Bonjour. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?
Comme tous les roux, je crains la compagnie du soleil. Cependant, mes canines sont de taille normale et mon liquide rouge préféré, c’est plutôt le bordeaux.
À part ça, j’ai commencé à dévorer des romans avant de savoir lire, j’en ai écrit un à dix ans (c’était une histoire de chevaliers à l’époque de Louis XI), et j’ai publié (sous pseudo) pour la première fois à trente-trois ans. Ça fait pas mal d’années d’apprentissage, c’est sûr.
Rock Star Vampire est mon cent-douzième livre, dont une centaine sous différents pseudos. Yves Bulteau, donc, c’est mon vrai nom!
Auteur de nombreux romans en tout genre (policier, SF, horreur, …) pourquoi avoir choisi cette fois d’illustrer la figure du vampire ?
C’est parti d’une conversation avec de jeunes lectrices, sans doute autour de Twilight. Je me suis dit : OK, si je devais écrire un roman de bit-lit romantique à ma façon, qu’est-ce que ça pourrait donner ? La plupart du temps, ce genre d’exercice s’en tient à quelques pages. Juste un jeu. J’ai donc écrit le prologue de RSV et, par curiosité, je l’ai fait lire aux mêmes lectrices. Leur réaction a été unanime : elles voulaient la suite, impérativement. Intrigué, j’ai transmis ce prologue à une éditrice de YA qui m’a elle aussi encouragé. Et voilà : Selma s’est installée dans ma tête pour me raconter son histoire et elle s’est accrochée, je n’avais plus qu’à m’exécuter.
Ça se passe souvent comme ça : je ne choisis pas de mener à terme un roman ou une série de romans sur un thème donné, ce sont les personnages qui me choisissent et qui décident de se servir de moi pour exister.
Pourquoi avez-vous préféré vous détourner du mythe originel ?
Là encore, je n’ai rien décidé du tout a priori. Stephen King a écrit quelque part (en substance) qu’il y a deux sortes de romanciers : ceux qui décident de tout, qui planifient tout, qui ne peuvent commencer l’écriture d’un roman sans en avoir programmé la fin, avec toutes les étapes intermédiaires ; et ceux qui, comme lui, se jettent à l’eau sans savoir où ils vont, qui se mettent à l’écoute de leurs personnages et avancent avec eux, découvrant peu à peu l’histoire en train de se raconter. J’appartiens à cette catégorie. Mon moteur, c’est d’aller vers l’inconnu, d’accompagner les personnages dans l’aventure de leur vie. Les vampires tels qu’ils apparaissent dans RSV n’ont pas grand-chose à voir avec ceux du mythe originel, c’est vrai. D’ailleurs, à part le titre, le mot n’est jamais écrit dans le livre. Ils sont différents et c’est tant mieux pour les lecteurs, je crois. Vive la différence. Les livres sont libres.
Quelle a été votre principale source d’inspiration pour développer le personnage de Selma et son groupe de rock ?
Selma est une jeune fille hors-norme, dont la nature différente perturbe le monde qui l’entoure, au sens fort du mot perturber. Je me suis aperçu peu à peu que dans pratiquement tous mes romans, le personnage le plus important était comme ça : une fille jeune, un électron libre dont la seule présence fait exploser tous les repères, tous les garde-fous. Je me suis longtemps demandé d’où me venait ce personnage qui se déclinait sous différentes formes, de livre en livre. Maintenant, je sais qui c’est. Ça remonte à mon adolescence. Quelqu’un qui a beaucoup compté, et qui, à mon avis, n’a pas fini de hanter mes romans sous la forme d’un avatar ou d’un autre.
Quant à la musique… eh bien, à cette époque-là, je jouais de la guitare dans un groupe de rock. Peut-être que ceci suffit à expliquer cela !
Mais y a-t-il vraiment besoin d’une source d’inspiration précise pour que jaillisse la musique ? Il suffit de savoir écouter le ciel de la nuit, comme Selma.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographique) ?
La première rencontre, c’était avec Christopher Lee dans les Dracula des années 60/70. Gamin, j’étais pétrifié, terrorisé. Surtout au moment du pieu dans le cœur.
Ma dernière rencontre marquante est également cinématographique : Morse, du Suédois Tomas Alfredson. C’est un film magnifique, tout en subtilité, qu’il faut voir et revoir. L’actrice qui joue la jeune vampire est prodigieuse. Et comme Selma, elle se balade en tee-shirt dans la nuit glaciale. Il y a des chances pour que cette caractéristique de mon héroïne m’ait été directement inspirée par ce petit bijou du cinéma vampirique !
Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est-ce qui en fait la pérennité ?
La peur, la nuit, la différence, le sang vital qui s’écoule, la vie et la mort étroitement mêlées (du moins pour ce qui concerne le mythe originel). L’envie et la répulsion. La terreur et l’amour impossible. Tous ces thèmes hantent l’imaginaire des humains depuis toujours. Parmi tous les êtres de légende, le vampire les incarne à merveille. Et comme ce sont des êtres fantasmagoriques, ils peuvent changer du tout au tout, évoluer en fonction des époques. Les vampires d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier, et ceux de demain seront différents, eux aussi. Ils ont tout l’avenir devant eux, je crois. Cela dit, quand on est un vampire, quoi de plus normal que de prétendre à l’éternité?!
Avez-vous encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?
La question du moment, qui se pose avec insistance dans la tribu des blogueuses et des blogueurs, c’est : y aura-t-il une suite à Rock Star Vampire ? Pour la très grande majorité, il semblerait que ce soit une évidence, et c’est vrai que la fin est ouverte et que nombre de tiroirs ne sont pas refermés, comme on dit dans le jargon des auteurs. Pour le moment, aucun tome 2 n’est programmé, mais ça ne signifie pas pour autant qu’aucune suite ne verra le jour. Je sens que Selma, très sensible à ce qui s’échange sur la toile, commence à piaffer d’impatience et a très envie de s’inviter à nouveau dans ma tête pour me raconter la suite de ses aventures. L’avenir nous dira ce qu’il en est.
Sinon, je travaille sur un thriller psychologique avec des morceaux de fantastique dedans, qui devrait s’intituler Crépuscule du loup. Une héroïne atypique, encore une fois, mais moins jeune que Selma. Pas de parution prévue pour le moment, le “chantier” n’est pas encore assez avancé.
Autre projet en cours : un petit bouquin censé plonger dans la mémoire fantasmatique de mon enfance de rêveur pathologique. En principe, ça s’appellera Demain j’ai tué le curé. Un OVNI littéraire. Trouver un éditeur pour ce truc-là ne sera pas une sinécure.
Enfin, une idée de série jeunesse encore à l’état d’embryon. Titre générique : Zazi, héroïne fantaizi. Je garde le pitch pour moi, c’est encore trop flou pour être au net !