Le vaisseau de sauvetage Mother III accoste un transporteur âgé de plus de 50 ans, le Démeter. Sous le commandement du capitaine Abraham Van Helsing, le petit groupe entend bien tirer profit de la trouvaille. Mais rapidement, les choses prennent une tournure inattendue. L’un des membres d’équipage se blesse et est ensuite mystérieusement agressé. Lorsqu’il sort de sa torpeur, c’est pour essayer de mordre ses camarades. Dans le même temps, Aurore, second de l’équipage, découvre qu’un certain Orlock se dissimule à bord. Et qu’il semble bien décidé à se nourrir de leur sang pour assurer sa survie.
Il y a de nombreux films de vampires fauchés qui offrent malgré tout un sympathique moment de décontraction. Et il y a Dracula 3000, aussi intitulé Dracula 3000: Infinite Darkness, parfait exemple d’un ratage total. Le métrage, destiné à la télévision, a été réalisé par Darrel Roodt, parmi les figures les plus prolifiques du cinéma sud-africain. Le résultat est vraiment à la peine, entre des acteurs pas convaincants pour un sou, une absence crasse de moyens et une trame narrative bancale qui ne débouche sur rien. Le plus surprenant restant la présence de Casper Van Dien (Starship Troopers) et Udo Kier (Du Sang pour Dracula) au casting. Mais quand on voit que l’affiche souligne davantage les noms de Coolio et d’Erika Eleniak (une actrice d’Alerte à Malibu), il y a déjà matière à se méfier. L’ensemble est mâtiné d’un humour d’une lourdeur abyssale, et de scènes d’actions jamais convaincantes, où interviennent des personnages qui sont au-delà de la caricature.
L’idée d’un petit équipage abordant un vaisseau à l’abandon rappelle fortement Alien. De fait, difficile de ne pas voir l’influence de la saga de Ridley Scott sur le métrage de Roodt. Il y a là les courses-poursuites dans les coursives, des personnages qui disparaîssent progressivement, des protagonistes féminins un peu badass… Sans oublier le nom du vaisseau (Mother), voire l’affiche, détournement d’un tableau de H. R. Giger. Mais le résultat n’est clairement pas à la hauteur.
Le film s’articule autour du voyage du Démeter, le personnage joué par Udo Kier endossant le rôle du capitaine (c’est d’ailleurs l’un des éléments les plus réussis). Les entrées de son journal rythment la trame principale, dévoilant peu à peu l’horreur qui a gangrené le vaisseau. Les cercueils qui peuplent la soute sont là aussi une référence au livre de Stoker, et aux caisses transportées par le Démeter du roman. Pour le reste, le long-métrage exploite certains noms tirés du roman (Abraham Van Helsing, Mina), mais n’en fait au final pas grand-chose. À noter plusieurs clins d’œil supplémentaire ça et là : le Démeter partait de la station Transylvanie, le capitaine joué par Kier s’appelle Varna, la galaxie où se déroule l’histoire est celle des Carpates. Quant à Dracula, il répond également au nom d’Orlock (c’est un des éléments que découvre le groupe de survivant en interrogeant l’ordinateur). Concernant les vampires, on est face à une approche très classique : ils ont besoin de sang pour maintenir leur existence et sont doués d’une force herculéenne. Pour autant, ils craignent les crucifix (qui n’ont plus de sens à l’époque où se passe l’histoire) et la morsure du soleil.
Difficile de ne pas bâiller d’ennui devant cette purge de 84 minutes, qui n’apporte strictement rien de neuf et est avant tout un très mauvais film. Réexploiter la matière du roman de Stoker dans un contexte SF pourrait offrir quelque chose d’intéressant, mais ce Dracula 3000 propose avant tout un gloubi-boulga indigeste. Sorti la même année que le Van Helsing de Stephen Sommers, le long-métrage de Darrel Roodt reste un des plus raté qu’il m’ait été donné de voir sur le sujet.