A noter que les réponses ont été directement rédigées en français par Christopher Buehlman.
Bonjour Mr Buehlman. Pouvez-vous vous présenter pour les visiteurs de Vampirisme.com ?
Salut! Je suis enchanté de faire la connaissance de vos lecteurs, et je suis ravi de voir ce roman publié en France. J’avais l’honneur d’étudier a l’Institut Catholique pendant un été il y a 25 ans, et je voyage dans l’hexagone quand je peux. Je réponderai en français si vous ne me jugez pas trop!
En 2014 sortait The Lesser Dead (Mémoires d’outre-mort en VF), votre quatrième roman. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce texte, et pourquoi vous avez choisi d’aborder la figure du vampire ?
Je ne voulais point écrire une histoire qui traitait de vampires sans sentir que j’avais quelque chose de nouveau à ajouter à la légende. Je vois les vampires comme des monstres, et des malheureux. Pas question de passer l’éternité riche et beau, hyper- sexualisé et sans souci. Ils sont morts, et s’ils ont a des avantages, ils ont aussi des faiblesses terribles. L’inspiration pour The Lesser Dead m’est venue dans un seule image – celui d’une môme trop maquillé qui me fixait de l’autre wagon dans le métro. Tout le reste est parti de ça.
Pourquoi avez-vous choisi d’ancrer votre roman dans le New York des années 70 ? Pourquoi cette période et cette ville en particulier ?
New York aux années soixante-dix était une merveille de dualité – comme dans tous les grandes villes, on avait des super-riches côte à côte avec les très pauvres, mais il y avait une énergie fantastique de possibilités. La littérature, la mode, le théâtre, on produisait tout espèce d’art juste à côté du berceau du ghetto moderne; il y avait du punk rock dans les bars, disco dans les boîtes, l’héroïne dans les ruelles et on brûlait le Bronx. Comment trouverait- on un milieu qui conviendrait mieux à une histoire de vampires qui sont eux-mêmes écartés, autant par les vivants que par les morts plus puissants ?
Vos vampires sont des marginaux, qui choisissent de se cacher sous la terre plutôt que de vivre parmi les humains.
L’histoire de vampires superstars à été racontée à maintes reprises. Je m’intéressais à ce qui se passe quand des types ordinaires se retrouvent parmi les morts-vivants. Pas le comte, ni la princesse, mais la bonne, le prof, le jeune bourgeois.
Dans Mémoires d’outre-mort, le petit groupe dirigé par Margaret doit faire face à des enfants vampires. De votre point de vue, d’où vient cet intérêt récurent pour de très jeunes buveurs de sang (on peut ainsi penser à Timmy Valentine, à Claudia, à Eli…) ?
Le mariage de pouvoirs extraordinaires et des caprices infantiles est vraiment quelquechose à craindre ! Il n’y a presque rien d’aussi horrifiant qu’un très jeune enfant qui peut décider, sans conséquences pour lui-même, du sort de ceux qu’il rencontre.
En 2016, vous avez ajouté une suite à Mémoires d’outre-mort : The Suicide Motor Club (ndt : pas traduit en France). Comme s’articule-t’il avec son prédecesseur et quelles sont les différences ? Il semble que vous ayez choisi, pour celui-ci, de vous intéresser à la figure du chasseur de vampire ?
The Suicide Motor Club est une histoire de vengeance assez brutale. Il existe dans le même monde, dix ans plus tôt que The Lesser Dead, mais je n’appellerais pas cela un prequel. L’histoire se déroule sur les autoroutes américaines plutôt que dans ses égouts et ses tunnels de métro. Ces vampires, fans de « muscle cars », tuent sans remords en provoquant des accidents de voiture et fuient au loin avant le lever du soleil.
Le chasseur de vampire est un autre trope que je ne voulais pas aborder sans innover. Comme les vampires dans ce monde sont plus limités que ceux de beaucoup d’autres histoires, leurs poursuivants le sont aussi. « The Bereaved » sont ceux qui ont perdu quelqu’un à cause des monstres qu’ils poursuivent; ils emploient des méthodes banales pour retrouver leur proie, et ils les affrontent avec des armes dont la fonctionnement n’est pas encore mis a l’épreuve. Parfois ils perdent courage. Parfois ils font des graves erreurs. Mais je pense que ses imperfections leur rendent humains, reconnaissables.
Quelles ont été vos premières et dernières rencontres avec des vampires (en littérature, au cinéma ou en musique) ?
Je ne peux pas vous dire quelle a été la première histoire de vampire que j’ai entendue, mais 1979 a été une année importante dans ma relation avec le mythe; C’est alors que j’ai vu la version avec Frank Langella de Dracula et aussi la version télévisée de Salem’s Lot. Ce dernier reste un de mes favoris films vampiriques. Je crois que Salem’s Lot est aussi le dernier roman que j’ai lu dans le genre.
Avez-vous d’autres projets à venir sur le sujet ? Quelle va être votre actualité dans les prochains mois ?
Bien que j’ai beaucoup aimé écrire ces deux romans, et même si je peux revenir un jour sur la légende des vampires, je laisserai les morts-vivants se reposer dans un avenir prévisible. Ayant écrit cinq romans d’horreur, je voudrais explorer un autre genre – peut- être la fantasy.
Merci beaucoup de votre intérêt !