Bonjour Christian. Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Je suis le Conservateur du Surnatéum, et également magicien professionnel. Les deux « fonctions » étant liées, l’illusionniste possède un esprit critique très aiguisé qui permet au Conservateur de ne pas se laisser embarquer dans des croyances absurdes et des faux-semblants. Le Conservateur offre de son côté, une énorme collection d’objets rares liés à l’étrange que l’illusionniste met en scène dans des soirées privées. Je suis, de par cette combinaison, devenu un spécialiste d’une forme d’illusionnisme appelée « Magie Bizarre », qui utilise des artefacts rares et précieux pour ses soirées.
Pouvez-vous nous présenter le Surnatéum, et tout particulièrement les objets liés au mythe du vampire qui en sont partie intégrante ?
Le Surnatéum ou Muséum d’Histoire Surnaturelle est une très importante collection d’artefacts liés à la magie et à son histoire au cours des âges. Les thèmes développés vont des fées au vampire en passant par le spiritisme, les fantômes, les créatures mythiques ou cryptozoologiques, les malédictions, l’archéologie fantastique, les mythes etc. La collection vampirique, pour laquelle j’ai un attachement particulier, comporte, outre les ouvrages de Don Calmet (ed.1751), de Montague Summers et d’autres, un authentique kit de tueur de vampire, des fac-similes d’époque du Visum et Repertum, un matériel de Drabardi (sorcière rom)contenant des éléments liés aux dhampire, une seconde édition américaine de Dracula et une lettre manuscrite de Bram Stoker (à l’entête du Lyceum Theatre), des bols à démon babyloniens, quelques terracotta de Camazotz, etc. Nous avons également un rarissime équipement pour éliminer les Djinns et les Goules, dans les traditions musulmanes. Je suis donc bien plus attiré par le véritable Dracula (sir Henri Irving) que le personnage historique qui a inspiré le roman.
Alors que les collections du Surnatéum étaient jusque-là uniquement réservées à des expositions sporadiques, pourquoi avoir décidé de lui donner une réalité physique ?
Depuis longtemps, je rêvais de pouvoir donner un corps physique au Surnatéum. Nous sommes passés du Surnatéum entrepôt au Surnatéum cabinet de curiosité. Les collections existaient mais devenaient inaccessible, tellement ‘espace nous manquait. J’ai aussi voulu garder l’aspect intime de cet univers dans lequel les invités peuvent se sentir chez eux. Les objets peuvent désormais être montrés et contés lors de visites et/ou de soirées.
Par qui ont été conçus les kits de chasseurs qui font parti des collections du Surnatéum ? Ont-ils été réellement utilisés ?
Nous avons deux « kits » dans nos collections. L’un appartenait à un chasseur « occasionnel », l’autre a été assemblé par Nicolas Plomdeur, armurier liégeois à Paris, à la demande du professeur Ernst Freiherr von Blomberg de Lübeck. Les deux kits ont clairement été utilisés. Je vous signale également que c’est notre équipe qui a retrouvé la trace de Blomberg, personnage que l’on finissait par croire « mythique ».
Le Surnatéum possède en outre des objets liés à des divinités de type proto-vampires (comme les lamias). Comment étaient utilisés ces objets ? Possédaient-ils un pouvoir propre, ou leur effet était-il conditionné par la foi de ceux qui les utilisaient (voire par des rituels codifiés) ?
Les bols à démon étaient placés renversés dans les coins des habitations, les mauvais esprits essayant d’entrer par là. Sous ces bols, on plaçait un peu de nourriture pour les appâter et les capturer dans les incantations (en écriture sémitique). Il existe également des sceaux et amulettes ayant des fonctions apotropaïques.
Vous avez collaboré avec Yves Swolfs autour du projet Rhésus. Comment est née cette collaboration ? Quelle sombre vérité se cache derrière l’histoire que vous y racontez ?
Un jour, j’ai invité les propriétaires du magasin de BD Brüsel, à écouter l’histoire appelée Rhésus. Ils ont tellement été impressionnés qu’ils m’ont demandé de collaborer avec Yves Swolfs pour produire un livret qui accompagnerait la sortie du tome 4 des « Princes de la Nuit ». Mais le projet a pris une telle ampleur, qu’il est devenu un magnifique livre à part entière. L’histoire est très légèrement romancée, mais suit parfaitement l’enquête d’un chasseur de vampire en 1899.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographiques) ?
Je me souviens peu de ma première rencontre avec un vampire, mais la lecture de Dracula a toutefois marqué mes débuts. Je n’oublie pas non plus Vampirella et Dracurela qui ont marqué ma jeunesse. Mes derniers gros coups de cœur sont pour le film Morse (la version originale) et le Dracula, (pages tirées du journal d’une vierge, de Guy Maddin.
Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire ? S’agit-il seulement d’un mythe ? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Le mythe du vampire comme celui des démons et des sorciers semble dater de l’aube de l’humanité. Ne me basant que sur des faits, je constate toutefois que ce sont des médecins et des militaires qui provoquent l’hystérie vampirique du XVIIIème siècle, et que l’Etat (Marie Thérèse d’Autriche et le Pape benoît XIV) qui « étouffent l’affaire. Comme Louis XV avec le cas de la Bête du Gévaudan. L’Etat nous ment donc pour faire croire que le problème n’existe pas ou plus. Le mythe du vampire a fort évolué au cours des trois derniers siècles et semble toujours refléter un aspect très sombre de nos sociétés. Je vous rappelle que son équivalent musulman, le Djinn, est considéré comme une réalité dans l’Islam.
Quels sont les prochains projets autour du Surnatéum ? Les collections liées au thème du vampire sont-elles amenées à continuer de grandir ?
Le projet actuel est surtout de faire vivre le cabinet de curiosité en l’ouvrant à un public sélectionné. Nous ne cherchons pas de thèmes particuliers, en général ils se présentent à nous d’eux-mêmes. Je rêve d’une édition originale du Vampire de Polidori, mais pour l’instant nos budgets ont étés consacrés à la matérialisation du Surnatéum. Nous sommes toutefois toujours en recherche d’objets rares illustrant la réalité de ces mondes dits « fantastiques ».