Le film de Polanski raconte l’histoire du professeur Abronsius et de son fidèle assistant Alfred, tout deux partis au plus profond de la Transylvanie subcarpatique à la recherche de vampires ou d’une preuve de leur existence. Ils trouvent refuge dans l’auberge d’une petite ville, où ses habitants vivent dans la crainte du maléfique comte Von Krolock. Lorsque ce dernier enlève la fille de l’aubergiste, les deux héros décident de se mettre à sa recherche…
Même si le scénario semble a priori classique pour un film de vampires, le traitement, lui, ne l’est pas. Décidé à parodier les chefs-d’œuvre du genre, Polanski est l’un des tous premiers à oser mélanger l’épouvante et le comique. En effet, tout en respectant le mythe du vampire (le triptyque ail/crucifix/pieux dans le cœur ; l’hommage à la Hammer avec le château lugubre en Transylvanie ; Von Krolock en parfait clone de Christopher Lee ; les décors superbes et l’atmosphère mi-féerique/mi-fantastique), Polanski pétrie les péripéties du professeur et de son compagnon d’une bonne dose d’humour qui ne peut laisser de marbre. Ainsi, on a tour à tour droit à l’aubergiste vampirisé insensible au crucifix parce qu’il est juif ; au fils homosexuel du comte qui aimerait bien planter ses crocs dans Alfred, ou encore au menuet inutile dansé par les héros, finalement démasqués lors du bal.
L’enchaînement des gags (le plus souvent relevant du comique de situation) reste néanmoins maîtrisé, et le réalisateur ne fait jamais basculer son film dans la grosse farce (Scary Movie est encore loin). Et c’est là où le film devient vraiment intéressant : il joue constamment sur l’ambivalence des genres et des émotions. Pour ne prendre qu’un exemple, on peut s’attarder sur le début du film, le générique, où l’on voit le célèbre lion de la Metro Goldwyn Mayer se changer en un petit monstre verdâtre aux dents longues. Tout prêterait à sourire, si le thème musical principal ne se mettait pas en route au même instant : une mélodie angoissante qui d’emblée, nous place le cul entre deux chaises.
Si Le Bal des Vampires doit être vu comme un Objet Filmique Non Identifié, ce n’est pas parce qu’il est rigolo, mais bien parce que l’intrusion du l’humour au sein de l’histoire fait ressortir le pendant sombre de la bobine. Polanski est hanté par le côté obscur de l’être humain (pour s’en convaincre, il suffit de voir sa filmographie : Chinatown, Répulsion, Le Pianiste…) et celui-ci ne déroge pas à la règle. Outre la fin particulièrement pessimiste (Abronsius ramène Alfred et Sarah, tout deux contaminés, sans s’en rendre compte ; la voix off annonce prophétiquement qu’il répandra ainsi dans toute l’Europe le mal qu’il était venu combattre), un regard bref sur le comportement des personnages nous permet de conclure qu’ils courent à leur perte. Abronsius, archétype du scientifique de l’époque, est bouffi d’orgueil ; Alfred, jeune premier timide devient vampire alors qu’il tente de secourir celle qu’il désire ; Shagal, l’aubergiste, trompe sa femme et tue son employée… Bref, malgré un vernis de situations cocasses, le tableau est bien noir.
Le Bal des Vampires reste néanmoins un classique du genre qui conserve, même s’il a prit quelques rides avec l’age (l’accélération des plans façon Benny Hill), toute son aura et son pouvoir de fascination, de par son ton divertissant et son respect de l’imagerie gothique du vampire.
Bel article qui résume bien le principal !
J’ai beaucoup aimé ce film de Polanski car l’humour y est omniprésent, un humour fin et subtil, jamais dans le vulgaire ou le balourd. La scène du bal vers la fin et la course poursuite : fameux. Et puis, nous y voyons la regrettée Sharon Tate en plus, toute en beauté dans son bain moussant. Et grâce aussi à cette pellicule qu’à utilisé Polanski qui semble rendre chaque paysage comme une gravure.
Bref, un classique !