Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l’avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie mais une transfusion sanguine d’origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d’étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pèlerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d’enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu’il éprouve pour la jeune femme…
Voilà de nombreux mois que de les amateurs me rabattaient les oreilles avec ce film, j’ai donc fini par mettre la main dessus et ai attendu d’avoir accès à un écran digne de ce nom (merci Piehr) pour me plonger dans cette relecture coréenne du mythe du vampire. Force est d’avouer qu’on se retrouve devant un film peu commun, même si pas mal des codes du genre vampirique sont respectés. Pas mal de chroniques parlent d’une adaptation vampirique du Thérèse Raquin de Zola. N’ayant pas lu le dit roman (ça doit faire parti des rares Zola que je n’ai pas eu à étudier durant mon passage en Lettres), je suis très mal placé pour parler de ces liens. Mais le résumé de Thérèse Raquin présent sur la Wikipédia permet de se faire une assez bonne idée de ce que Chan-Wook a repris chez Zola et où les deux œuvres divergent : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9r%C3%A8se_Raquin.
Adaptation ou pas, le film de Chan-Wook est une très grosse réussite pour les amateurs de film de vampires. En faisant de son héros un prêtre, le réalisateur peux narrer la longue descente aux enfers d’un être pieux (sans jeu de mots), obnubilé par le bien qu’il peut apporter aux autres. On approche à ce niveau d’une psychologie pouvant rappeler celle du Louis de Anne Rice, qui vit mal sa condition de vampire, et estime ne pas vraiment avoir eu le choix (tout comme le héros, qui contracte ici la malédiction accidentellement). La thématique du vampire créature de sexe et de sang est également très présente, car c’est finalement en assouvissant le désir qu’il éprouve pour la femme d’un ami que Sang-hyun va finalement franchir le fossé entre le bien et le mal. Le prêtre va en effet prendre peu à peu ses marques en tant que vampire, et faire sauter un à un tous les idéaux pour lesquels il s’est battu jusque-là, jusqu’à la transgression ultime, du moins en regard de son statut de prêtre.
Sa maîtresse, une mystérieuse jeune femme élevée par sa belle-mère et mariée contre son gré avec le fils de cette dernière est également un personnage intéressant, aussi belle et sensuelle que manipulatrice. Un temps effrayée par ce qu’est réellement son amant, elle n’aura de cesse de convaincre celui-ci de la transformer. Mais les sentiments qu’elle éprouve pour lui sont-ils sincères ? Sang-hyun, déjà torturé par sa condition et les besoins qui vont avec, va-t-il se laisser aveugler par l’attirance physique qu’il éprouve pour son amante ?
Le film respecte de nombreuses caractéristiques vampiriques sans pour autant tomber dans le caricatural, ni abuser au niveau des effets spéciaux. Si Sang-hyun contracte le vampirisme suite à une transfusion sanguine, il ne comprend pour autant pas immédiatement de quoi il retourne. Il faudra qu’il laisse parler son attirance pour le sang pour achever sa transformation et éprouver la morsure du soleil ainsi qu’une soif insatiable de sang. Son statut de vampire lui offre également une force prodigieuse, qui lui permet de lutter contre le virus Emmanuel à l’origine de sa transfusion fatidique. Mais le manque de sang l’affaiblit relativement vite.
La création d’un nouveau vampire semble ainsi se faire par infection entre le sang du vampire et celui de sa victime, le sang du vampire ayant un effet immédiat sur toutes les cécités et faiblesses de la victime. Aucune information ne filtre cependant sur la relation entretenue par la religion avec le vampire, celui-ci n’éprouvant aucun problème à la vue d’un crucifix. De même, à part le soleil, on ne connaît aucun danger léthal aux vampires présents dans le film.
Thirst est un vrai OVNI cinématographique, un de ces films de vampires rares, aussi réussi sur le point de vue de la mise en scène que sur celui du scénario ou de la direction des acteurs qui redonne du sang neuf au mythe du vampire. Un film qui fera date pour les amateurs de la créature avide de sang, et dont le DVD sera à ranger aux côtés de The Addiction et autre Sagesse des crocodiles.
Je suis du même avis que toi : peu de temps après Morse, voici un autre film de vampire à placer dans le Panthéon des adorateurs de la Canine.
La folie de la jeune fille est, je trouve, un des éléments les mieux traîtés. Le blanc éblouissant, les pieds nus, les cheveux en sont les parcelles symboliques.
Pour finir, ce qui m’a effectivement fait plaisir, c’est de retrouver des questionnements à la Louis de La Pointe du Lac : alors que la tournure paraît rabâchée en littérature, le cinéma est loin d’avoir fait le tour de la question.
Senhal
Totalement d’accord sur cette chronique et sur ce film qui réussit avec peu d’effets spéciaux, à créer une véritable atmosphère ! Quelle originalité.
Définitivement, ce qui m’a le plus plu dans ce film, c’est la couverture du mythe et comment le réalisateur a exploré toutes ou presque les thématiques qui y sont liées. Depuis les problèmes de conscience à la cruauté assumée, la transformation et le mode de vie, le désir brûlant, les instincts de mort… Une œuvre à voir et à revoir pour mieux en mesurer sa richesse.
Bonsoir,
Je suis content d’avoir un avis diamétralement opposé au mien. Je te rejoins sur l’idée de départ de Park Chan-wook qui parvient à se démarquer des productions actuelles sur les vampires. N’allez pas croire, mais je déteste les superproductions du genre Underworld, formatées, sans âmes, etc. 😉
A bientôt!