Kazuhiko Sagawa revient des États-Unis après un long voyage professionnel. Par une soirée de tempête, il se fait déposer en taxi au domicile familial de Yuko, sa fiancée. Mais la mère de cette dernière a une nouvelle tragique à lui annoncer : la jeune femme est morte dans un accident de voiture, il y a deux semaines de cela. Elle propose à Kazuhiko de passer la nuit dans la vieille demeure, avant qu’elle puisse l’emmener sur la tombe de Yuko. Pourtant, une fois le soleil couché, il se retrouve face à sa défunte fiancée. Aurait-il fait un rêve ?
Premier volet du trio de film japonais aujourd’hui connu sous le nom de The Bloodthirsty Trilogy, The Vampire Doll est un long-métrage intéressant à plus d’un titre. La première partie, qui met en scène le personnage de Kazuhiko, fait de nombreuses références au Dracula de Bram Stoker. Ainsi le jeune homme arrive-t-il au château pour se voir accueilli par la maîtresse de maison, qui descend un escalier monumental pour venir à sa rencontre La bâtisse, si on se situe au Japon, à quelque chose de très occidental dans sa décoration, ce qui est expliqué par l’hôtesse.
Pour autant, il ne s’agit pas uniquement là d’une reprise basique des caractéristiques occidentales du mythe. Quand la narration se focalise autour de Keiko Sagawa, le récit prend réellement son envol, et le film tend à se poser comme un mélange habile d’éléments asiatiques et occidentaux (notamment au niveau visuel, ce qui est particulièrement visible avec la tombe de Yuko). Les personnages sont glaçants à souhait, à l’instar de Mme Nonomura et de son serviteur muet et idiot, Genzô. Et la simplicité apparente de l’histoire se complexifiera au fur et à mesure, déjà par l’entremise d’intervenants secondaires, puis dans la bouche de la mère de Yuko et d’un personnage jusque-là anodin.
Il s’agit ici d’une femme vampire, qui ne se déplace que la nuit venue, et ne s’attaque pas à ses proches (notamment sa mère et le serviteur de cette dernière). Elle apparaît de manière fantomatique à ses futures victimes, et utilise une lame effilée pour leur trancher la gorge, avant de s’en nourrir. On apprendra plus loin que son état est lié à une séance d’hypnose qui a précédé sa mort : elle est donc dans une sorte de stase qui a fini par faire d’elle un buveur de sang. C’est pour préserver son corps que sa mère a décidé de ne pas le brûler, allant ainsi à l’encontre des rites funéraires japonais.
Un film clairement atypique, par la manière dont il donne une explication à l’origine du vampire, et par son esthétique qui mêle les codes occidentaux (à commencer par des références à Stoker au niveau de la mise en scène) et asiatiques. Réédité en Bluray chez Arrow Video (avec des sous-titres anglais), qui fidèle à eux-même propose une qualité d’image au top et un coffret qui regorge de bonus, le film était jusque-là relativement introuvable par chez nous.