C’est au cours de la nuit de Walpurgis que Renfield doit rejoindre le Comte Dracula dans son château pour y conclure une transaction immobilière devenue fameuse : l’achat de l’abbaye en ruine de Carfax.
Le Comte, qui n’est autre qu’un vampire, trouve alors en Renfield l’esclave parfait qui peut l’aider à accomplir son sombre dessein en Angleterre. Arrivé sur les terres britanniques, Dracula fait la rencontre de la délicieuse Lucia qui d’ailleurs n’y survivra pas. Puis vient le tour de l’amie de Lucia, la belle Eva qui, malgré toute sa volonté, cède aux avances du vampire. Heureusement, le célèbre Professeur Van Helsing saura remettre un peu d’ordre dans cette société bouleversée par cet étranger venu de si loin…
Tourné la même année et dans les mêmes décors que le Dracula de Tod Browning, Melford nous propose de « revisiter » ce fameux film a la salsa picante en quelque sorte. L’esthétique est chiadée, la structure de l’histoire suit bien celle du Dracula de Browning et les jeux d’acteur ne sont pas désagréables. Le mimétisme entre Carlos Villarías – à savoir El Conde Dracula – et Bela Lugosi est flagrant, autant physiquement que dans le regard. Le plus réussi reste à mes yeux le personnage de Renfield qui a rarement été retranscrit de façon aussi subtile au cinéma.
Renfield est joué ici par Pablo Álvarez Rubio, impressionnant dans le rôle du dément qui n’avait aucune raison de le devenir, celui-ci ayant suivi une carrière brillante auparavant. Mais force est de constater qu’il ne peut combattre contre l’emprise du vampire. Son monologue dans la maison des Seward pour détourner l’attention lors de l’enlèvement d’Eva par Dracula est une performance d’acteur, la duplicité du personnage est réellement démontrée à cet instant.
Un film à voir donc, même si l’histoire ne surprendra aucun de ceux ayant vu le Dracula avec Bela Lugosi.
Voilà un film bien singulier. Tourné en même temps (l’un le jour, l’autre la nuit) que le Dracula de Browning (et dans les même décors), le Dracula de Melford supporte tout à fait la comparaison avec celui-ci, même si peu de différences existent entre la trame des deux films.
La majorité des scènes reprennent en effet à la lettre celles du film qui imposa Bela Lugosi au monde. L’esthétique est tout aussi travaillée, et le jeu des acteurs, à défaut de ne pas être inoubliable, n’en est pas moins plus que correct.
Le très gros plus de ce film, comme l’a signalé Lucy Westenra, repose sur les épaules de Pablo Álvarez Rubio, qui s’approprie avec une incroyable maîtrise le rôle du dément Renfield. Les passages mettant en scène Renfield sont d’ailleurs les rares passages de ce film à se démarquer du Dracula de Browning.
Carlos Villarías, qui joue le rôle de Dracula, s’adonne quant à lui à un jeu de mimétisme plutôt réussi avec l’interprétation de Bela Lugosi, avec lequel il partage une certaine ressemblance physique.
Un film plutôt agréable à regarder donc, malgré qu’il soit aujourd’hui éclipsé par celui de Browning, davantage passé a la postérité.