Ronald Chetwynd-Haye, auteur de romans d’horreur, se voit accosté par un vampire nommé Eramus qui parvient à lui planter ses crocs dans la gorge. Pour le remercier de cet « en-cas », le vampire propose à l’auteur de le suivre au Club des Monstres, un endroit connu de toutes les créatures surnaturelles de Londres. Là-bas, Chetwynd-Hayes va découvrir quelques vérités sur le monde des monstres, et se faire raconter trois histoires par Eramus.
Le Club des monstres est un film à sketches produit par le studio Amicus, à l’époque un des rivaux de la Hammer. À l’instar du héros du film, jouée par John Carradine, le spectateur se voit ouvrir les portes du Club des Monstres, et découvrir plusieurs histoires les mettant en scène, l’ensemble étant entrecoupé par des interludes musicaux, qui ont lieu sur la scène du club. Un moyen de moderniser le principe de ce genre de films à segments, en contextualisant le récit cadre à l’époque contemporaine ?
Reste que, comme beaucoup de films du genre, ce n’est pas le récit cadre auquel il a été apporté le plus de soins. Certes, il voit John Carradine et Vincent Price jouer en duo, mais la réalisation est moins maîtrisée (à commencer par les clips musicaux, pas franchement bien filmés, malgré des morceaux entraînants et des idées de mise en scène innovatrices – comme ce strip-tease intégral). Il n’en va cependant pas de même avec les 3 récits qui composent la partie segment du film, aussi originaux que biens réalisés.
Le premier et le dernier présentent deux créatures hybrides de l’arbre généalogique des monstres : le Humougu (un croisement entre une goule et un humain) et le Shadmock, tous deux en bas de l’échelle des monstres. Ces deux histoires sont intéressantes en cela qu’elles proposent des innovations sur le monde des monstres (en proposant de nouvelles créatures descendant des monstres habituels, mais avec leurs propres spécificités), et qu’elles se déroulent dans le monde contemporain (même si elles n’en sont pas moins empreintes de gimmick de mise en scène horrifiques : brume, château, etc.). Le deuxième segment met quant à lui en scène le mythe du vampire, choisissant d’explorer les souvenirs d’un réalisateur qui se remémore une enfance rythmée par le rythme de vie particulier de son père.
Le thème du vampire est exploité dès le récit cadre, avec le personnage d’Eramus, vampire qui s’abreuve à la gorge de Chetwynd-Hayes dès la première minute. De son aveu, il est devenu difficile d’effrayer en tant que vampire, la pop-culture ayant permis à tous d’apprendre les moyens de se prémunir des créatures de l’ombre, notamment l’ail et les pieux pour ce qui est des vampires. Le deuxième segment du film, quant à lui, permet de découvrir une brigade chargée d’exterminer les vampires. Et d’apprendre que c’est la profondeur de la morsure qui décide si la victime se transformera ou non en vampire.
Un film assez amusant, qui propose des variations originales (et réussies) sur le thème des créatures surnaturelles, le tout par un casting pas piqué des vers (Price, Carradine, Pleasance, Whitman…), et sous la caméra de Roy Ward Baker.