Si Bram Stoker ne publie son Dracula qu’en 1897, des découvertes récentes montrent que la croyance en des créatures sorties d’outre-tombe existait en Angleterre avant de faire parler d’elle en Europe de l’Est. En effet, l’exhumation de plusieurs squelettes portant les traces de pratiques rituelles destinées à prévenir leur retour parmi les vivants semble attester, dès le moyen-âge, de la peur envers des morts qui reviendraient s’attaquer à leurs proches encore de ce monde. Au travers d’interview d’archéologues, d’historiens et d’auteurs, ce document essaie de dresser un état des lieux des origines, pratiques et survivances liées à ces croyances.
Secrets of the Dead est une série de documentaires de la chaine PBS qui se penche sur certains mystères du passé, depuis la ville de Troie jusqu’à l’Atlantide, en passant par la crise des missiles de Cuba et, bien évidemment, les vampires. Cet épisode s’intéresse tout particulièrement à des découvertes ayant eu lieu au Royaume Uni, qui font état, bien avant les cas Paole et Plogojovitz en Europe de l’Est, d’une peur réelle pour les morts-vivants. À une époque où les secrets du corps humain (et les modes de propagation des maladies) étaient encore peu ou pas connus, le recours au surnaturel pour expliquer l’inexplicable était somme toute courant. Là où le documentaire tire son épingle du jeu des précédents sur cet aspect des choses, c’est dans sa volonté de montrer que les pratiques sont assez proches d’un lieu et d’une époque à une autre (ici l’Angleterre médiévale, la Venise du XVIe siècle ou la Roumanie actuelle). Reste que le documentaire n’approfondit pas assez, à mon sens, cet aspect et se contente de passer en revue différents cas (que les amateurs du sujet ont probablement déjà eu l’occasion de découvrir dans de précédents documentaires sur le mythe du vampire), tout en cherchant des explications à ces croyances.
Le mythe fictionnel est également présent au cours du documentaire, dans lequel intervient Dacre Stoker, qui met en évidence les recherches de son grand-oncle Bram en amont de la rédaction de Dracula. Se basant sur certaines notes laissées par l’auteur du roman vampirique le plus connu, il pointe certaines caractéristiques communes entre le folklore européen et la manière dont son ancêtre choisit de faire évoluer Dracula.
Côté vampirique, on s’intéresse ici essentiellement aux pratiques destinées à empêcher les vampires de revenir hanter les vivants. Ce qui va de l’exhumation et l’arrachage du cœur du vampire, pour le brûler à la croisée des chemin, à l’empalement des supposés vampires au fond de leur cercueil, en passant par la mutilation de leurs corps (décapitation), voire l’utilisation de pierres ou briques insérées dans leur bouche pour les empêcher de mâcher leur linceul (Matteo Borrini également allusion aux Nachzehrer).
Un documentaire pas inintéressant pour qui souhaite se pencher sur les aspects folkloriques et archéologiques du mythe du vampire, même si on tombe rapidement dans la redite, et si le documentaire choisit de ne pas s’appesantir sur certaines questions qu’il soulève.