Lors de sa première journée de stage d’aide à la personne, Lucie Clavel découvre le quotidien de Deborah Jessel, une professeur de danse classique aujourd’hui dans le coma. Chaque jour, la tutrice de Lucie doit venir s’occuper de l’invalide, et lui changer ses perfusions. Lucie Clavel, son petit ami et le frère de celui-ci décident alors de cambrioler la maison, persuadé que Deborah y cache un fabuleux pécule. Mais l’argent n’est peut-être pas la seule chose que dissimule la propriétaire des lieux.
Dernier-né du cinéma de genre français (qui ne compte pour autant pas énormément de références, la faute à des producteurs et distributeurs souvent frileux), Livide est une très belle surprise. Une oeuvre à la fois esthétique et référencée qui va bien plus loin que ce qu’aurait pu laisser penser le pitch de départ, même si l’ensemble n’est pas exempt de quelques longueurs.
Les faux-semblants apparaissent rapidement comme un des thèmes clés du film, depuis le regard vairon de l’héroïne jusqu’à la découverte du passage vers la salle secrète de la chambre, en passant par le clin d’oeil appuyé à Alice au pays des merveilles (notamment au film d’animation de Jan Švankmajer). Un jeu sur les apparences auquel participe également, à mon sens, la thématique de la danse, et sa perpétuelle recherche de la perfection. Une recherche qui ne peut se faire que dans la souffrance.
L’ensemble est également marqué par un amour évident pour le cinéma de Dario Argento, notamment par son Suspiria. La place du lieu dans l’intrigue (cette maison qui finit peu à peu par se resserrer autour des protagonistes), la thématique de la danse, certains éléments de mise en scène semblent en effet puiser leurs sources dans l’oeuvre du réalisateur italien, sans pour autant tomber dans l’écueil de la recopie. Visuellement, on retrouve également une patte qui n’est pas sans rappelle celle du fantastique hispanique (L’orphelinat, L’échine du diable,…)
Si la première partie du film possède quelques longueurs (une mise en situation qui manque peut-être de dynamisme), une fois les trois protagonistes entrés dans la maison, la tension va crescendo. C’est également à partir de ce moment-là que les deux réalisateurs proposent des scènes d’un esthétisme bluffant, que ce soit la découverte de la « boîte à musique », celle de la salle secrète, le face à face au milieu des « poupées »… Des scènes sur le fil du rasoir qui apportent une touche onirique réussie au film. Dommage, pour le coup, que le final plombe un peu le reste du film, trop cryptique pour être totalement compréhensible.
Le mythe du vampire est certes présent dans le film, mais difficile d’en poser une définition, tant les auteurs ont brouillé les pistes. Il s’agit de vampires nocturnes (qui survivent difficilement à la lumière du soleil), et ont une envie irrépressible de boire du sang. Ces créatures sont par ailleurs dotées d’une force et d’une résistance supérieures. Un vampire hybride est également mis en scène, mais je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte.
Un film qui regorge de bonnes idées et montre un savoir-faire évident de la part du duo de réalisateurs. On pourra objecter que l’ensemble manque parfois de clarté (notamment sur la fin), ou que la direction d’acteur laisse à désirer, à mes yeux Livide est une réussite : l’ambiance est prenante et l’esthétique au top. A mes yeux, c’est donc un petit coup de coeur.