Constantine, Storm. Interview avec l’auteur d’Exhumer l’ombre

Bonjour, Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

J’ai été auteur toute ma vie, mais je n’ai été publié la première fois qu’à partir des années 1980, avec ma trilogie Wraeththu The Enchantments of Flesh and Spirit, The Bewitchments of Love and Hate et The Fulfilments of Fate and Desire. Les Wraeththu sont une race androgyne qui émerge des ruines de l’humanité. On les a comparé aux vampires en cela qu’ils engagent les humains à devenir comme eux, en changeant physiquement, sachant que ce processus fait intervenir le sang.

Je m’intéresse à ce qui est sombre, au mystérieux et au gothique, ce qui influence toute mon œuvre. Je dirige une petite maison d’édition nommée Immanion Press, qui publie mes anciens ouvrages de manière à les garder disponible pour les lecteurs. Nous publions aussi d’autres auteurs de fiction, tels que Tanith Lee (pour sa série Colouring Book), et avons également une collection de non-fiction, Megalithica Books, spécialisée dans les livre sur la magie et l’occultisme. De mon côté, je travaille actuellement sur un nouveau roman consacré au Wraeththu, qui est avant tout une histoire de fantômes, vu que j’adore ça.

Enterrer l’ombre semble votre première publication mettant en scène des vampires. Pouvez-vous nous raconter la genèse du roman (publié en deux tomes en France) ?

J’ai toujours été fascinée par les légendes d’anges déchus et de vampires. Au moment où j’ai eu l’idée d’Enterrer l’ombre (au début des années 1990), les romans de vampires représentaient ce que tout éditeur attendait des auteurs – ce qui a engendré l’énorme genre vampirique qui existe aujourd’hui. À cette époque-là, beaucoup d’auteurs de fantasy et d’horreur proposaient à leurs éditeurs des romans mettant en scène des vampires. J’aimais l’idée de mélanger les concepts de vampires et d’anges déchus, et c’est comme ça que j’ai eu l’idée des Éloims – des vampires qui existent au sein même de l’humanité, soutenus par de riches mécènes. Les Éloims, dans le monde que j’ai créé pour eux, sont la source de tous les arts, musique et littérature. Je voulais également écrire un roman de vampire sans utiliser une seule fois le mot « vampire » !

D’où est venu l’idée de la relation symbiotique qui unit les Éloims et les familles de Mécènes ?

Je voulais m’éloigner de l’idée du vampire-prédateur qui vit soit en solitaire, soit en clans. Les Éloims sont intégrés à l’humanité à un certain degré mais seuls les riches Mécènes connaissent leur véritable nature et leur fournissent l’alimentation dont ils ont besoin. Les Éloims vivent dans des ateliers baroques, où les Mécènes sont reçus comme des visiteurs de marque. Pour les humains, faire offrande de son sang aux Éloims est une expérience sublime ; mais elle va rarement jusqu’à la mort. Bien qu’il y ait des cérémonies où les Éloims tuent.

Lorsque vous avez publié ce roman, la mode était plutôt aux romans se déroulant dans un contexte moderne, voire urbain. Pourquoi avoir décidé de faire évoluer vos personnages dans un univers non réaliste (particulièrement dans une ambiance très dark fantasy) ?

Les choses sont venues assez naturellement. Je pouvais visualiser les villes, le monde et les gens qui y évoluaient. Tout le monde proposait des récits de vampires contemporains, aussi voulais-je créer quelque chose de différent.

Le roman se structure autour de deux personnages féminins forts : une Éloim (Gimel) et une humaine disposant de capacités psychiques (Rayojini). Quel était votre intention en mettant en place ce double point de vue ?

Rayojini, l’humaine, sait qu’il y a des choses dans ce monde que même elle, une terrâmienne qui peut lire dans l’esprit des gens, ignore. D’étranges évènements, en particulier l’apparition d’une espèce de mort vivant dont les esprits lui sont fermés, lui donnent l’envie de percer les mystères et les secrets qui sont tapis dans l’ombre. À contrario, Gimel l’Éloim recherche une terrâmienne pour aider les siens qui sont peu à peu les victimes d’une terrible maladie de l’âme. Je voulais montrer l’histoire depuis les deux points de vue – pour faire simple d’un côté Gimel qui sait tout et, au commencement du moins, Rayojini qui ne sait strictement rien. J’ai apprécié d’écrire sur la compréhension progressive du mystère par Rayojini, et les endroits où cela l’a menée.

Dans l’édition française du livre, il y a de nombreuses illustrations de Ruby. Etait-ce pareil dans l’édition originale ? Ces illustrations sont-elle une manière d’appuyer l’ambiance onirique de l’histoire ?

Ruby est une de mes artistes favorites, et elle sait exactement comment donner vie à mes personnages à travers son art. Malgré cela, ses illustrations n’étaient pas dans l’édition originale.

Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (en littérature et / ou au cinéma et / ou en musique) ?

C’est très difficile de dire quelle fut ma première rencontre avec des vampires – probablement un livre ou un film vu durant mon enfance qui a engendré mon amour pour les choses sombres. J’ai vraiment apprécié les vieux films de la Hammer. Je ne pense pas que le cinéma ait fait mieux avec les vampires – peut-être que seuls la trilogie Underworld et Entretien avec un vampire sont, selon moi, supérieurs. Mais il existe un nombre incroyable de mauvais films de vampires. J’ai essayé de regarder Twilight – bien que le premier film puisse être regardable du point de vue d’un adolescent – mais j’ai détesté le sentimentalisme progressif de la chose, et son côté mielleux, et j’ai donc arrêté de regarder ces films au troisième volet. C’est dommage, parce que j’aime les films où Michael Sheen montre les crocs !

De votre point de vue, comment peut-on analyser le mythe du vampire ?

Peut-être est-ce mieux de ne pas le faire, et de laisser le mythe conserver sa part de mystère. Ça fait partie de son immortelle attractivité !

Avez-vous d’autres projets sur ce thème ? Quelle va être votre actualité dans les prochains mois et semaines ?

Étant donné que les vampires sont devenus un genre populaire, si je devais revisiter à nouveau leur territoire, j’apprécierais à nouveau de faire quelque chose de différent. Certainement pas de la romance pour adolescent en tout cas *frémissement*. Pour moi, l’attrait du vampire vient de son altérité, de sa mystique. Je n’ai aucune envie de lui retirer cela.

Comme je l’ai dit plus tôt, je travaille actuellement sur une histoire de fantômes liée aux Wraeththu, et je fais de mon mieux pour m’effrayer moi-même en l’écrivant. Je travaille également pour de nombreuses nouvelles pour diverses anthologies. La dernière histoire que j’ai écrite qui mette en scène l’idée de vampire est « Where the Vampire Live », qui a été publiée dans l’anthologie Love at First Bite, publiée par Newcon Presse.

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