Bonjour. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?
Bonjour ! Cécile Duquenne, 24 ans, jeune auteur publiée, j’arpente les terres des littératures de l’imaginaire depuis une dizaine d’année. Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue est mon deuxième roman publié.
En parallèle de mes activités d’écrivain, je suis étudiante en faculté de lettres, où j’apprends le japonais depuis trois ans. L’an prochain je vais me spécialiser en traduction littéraire pour mon master. Où que j’aille, j’en reviens toujours à la littérature…
Sinon, dans mes rêves les plus fous, je suis sorcière à Poudlard, pirate de l’espace, espionne intergalactique ou vampire immortelle, voire tout ça à la fois !
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser au thème du vampire ?
Lectrice assidue de littérature vampirique classique et moderne, j’en avais marre des vampires beaux, sexy, qui sentent bon le sable chaud et vont chez l’esthéticienne entre deux petits « cous » à boire. Je voulais écrire quelque chose de volontairement « monstrueux », mais pas nécessairement gore non plus.
Les vampires ont été humains : ils sont cassés, brisés, perdus. Je voulais explorer la part du mort qu’il y a en eux. Qu’est-ce qui les rend vraiment morts ? Et pourquoi ? Et comment ?
Comment s’est passée la rencontre avec votre éditeur, puis le travail avec les gens de Cocyclics ?
A vrai dire, le travail avec CoCyclics a été antérieur à la sélection éditoriale. Je fais partie du collectif, et c’était la première fois que je passais du côté des auteurs qui sont corrigés. D’ordinaire, en effet, je suis plutôt dans les rangs de ceux qui commentent et bêta-lisent ! Je savais donc à quoi m’attendre. Je savais aussi ce que je cherchais en soumettant le texte chez eux : une aide pour maîtriser le format « novella ». C’était la première fois que je m’attelais à ce format de texte, et je me considère toujours comme une apprentie. Une aide était donc impérative.
Le travail en collaboration avec CoCyclics (et mes merveilleux bêta-lecteurs que je ne remercierai jamais assez !) m’a permis d’apprendre à maîtriser ce format : 200 000 signes, c’est court, et il fallait impérativement que je parvienne à ajuster le dosage entre les personnages, l’intrigue, l’univers, etc.
En ce qui concerne les éditions Voy’[el], je connaissais déjà Corinne Guitteaud, qui en est la fondatrice et dirigeante. Lors d’une convention, j’avais parlé avec elle de mon projet d’écriture autour de « vampire bizarres », en lui disant que je le lui enverrai le texte fini en même temps qu’à d’autres éditeurs potentiellement intéressés. Même si j’avais déjà un contact privilégié avec mon éditrice, le manuscrit est passé par les voies normales de la sélection éditoriale. Il a finalement été accepté chez Voy’[el], avec qui j’ai travaillé pour la version papier, ainsi que chez Bragelonne, qui m’a proposé une édition numérique.
De par son détachement des repères spatiaux et temporels, le premier volet de votre série a un côté très «pièce de théâtre». Est-ce voulu ?
Ce détachement est directement inspiré de certains romans du 19e siècle, dans lesquels les noms de rues et de lieux étaient remplacés par trois petits points mystérieux. Je ne suis bien entendu pas allée jusque là, mais ce flou spatio-temporel donne un petit côté intemporel à l’ambiance générale du roman. Je trouve le mythe du vampire intemporel, lui aussi, et ce lien entre le sujet du roman et sa forme me plaisait bien.
Pour le côté « pièce de théâtre », c’est également voulu, étant donné que les personnages sont assez théâtraux dans leurs réactions. De plus, Jules Renard disait « Nous voulons de la vie au théâtre et du théâtre dans la vie ». Quadruple assassinat peut se voir sous ce jour : comme une pièce de théâtre où les acteurs joueraient leur propre rôle, dans leur propre vie. En écrivant ce roman, mon but était de donner au fantastique un air de réel. Une dose de pragmatisme sans perdre la part de rêve. Je trouve d’ailleurs que, en règle générale, le théâtre réussit très bien cela.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographiques) ?
Je me souviens avoir constitué un dossier sur ce thème alors que j’étais en sixième au collège. J’ai grandi en connaissance du mythe, mais sans jamais vraiment me passionner pour celui-ci. Le déclic est venu il y a quelques années avec Buffy the vampire slayer, que j’ai découvert sur le tard. Une claque télévisuelle ! Depuis, je lis, regarde et écoute tout ce que je trouve autour du mythe du vampire.
Ce n’est pas une découverte très académique, ni très glorieuse, mais c’est ainsi que ça s’est passé…
Mon dernier coup de cœur vampirique va à la série de Gail Carriger : Alexia Tarabotti. Un mélange de steampunk et de vampires, saupoudré d’humour, d’absurde, assaisonné de moult aventures… j’adore !
Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Je pense que le mythe du vampire est un reflet de notre société et de ses aspirations : l’immortalité, les affres de la passion, la fascination pour la vie, la fascination pour la mort… ce n’est guère original mais c’est ainsi que je vois le vampire. Comme un reflet familier dans le miroir de l’humain.
Sinon, en ce qui concerne sa pérennité, je crois que c’est lié à son immortalité. Un être immortel peut traverser tous les âges et, donc, tous les genres. C’est un mythe pétri de traditions mais qui laisse tant de place pour l’appropriation : les variations sont infinies ! C’est pourquoi le mythe perdurera, je crois.
Avez-vous encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?
Dans les prochains mois, la version numérique de Quadruple assassinat… paraîtra chez Bragelonne. Je compte également corriger la suite de Quadruple assassinat, dont la publication ne devrait pas trop tarder. J’ai pris de l’avance dans l’écriture des aventures de mes Nécrophiles Anonymes !
Quand j’aurai terminé cette série, ou peut-être entre deux tomes, je ne sais pas encore, je compte m’attaquer à un autre projet sur le thème du vampire. Il n’a pas encore de titre mais j’ai déjà pas mal d’éléments en place : un clan de vampires dans le Rajasthan de l’Inde coloniale, un cultivateur de thé qui met son nez dans leurs affaires… au programme, beaucoup de sang et de thé ! 😉