Frank Kohanek est un inspecteur de police déterminé à faire tomber Julian Luna, dont il suspecte la main-mise sur une partie de l’activité criminelle de San Francisco. Mais ce qu’ignore Frank, c’est que la femme dont il est épris, Alexandra, est l’ancienne maîtresse de Julian. Le jour où elle révèle au détective qu’elle est une Kindred, une vampire qui trouve sa place dans l’un des clans qui régentent la ville, et sur lesquels règne Luna, elle signe son arrêt de mort. Non sans avoir fait jurer au Prince de la ville de garantir la protection de son amant. Au fur et à mesure de la lutte de pouvoir que se livrent les différents clans, Frank va peu à peu découvrir les rouages du fonctionnement de La Mascarade.
Kindred : The Embraced (son titre original) est une série américaine devenue culte pour les amateurs du jeu de rôle Vampire : La Mascarade, comme pour ceux qui s’intéressent au thème du vampire depuis les années 90. Car la série de 8 épisodes n’est autre qu’une tentative de porter à l’écran l’univers du jeu de rôle de White Wolf, en se concentrant sur la lutte de pouvoir que se livrent les différents clans de San Francisco. Une série qui ne dépasse pour autant pas la première saison, endeuillée par la mort tragique de son acteur principal, Mark Frankel (et par des audiences pas forcément au beau fixe), lequel campe le prince ventrue Julian Luna.
Sans pour autant être parfaite (la réalisation est très typée, et certains acteurs manquent de crédibilité, surjouant leur rôle), la série respecte avec un certain sens du détail l’univers du jeu de rôle dont elle s’inspire. Ainsi, si la violence peut être de mise entre les différents clans de vampire, c’est davantage sur le terrain des manœuvres politiques et des coups fourrés que se joue la lutte pour le statut de Prince. Notamment entre les clans Brujah et Ventrue, qui s’opposent dès le premier épisode. À noter également que le personnage de Frank Kohanek, qui permet de mettre la Mascarade sur la corde raide (les humains au courant de l’existence des Kindred ne sont pas censés rester en vie) et sert de point de départ à la série n’est pas forcément le plus intéressant, le rôle principal étant sans nul doute celui de Julian Luna. Le primogène (le chef de clan local) Ventrue, partagé entre son attirance pour l’humanité (à commencer par la journaliste Caitlin Byrne) et sa position de prince de la ville est en permanence sur la sellette, acculé par les autres primogènes, que ce soit par ambition (Eddie Fiori, primogène Brujah) ou par jalousie (Lillie Langtry, primogène Toréador et ex-amante du prince). Reste que les personnages sont parfois trop proche des archétypes de leurs clans (ce qui a tendance à transparaître de manière assez cliché à l’écran).
Si la qualité fluctue en fonction des épisodes, il y a malgré tout des vrais moments épiques au cours de ces 8 épisodes, à l’image de cette scène où le clan Nosferatu prend parti pour Julian Luna, ou lorsque Daedalus s’éprend d’une humaine, rejouant avec cette dernière le tragique d’un Roméo et Juliette (ce qui transparaît aussi dans la relation entre Sascha et Cash, tout d’abord séparés par le clivage humain/Kindred, puis par celui entre Gangrel et Brujah).
Concernant le thème du vampire, on est ici face à une adaptation assez fidèle au jeu de rôle Vampire : La Mascarade, lui-même tirant ses racines des Chroniques des vampires d’Anne Rice. Les vampires se sont eux-mêmes nommés Kindred, et sont constitués en clans, dont les relations sont régies par un code : La Mascarade, dont l’objectif est de maintenir leur existence inconnue du commun des mortels. Chaque clan a un look et des pouvoirs différents. Les Brujahs sont les plus brutaux et les plus vindicatifs. Les ventrues sont un clan à la noblesse plus prononcée, dont les membres ont souvent des positions sociales élevées. Les Toréadors sont un clan d’artistes, qui révèrent la beauté et les arts. Les Gangrels sont un clan à l’animalité assez prononcée. Ce sont des hommes de main parfaits. Les Nosferatus sont un clan à l’aspect physique proche de celui du comte Orlock (le Nosferatu de Murnau). Ce sont des vampires de l’ombre, contraints de vivre cachés des mortels. Les Assamites, enfin (dernier clan à apparaître dans la saison 1) sont un clan d’assassins qui louent leurs services au plus offrant. La vie des Kindred est régie par un certain nombre de codes et de rituels, chaque clan ayant en sus son propre lot de codes. Chaque clan dispose en outre de pouvoirs (transformation en animal, suggestion…) en plus des capacités inhérentes à la condition vampirique (dont l’immortalité et la résistance). Un Kindred a besoin de boire du sang pour survivre mais n’est pas obligé de tuer pour cela. Ils peuvent être tués par une lumière trop forte (d’où l’existence d’armes à UV), et si on leur enfonce un pieu en plein cœur ou si on les décapite.
Une série mythique, jamais sortie en DVD par chez nous (même si elle a été diffusée et doublée en français à cette fin). Pour autant, les anglophiles apprécieront l’existence d’un superbe coffret collector édité par CBS, qui contient l’ensemble des épisodes (avec les sous-titres anglais pour malentendants) dans un luxueux coffret carmin, contenant en outre un exemplaire du Livre de Nod, la bible des vampires. La note tient ici autant compte du fond que de la forme. D’un côté la série est culte et représente une vision assez fidèle du jeu de White Wolf. De l’autre, sur certains aspects elle n’a pas forcément très bien vieilli, le jeu d’acteur n’est pas toujours au top et sa fin abrupte (qui laisse ouverte de nombreuses pistes) n’arrange rien.