Wolfgang et Louise, tout jeunes mariés, organisent une réception dans le château où ils viennent d’emménager, après y avoir réalisé de nombreux travaux. Sorti d’on ne sait où, un mystérieux visiteur, que personne ne semble connaître, invite alors Louise à danser, attirant l’attention de tous. Pour le malheur du jeune couple, il s’agit en fait d’un vampire, dont le cercueil est dissimulé dans les caves du château, et qui caresse depuis leur arrivée dans les lieux l’idée de faire de Louise sa compagne.
Quand sort Le Massacre des vampires, en 1966, Roberto Mauri n’en est pas à son coup d’essai, ayant déjà deux films son actif qui mettent en scène la figure du buveur de sang : Il segno del vendicatore en 1962 (avec notamment Dieter Eppler, Walter Brandi et Graziella Granata) et Il pirata del diavolo en 1963 (toujours avec Walter Brandi, mais aussi Richard Harrisson). Avec près de de 26 films à son actif en 20 ans de carrière, le réalisateur aura touché à tous les genres, du polar au fantastique en passant par l’érotisme et le porno. La strage dei vampiri (titre original du Massacre des vampires) est ainsi le 7e film du réalisateur, où il retrouve plusieurs acteurs avec qui il a déjà travaillé (notamment le trio Brandi, Granata et Eppler), autour d’une nouvelle histoire de vampires.
Dès les premières images du film (qui s’ouvre sur une scène du passé, figurant des villageois – armés de torches et de fourches – poursuivant le vampire et l’une de ses femmes), l’ambiance gothique s’impose. Un premier contact que la suite ne démentira pas, faisant autant la part belle aux souterrains labyrinthiques du château, à l’hypnotique composition au piano qui semble avoir été inspirée par les murs à Louise, en passant par les passages secrets, la décoration médiévale des lieux… Pour ce qui est des personnages, force est également de constater qu’on est face à du très classique : entre le jeune marié rapidement dépassé par la situation, le médecin conseillant de faire appel à un spécialiste de Vienne, lequel s’avère être le Van Helsing local, la jeune mariée incapable de lutter contre l’aura du vampire, et les autres femmes de la maisonnée qui sont autant de potentielles victimes. Dommage que certains des acteurs semblent particulièrement raides dans leur rôle (Dieter Eppler notamment, dont le jeu forcé semble lorgner vers celui de Christopher Lee, en moins convaincant).
Reste que visuellement, le film est assez agréable, même si pas d’une originalité folle. Roberto Mauri connaît son sujet : les cadrages sont efficaces, l’éclairage est maîtrisé (notamment dans les scènes de nuit) et certaines scènes sont plutôt réussies (celle où le vampire observe depuis un arbre, par exemple, voire la mise à mort de Louise). Mais le film n’apporte pas grand-chose de neuf au genre, ne prenant aucun risque en calquant son scénario sur ce qui s’apparente à une énième variation autour du Dracula de Stoker (les parallèles sont assez évidents).
Les vampires mis en scène dans le Massacre des vampires ne peuvent se déplacer qu’à la nuit tombée, dormant la journée dans leur cercueil. Leur statut de vampire semble leur conférer une certaine longévité (c’est notamment le cas pour le personnage joué par Dieter Eppler), et des pouvoirs (de suggestion). Pour autant, ils peuvent être détruits si on leur enfonce un pieu en plein cœur, les années passées en tant que créatures de la nuit les rattrapant alors (ce qui explique que les vampires les plus vieux se désagrègent).
Un film pas désagréable, même s’il ne sort pas un instant des sentiers battus, pour qui chercherait un peu d’innovations dans le genre. Visuellement, il reste assez représentatif de la production italienne de l’époque, où les jeunes victimes aux formes généreuses étaient à l’honneur. A noter que la VF rajoute une dimension assez tragi-comique à l’ensemble.