Yau, un acteur sur le déclin, prend une chambre dans un hôtel bon marché dans l’idée de mettre fin à ses jours. Au moment où la corde qui lui enserre le cou et commence à faire son office, un mystérieux personnage fait irruption dans l’appartement et lui sauve la vie in extremis. Non sans avoir dû l’exorciser avec pertes et fracas avant que Yau ne reprenne conscience. Car le chambre 2442 est habitée par une entité qui n’aspire qu’à prendre possession d’un corps. Mais pour cela, elle a besoin d’une enveloppe vide, aux portes de la mort.
Hommage à peine voilé aux films de vampires chinois à la Mr Vampire, Rigor Mortis convoque moults créatures et archétypes du cinéma fantastique : fantômes, vampires et chasseurs aux techniques de combat esthétisées à l’extrême. Esthétiquement, le film est une vraie réussite : les SFX sont léchés, plutôt originaux, les scènes de combat sont chorégraphiées au millimètre, la photographie et les jeux de lumière quasi irréprochables. Preuve en sont des scènes comme celle ou l’ancien chasseur de vampire et le moine shinto emprisonnent les jumelles fantômes dans l’armoire, ou celle de la chute du vieil homme dans l’escalier. Une claque visuelle qui prend un virage fantastique brutal après une introduction pour le moins réaliste, qui suit un personnage hanté et au bord du gouffre, qui n’aspire qu’à mettre fin à ses jours.
Pour autant, le rythme particulièrement lent, certains aspects de la narration un peu cryptiques peinent à convaincre le spectateur. D’autant que le film manque d’un je ne sais quoi qui permettrait de totalement rentrer dans l’intrigue. L’idée de ce huis-clos dans un immeuble où les forces surnaturelles se déchaînent à différents niveaux ne manque pas d’intérêt, mais à trop lancer de trames parallèles, j’ai l’impression que le réalisateur ne parvient pas à les exploiter à fond, voire à les relier de manière très cohérente. Et plusieurs points, une fois le film terminé s’avèrent difficiles à comprendre.
Difficile de passer au crible tous les éléments vampiriques du film. On apprend ici que les vampires ont presque totalement disparus, et que les chasseurs qui avaient pour mission de les anéantir sont peu à peu rentrés dans le rang. Pour autant, on assistera bien ici à la naissance d’un nouveau buveur de sang, suite au décès accidentel d’un des personnages. Car sa femme, bien décidée à ne pas finir ses jours seule, aspire au retour de son époux, même si elle doit pour cela veiller à la bonne tenue du rituel : lui procurer un cercueil en hauteur, après avoir fait reposer quelques jours son corps dans la terre, et ne jamais découvrir sa bouche, tout en le nourrissant de sang de corbeau. On apprendra également que le vampire étant un cadavre sans âme, il est un réceptacle de choix pour des entités fantomatiques en mal d’incarnation.
Un film ambitieux, parfaitement réussi sur le plan esthétique, mais qui pêche à contrario au niveau de la construction du récit, trop fragmenté, et de son rythme beaucoup trop lent. Si la dernière partie est l’occasion d’une montée en puissance réussie de l’action, elle ne parvient pas à elle seule à palier aux écueils qui précèdent (et ceux qui suivent, au vu de la conclusion du film, qui semble revenir sur tout ce qui s’est passé pour le rationaliser).