Après le décès de sa mère et le remariage de son père, Nancy Perkins est envoyée par ce dernier dans un pensionnat pour jeunes filles. La nouvelle venue parvient tant bien que mal à trouver ses marques, alors que son fort caractère suscite l’intérêt du professeur de sciences, Miss Branding. Celle-ci, dont la thèse est rejetée par ses pairs masculins, entend bien prouver que l’esprit humain recèle une monstruosité bien plus dangereuse que celle de l’énergie nucléaire. Elle voit rapidement en Nancy un cobaye parfait pour amener ses recherches à un tout autre niveau, quitte à déchaîner la terreur sur l’école.
Sorti en 1957, ce Blood of Dracula s’inscrit dans la vague teenage initiée en 1955 avec La Fureur de vivre de James Dean. Le film d’Hebert L. Strock fait parti des deux métrages (avec I Was a Teenage Frankenstein) a avoir été commandé par American International Pictures suite au succès de I Was a Teenage Werewolf quelques mois plus tôt. D’après le producteur exécutif, Herman Cohen, les deux films ont été tournés en quatre semaines, l’ajout de Blood of Dracula au projet existant devant permettre de fournir une double affiche aux salles. Au scénario, on retrouve Aben Kandel, qui était à la manœuvre derrière les réalisations précédemment cités. Rien de surprenant, donc, à trouver de grosses similitudes entre les différents films. Tout particulièrement avec I Was a Teenage Werewolf, dans l’idée d’un professeur qui hypnotise un de ses élèves et provoque la transformation de ce dernier.
Blood of Dracula reprend ainsi le thème du savant fou, incarné ici par le personnage de Miss Branding (Louise Lewis), décidée à convaincre ses pairs du bien-fondé de ses hypothèses. Mais il le confronte cette fois-ci avec la figure du vampire, Nancy Perkins (Sandra Harrison) devenant une marionnette entre les mains de son enseignante. Le protagoniste permet au scénariste de flirter également sur le thème de Jekyll & Hyde, avec Nancy qui se sent dépossédée de sa propre identité. Les décors sont très peu nombreux (la voiture, les salles du pensionnat, le cimetière…), l’ensemble du film reposant sur le jeu des acteurs. Et pour le coup, même si l’œuvre n’a rien d’extraordinaire, le casting est impliqué et plutôt convaincant. La caméra tire un maximum de son scénario pour contenter sa cible, enchaînant les scènes de disputes entre les filles, initiation de la nouvelle venue, danse et chant (inattendu aparté musical digne d’un Grease, avec le titre « Puppy Love »).
Le lien avec Dracula est au final relativement ténu. L’ombre du comte plane sur ce médaillon ancien venu des Carpates, qui permet à son détenteur de révéler — et contrôler — la part de monstruosité de la victime. L’un des enquêteurs mentionnera le personnage de Dracula, mais surtout dans l’idée de trouver une explication aux marques de morsures présentes sur le premier cadavre. Ce sont d’ailleurs les policiers qui étayent le plus la conception classique du vampire, et la possibilité de lutter contre eux avec des pieux. Reste qu’on est plus proche du vampire de science-fiction, avec cette idée que le monstre naît du contrôle mental d’un des protagonistes. La victime est alors assaillie par une forte soif de sang. L’aspect esthétique de créature n’est pas laissé de côté, l’essentiel du climax horrifique tenant justement aux transformations et exactions de Nancy. Visuellement, le personnage devenu vampire se voit affublé d’une paire de sourcils démesurés et de crocs apparents. C’est d’ailleurs le premier film anglophone où les dents du monstre sont dévoilées à l’écran.
Sans être un chef-d’œuvre, Blood of Dracula est un sympathique film de vampire, sans doute l’un des premiers exemples à destination d’un public adolescent. On y retrouve mélangés les poncifs du film teenage avec ceux du genre horrifique. Pour autant, le métrage s’affranchit en grande partie du climax gothique, et flirte davantage avec la science-fiction. De fait, il y a là une certaine cohérence avec la direction donnée à l’époque au vampire dans les productions anglophone, comme Not of this Earth (également sorti en 1957).