Après avoir enlevé une gouvernante et la jeune femme qu’elle accompagne, Dracula s’éprend de cette dernière. Il lui impose de rester enfermée au château en attendant qu’elle donne naissance à leur premier enfant. C’est ainsi que Ferdinand voit le jour. Mais peu au fait des dangers que l’extérieur réserve aux vampires, la mère de l’enfant se fait surprendre par le sommeil, alors qu’elle se trouve en quête de sang frais. Père et fils restent seuls au château pendant des décennies, jusqu’à ce que la politique roumaine ne finisse par les faire fuir à l’Ouest.
Adapté du roman Paris Dracula (depuis renommé Dracula Père et fils, comme le film) de Patrick Cauvin (sous le pseudonyme de Claude Klotz) le film d’Edouard Molinaro est un des très rares films de vampires français. Sorti en 1976, 6 ans après le roman, le long-métrage y met face à face Christopher Lee (dans le rôle incontournable de Dracula) et Bernard Menez (dans le rôle de Ferdinand, le fils du vampire). Séparé par les événements, le duo va, chacun à sa façon, essayer de trouver sa place dans le monde contemporain. D’un côté Dracula, qui capitalise sur son sex-appeal et sa stature pour embrasser une carrière à l’écran, de l’autre Ferdinand, incapable de se débrouiller en tant que vampire, qui essaie tout au contraire de mener une vie normale.
L’introduction du film est un vibrant hommage aux productions de la Hammer, de par son ancrage historique et ses décors caractéristiques (forêts et châteaux). Mais le film se détache bien vite de cette approche pour se concentrer sur les chemins des deux protagonistes principaux, dont le statut de vampire va se confronter de plein fouet aux évolutions du monde qui les entoure. Vivant reclus depuis des décennies, ils vont en effet devoir concilier leur statut de vampire et la nécessité de se trouver une place dans la société des hommes. Pour autant, ce n’est pas forcément le plus puissant des deux qui s’en sortira au mieux. Car Dracula, plus vieux, conditionné par les usages d’une autre époque refuse de se laisser happer par le monde moderne. S’il trouve un métier, c’est uniquement en tant que vrai/faux vampire. Alors que Ferdinand, plus jeune, ayant vécu très longtemps coupé de tout, n’aspire au contraire qu’à s’immerger en toute simplicité dans ce monde.
Au niveau des caractéristiques vampirique, on est en présence d’une vision très classique du mythe. Les vampires vivent uniquement la nuit tombée, reposant la journée dans leurs cercueils. Ils ne disposent pas forcément de pouvoirs surnaturels, mais ont pour eux leur longévité. Ils ont en outre besoin de s’abreuver de sang pour survivre, qu’ils prélèvent à même la gorge de leurs victimes, y laissant deux cicatrices qui ne disparaîtront plus, une fois que leur victime aura été transformée. Reste que ce sont des créatures qui ne supportent ni la lumière du soleil, qui les transforme en cendres, ni les crucifix, qui leur brûlent la peau.
J’avais un a priori très négatif sur le film, pensant à une pochade difficilement regardable. Pourtant, le résultat final ne manque pas d’intérêt, et s’avère plus grinçant, au niveau de l’humour, que léger. Bernard Ménez s’en sort relativement bien, contre toute attente, face à un Christopher Lee qui campe son personnage à merveille, comme à son habitude (mais pour la dernière fois).