Quand avez-vous découvert Dracula la première fois : avec les films ou avec le roman ? Et quel en a été l’impact sur vous ?
C’est via la télévision que j’ai été en premier lieu confronté à Dracula. La BBC diffusait fréquemment de vieux films de la Hammer, et les Dracula avec Christopher Lee étaient des piliers de leur offre horrifique. De quoi me valoir de nombreux cauchemars avec des vampires, ce dont j’aurai pu me passer en tant qu’enfant. Bizarrement, je n’ai jamais fait de mauvais rêves avec des loups-garous, avec Frankenstein ou avec des Daleks. Uniquement avec Christopher Lee.
Comment avez-vous eu l’idée d’adapter le Dracula de Bram Stoker ? Et pourquoi avoir opté pour une aventure textuelle. Je veux dire, 1986 a aussi été l’année du premier Castlevania, et le début d’un vrai boom de jeux plus « graphiques » ?
Le développeur, designer et auteur Rod Pike était venu nous proposer une histoire horrifique, Pilgrim. Nous lui avons suggéré de faire Dracula, ayant en tête d’en faire le premier jeu avec un certificat, ce qui a été le cas. Ça a été le premier jeu vidéo à se voir apposer un certificat de film, voire un certificat tout court, en fait. Le British Board of Film Classification l’a en effet rapidement interdit aux moins de 15 ans. C’était délibéré de notre part. J’avais le sentiment que ça nous vaudrait une couverture importante, et que ça décuplerait les ventes. C’était un vrai troll, et ça a fonctionné. Le BBFC a vu directement qu’il y avait là un nouveau business pour eux, et nous a grandement facilité la tâche.
Le jeu est divisé en trois parties, mais se focalise principalement sur deux des temps forts du roman. Dans un premier temps, le joueur incarne Jonathan Harker, jusqu’à ce qu’il s’échappe du château de Dracula. Puis, il joue Jack Seward, dans l’asile de Carfax. Pourquoi avoir choisi ces deux personnages et moments précis du récit ?
C’est purement un choix de l’auteur. Nous n’avons pas pris part au processus créatif. Nous avons uniquement ajouté des graphismes, lesquels s’avéraient nécessaires pour obtenir le certificat visé. Pour le reste, textes et narrations étaient maitrisés à 100 % par Rod Pike.
Quand le jeu a été publié, comment a-t-il été reçu, par le public et par la presse spécialisée ?
Les ventes de Dracula ont été très bonnes, bien meilleures que s’il était sorti sans certificat. La presse n’était pas très fan de nous, parce que nous ne faisions pas beaucoup de publicité. De fait, nous recevions essentiellement des retours assez froids. Cela n’a pas empêché le jeu de se construire une solide base de fan, et c’était satisfaisant pour nous. Nous avons enchaîné avec Wolfman, qui a récolté une interdiction aux moins de 18 ans, ce qui a aussi été le cas pour le suivant, le fameux Jack the Ripper.
Le jeu est disponible en émulation en ligne via archive.org.