Lil Mayor (Miguel), Bobby et Luis sont trois jeunes adolescents qui vivent dans le Bronx. Depuis plusieurs mois, une mystérieuse compagnie immobilière, Murnau Properties, propose aux commerçants et habitants de racheter pour une bonne somme leurs boutiques et appartements. Dans un quartier où les pouvoirs publics se désintéressent des disparitions, et où les gangs règnent, l’espoir d’une vie meilleure est moindre. Alors que les panneaux de Murnau ne cessent de couvrir les rues, annonçant de futurs magasins, le trio réalise que des vampires tiennent les rênes. Bien décidés à ne pas laisser leur ville à ces envahisseurs, les trois comparses choisissent de prendre en main la situation.
Avec déjà une belle liste de courts métrages et d’épisodes de séries TV à son actif, Osmany Rodriguez signe avec Vampires vs the Bronx (le titre VO) son premier long-métrage solo, à destination de Netflix. Ce n’est certes pas la première production sur le sujet distribué par la compagnie (on peut citer Family Blood de Sonny Mallhi, sorti en 2018). Pour autant film de Rodriguez est le premier d’une certaine accélération autour de la thématique. Dans la continuité d’un intérêt de Netflix pour le fantastique avec un ciblage plutôt adolescent, telle que matérialisée par une série comme Stranger Things.
On ne peut retirer à Netflix — et dans le cas présent à Osmany Rodriguez — de réfléchir les œuvres à son catalogue pour séduire à un public déterminé. Le trio de héros fonctionne relativement bien, malgré leurs différences. Dans le même temps, il y a là pléthore de clins d’œil pour les amateurs, depuis l’ombre de Nosferatu (la compagnie immobilière se nomme Murnau Estate, sans parler de leur logo qui reprend une gravure de Vlad Tepes), Salem de Stephen King (Luis lit le roman lorsqu’il apparaît pour la première fois à l’écran), Blade de Stephen Norrington (le film sert d’objet d’étude vampirique au petit groupe). Difficile également de passer à côté de Frank Polidori, le familier des vampires, dont le patronyme est une allusion évidente à l’auteur de The Vampyre. Sans même parler de l’ADN du métrage, qui est à chercher quelque part entre Vampire vous avez dit vampire et Génération Perdue.
Le film joue à maintes reprises la corde de l’humour, mais n’en oublie pas d’ancrer son propos dans la réalité. Le réalisateur injecte à l’ensemble un sous-texte social. D’un côté la mise en scène de quartiers où sévissent les gangs, alors que les pouvoirs publics ferment les yeux. De l’autre, il y a l’intérêt immobilier que cela peut susciter, jusqu’à finalement faire basculer les lieux dans une certaine gentrification. Les vampires incarnent ici les couches aisées, qui viennent s’installer au mépris des habitants. Dans le même temps, il y a également là matière à lorgner vers un 30 jours de nuits, avec cette idée d’un endroit coupé du monde où les vampires peuvent agir en toute impunité.
On l’a vu, c’est le film Blade (1998) qui sert d’encyclopédie aux trois héros pour comprendre à quoi ils vont faire face. Vampires vs the bronx met en scène des vampires qui ne peuvent se déplacer qu’à la nuit tombée. Le jour, ils se regroupent en nid, et dorment dans des cercueils, voire la tête pendue dans le vide, telles des chauves-souris. Ils peuvent voler dans les airs et leur regard est en mesure de perturber la psyché des victimes. Tous descendent de Nosferatu, présenté comme le vampire originel. Ils exploitent enfin des familiers (ici, Frank Polidori) pour effectuer les tâches diurnes. Au fil des combats entre eux et les humains, on découvrira qu’ils ne peuvent entrer dans un lieu sans y être invités, et peuvent être blessés par des crucifix, des fleurs d’ail ou de l’eau bénite. Petite nouveauté, celle-ci se met à bouillir en leur présence. Pour les tuer, une hostie consacrée ou un pieu enfoncé en plein cœur sont les techniques les plus efficaces. Pour transformer un vampire, l’utilisation des cendres de Nosferatu est nécessaire : la victime doit être aspergée par celles-ci, puis mordue. Matière à souligner que seul le premier vampire est en capacité d’engendrer d’autres vampires ?
Des vampires dans le Bronx est un film léger (autorisé à partir de 13 ans), qui convoque de nombreuses références, aussi bien comme des clins d’œil que des sources d’inspiration, tout en modernisant son propos. L’ancrage urbain donne lieu à un minimum de contexte social, reste que le scénario est trop simpliste pour que l’ensemble puisse être autre chose qu’une comédie avec quelques bons moments.