le loup).
Un film qui possède des côtés prometteurs et assez innovants pour son époque (à commencer par une transposition-adaptation du roman à l’ère moderne), ainsi qu’une réalisation efficace, mais ne dépasse pas, en fin de compte, le statut du sympathique divertissement. Cinématographiquement parlant, on est très loin du Dracula de Browning ou de celui de Fischer.