Mara, Michelle et Mara, trois étudiantes américaines, se retrouvent ensemble en Transylvanie, le temps d’un séjour. Spécialisées dans l’histoire et le folklore, elles entendent mettre à profit leur venue our parfaire leurs connaissances des coutumes et légendes locales. Sans le savoir, leur présence sur place va coïncider avec le meurtre du roi vampire, Vladislav. Ce dernier a été victime de la jalousie de son fils aîné, Radu. Celui-ci avait en effet compris que son père ambitionnait de faire de son benjamin, Stefan, l’héritier de sa charge. Radu fait dans le même temps main basse sur la « Pierre de sang », un artefact séculaire qui offre à celui qui le possède d’étancher sa soif de sang sans avoir à tuer. Mais le nouveau roi vampire est un sadique : la pierre devient pour lui une drogue, alors qu’il projette de régler définitivement le problème posé par l’existence de son frère.
Premier d’une série culte pour les amateurs de vampires, Subspecies est un direct-to-video produit par Full Moon Features, une société fondée et dirigée par Charles Band. Après la fin de l’aventure Empire (au sein de laquelle son alliance avec le réalisateur Stuart Gordon donna naissance à des films comme Réanimator ou From Beyond), Band ne s’avoue pas vaincu. Il poursuit son office au sein d’une nouvelle structure, créée en 1988, et qui existe encore aujourd’hui, malgré un parcours parfois houleux. Subspecies est une des franchises du studio, qui capitalise sur le savoir-faire de son producteur, et combine touche d’érotisme (très light ici), économie de moyen (un tournage en Roumanie, tout juste sortie du joug communiste) et maîtrise des codes du genre.
Le tournage en Transylvanie (on voit notamment le château de Bran) contribue à l’ambiance du métrage, et permet à ce dernier d’exploiter le lien entre la région et la figure du vampire. S’il n’est cité que ponctuellement à travers les dialogues, l’ombre de Dracula plane sur le film. Difficile de ne pas y penser, avec ces deux frères, dont l’un se nomme Radu, qui s’oppose pour leur héritage. L’ensemble pâtit de son budget très mince, mais parvient néanmoins à accrocher son spectateur. Il y a dans le mélange improbable des genres (l’idée d’un artefact volé au Vatican, la présence d’homoncules en stop motion créés à partir des doigts de Radu) quelque chose d’original qui offre à Subspecies de se hisser au-dessus de son statut de métrage fantastique de série B. Le personnage joué par Angus Scrimm (l’incontournable Tall Man de la saga Phantasm) apparaît peu à l’écran. Il ancre cependant le film dans un certain registre, et permet d’introduire le bad guy sadique de la série des Subspecies : Radu. Avec un physique proche de Nosferatu, ce dernier est un contrepoint parfait face à Stefan, le vampire qui cherche à évoluer au milieu des vivants.
Pour ce qui est des caractéristiques vampiriques, Subspecies ne manque également pas d’intérêt. Ivan, allié humain de Stefan, présente aux protagonistes ce qui peut fonctionner pour faire face à un vampire. Les pieux taillés sont une manière efficace d’une venir à bout, mais des balles chargées de perles de chapelet peuvent-elles aussi s’avérer mortelles. Le film montre dans le même temps que les vampires ne peuvent pénétrer un lieu sacré que s’ils y ont été invités, et qu’ils ne peuvent évoluer que la nuit tombée. Le jour, ils sont contraints de se reposer dans un cercueil, la lumière du soleil les affaiblissant à l’extrême. La fête de village à laquelle assistent les trois amies met également en scène le rituel qui veut qu’un étalon blanc qui refuse de sauter par-dessus une tombe indique la présence d’un vampire. Il y a aussi l’idée qu’un artefact dans lequel a été recueilli le sang de plusieurs saints est en mesure de rassasier la soif d’un vampire. Enfin, quand Stefan emprisonné voit arriver Mara, Michelle et Mara habillées de blanc, le parallèle avec les fiancées de Dracula est incontournable. Reste que le métrage de Coppola, qui mettra à l’honneur ce trio, ne sortira que l’année suivante.
Subspecies est une production courte (80 minutes) qui ne souffre pas de temps mort, les événements s’enchaînant dès les premières minutes du film. Si la réalisation est imparfaite, de même qu’une partie du casting peine à convaincre, l’ensemble a malgré tout quelque chose d’intrigant, assez pour avoir envie de poursuivre. Finalement, ce n’est pas tant le personnage de Stéphan, digne héritier d’une humanisation du vampire qui a commencé avec Anne Rice – voire avec Barnabas Collins – qui accroche le spectateur. Mais bien Radu, le frère sadique, adepte d’une certaine magie du sang, qui incarne sans nul doute LE vampire du film.
Quel bonheur de côtoyer enfin un vampire digne de ce nom.
Radu est bien le fils tant désiré du Nosferatu de Murnau (en tout cas de ses admirateurs inconditionnels).
Si loin du vampire actuel, du type « petit minet à la gueule d’ange et sensibilité à fleur de peau ».
Beurk !
Radu lui, envoie du bois.
La dentelle, c’est pas vraiment son truc.
Cependant, au fil des films de la série, sa personnalité, peu à peu se dévoile.
Et on se rend compte avec étonnement à quel point il s’agit là d’un personnage fort complexe et si ambivalent que l’on ne peut jamais totalement le cerner.
Et point ici de psychologie de bazar ! Non, le réalisateur s’adresse avant tout à un public adulte.
Les décors naturels de Transylvanie ?
Ben, c’est tout de même plus typique et dépaysant que Los Angeles et sa banlieue (par exemple)…non ?
Nicolaou (pour le coup) a tapé très fort.
Pas de caméra névrotique (tournage caméra à l’épaule).
Pas de rideau vert (images de synthèse).
Pas de cadrage précipité qui vous donne rapidement l’impression d’avoir le coeur au bord des lèvres ( à l’instar des jeux vidéos actuels qui grosso-modo vous procurent le même effet).
Et quel plaisir également de ne pas voir égratigné la figure du vampire.
Tous les codes qui lui sont liés depuis le Dracula de Stoker sont ici respectés à la lettre.
Bref, un pur moment de bonheur pour les puristes.
Et dire que le 5eme opus est actuellement en cours de tournage quelque part en Albanie.
Vivement la suite !