Bonjour Guillaume. Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas encore ?
Bonjour à tous. Comment parler de soi en quelques lignes ? L’exercice est plus difficile qu’il n’y parait. Ce qui me conduit parmi vous est le fait que je suis l’auteur d’Aux Frontières de l’aube, roman de Fantasy dont nous parlerons plus loin. Ce roman est mon premier mais certains ont pu lire une ou deux nouvelles parues précédemment. J’ai 42 ans et je vis dans le Nord de la France. Informaticien de formation, je dirige aujourd’hui une école du domaine et partage mon temps entre ce métier, ma famille et l’écriture.
Tu as sorti il y a peu de temps Aux frontières de l’Aube, aux Editions Asgard. Peux-tu nous expliquer la genèse de ce projet ?
Ce projet a pour origine un scenario de jeu de rôle grandeur nature, conçu avec des amis il y a bientôt quinze ans. J’ai toujours été convaincu qu’il y avait matière, au-delà du jeu, à tirer un roman de cette histoire et de la faire partager à un maximum de monde. L’unité de lieu et de temps qui marquent les deux tiers du roman ne sont pas liés à un respect des canons de la tragédie grecque mais bien du fait que, destinée à être joué en temps réel, cette histoire répondait naturellement à ces critères. Il s’avère que ce qui était au départ un impératif d’organisation, répond parfaitement à ce que je voulais faire du roman : une histoire tendue, au rythme relevé, qui ne laisse pas au lecteur le temps de souffler.
Les grecs avaient raison : les unités de temps et de lieu sont deux éléments structurants qui participent au souffle épique du texte. Pour l’unité d’action, en revanche, on en est très éloigné ; les intrigues se croisent et s’emmêlent jusqu’aux dernières lignes…
Comment s’est déroulé le partenariat avec Cocyclics ?
Très bien évidemment :-). Aux frontières de l’aube a été le premier roman travaillé par le collectif. Ce qui n’était qu’une utopie vue par Syven et les premiers créateurs du forum, est devenu une réalité. Le résultat de ce travail a permis d’améliorer grandement la première version du texte pour en tirer un roman présentable. Plus concrètement, Les Frontières ont été travaillées en deux temps. Tout d’abord Syven, la fondatrice du collectif, auteure du récent roman fantastique « Au Sortir de l’ombre », s’est attachée à pointer les soucis de rythme ou de structure du texte. Dans un second temps, plusieurs relecteurs m’ont aidé à retravaillé les fautes de style et les inévitables coquilles qui émaillaient le texte. Il a fallu un an de travail pour achever toutes ces relectures et corrections.
Cette expérience avec Cocyclics m’a été très profitable, y compris pour mes autres textes. Quant à ma collaboration avec le collectif, elle s’est intensifié et j’ai rejoint le groupe des permanents qui animent et administrent le forum. Après 2 ans de permanence, j’ai aujourd’hui pris du recul par manque de temps mais je garde un grand attachement à ce collectif dont le succès ne s’est jamais démenti.
La Translavynie, l’utilisation du prénom Vlad, ces clins d’oeil au berceau occidental du mythe du vampire sont-ils juste fortuits ou partent-ils d’une volonté précise ?
Croyez-vous qu’il puisse s’agir d’une coïncidence ? Non, c’est évidemment un choix délibéré. J’avais deux solutions pour animer ce roman. La première était d’inventer un monde complet et de transmettre ce monde au lecteur par de grandes descriptions ou des scènes d’exposition. Le risque était de perdre le rythme et de délayer l’action. J’ai choisi de faire exactement le contraire. Je me suis focaliser sur le scénario et l’action. J’ai donc choisi des noms porteurs d’images d’Epinal connues de tous les amateurs de Fantasy. Parler de Translavynie et le lien avec la Transylvanie est immédiat. Citez le comte Vlad III Milocescu et une image se forme aussitôt dans l’esprit du lecteur. Cet artifice me permet d’intensifier le rythme. Quand un tiers du roman se déroule en l’espace d’une nuit, cette accélération était nécessaire.
De plus, c’est assez iconoclaste mais je me suis fait plaisir en glissant quelques jeux de mots et private joke qui, je l’espère, feront sourire ceux qui les repèreront.
Dans le roman, tu mets en scène une variation autour du mythe du vampire qui puise ses racines dans la sorcellerie et la magie. D’où t’es venu cette idée ?
Je ne voulais pas d’un vampire lié à l’ail et aux pieux. Je ne voulais garder que le côté inquiétant du suceur de sang immortel. C’est pour cela que le mot vampire n’est jamais cité. Les références sont là mais avec la petite lampe « attention » allumée. Pour les origines de ces créatures, je me suis basé sur la cosmogonie de l’univers et ils sont donc liés aux Ténèbres, monde maléfique qui coexiste avec celui des hommes. Pour la transmission de l’immortalité, je ne voulais pas me contenter d’un simple « je te mords et hop, tu es vampire, immortel ». Il faut qu’il y ait une acceptation de la part du futur Guetteur du Crépuscule. On est donc, de la part du donneur, dans une position de séduction. Le donneur doit convaincre son descendant d’accepter le « don obscur ». L’immortalité et la puissance, certes, mais à quel prix ?
Quelles sont tes premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographiques) ?
Il y en a de multiples. Je ne suis pas certain de me souvenir de mon premier contact mais je pense qu’il doit s’agir du Cauchemar de Dracula, grand classique avec Christopher Lee et Peter Cushing que j’ai dû voir vers 12 ou 13 ans. C’est en gros à la même époque que je suis tombé sur un Bob Morane du cycle d’Ananké dans lequel le héros affronte un comte vampire dans un monde parallèle. J’ai vu Le bal des vampires de Polanski dans la foulée. Pour ce qui est du vampire classique, j’ai ensuite connu Le Dracula de Bram Stocer et la série des Lestat de Rice qui m’a un peu déçu. Dernièrement, j’ai été conquis par la trilogie du Nécroscope de Brian Lumley. On est dans l’horreur pure. L’ambiance est particulièrement glauque et bien plus crédible. Le baroque romantique du vampire du XIXème est séduisant mais reste très romanesque. Si des vampires devaient se manifester aujourd’hui, je crains qu’il ne ressemble plus à ceux de Lumley qu’à ceux de Stoker.
Autre souvenir de vampires particuliers : je ne peux pas oublier de citer Lifeforce sorti quand j’avais 16 ans et dans lequel la plastique de Matilda May était spécialement mise en valeur…
Pour toi, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Le vampire est une créature finalement très complexe et qui possède de très nombreuses possibilités de lectures. La base est pourtant simple : immortel et amateur de sang. La simplicité de cette base permet justement de très nombreuses interprétations. Il suffit d’ailleurs de jeter un œil sur la liste ci-dessus pour s’en rendre compte.
C’est je pense la richesse de ces variations sur le même thème qui lui donne sa popularité. Enfin, je pense que la facette romantique est un des ciments du mythe. Le retour à la mode du romantisme sous diverses formes sert le personnage plus que d’autres créatur
es du bestiaire qui ne véhiculent pas cette image. Même s’il est dépassé et parfois rejeté, le Dracula de Stocker reste le ciment de toute la filiation actuelle.
As-tu encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être ton actualité dans les semaines et les mois à venir ?
La semaine est une unité de mesure beaucoup trop petite quand on parle de littérature. Je serai au salon de Nieppe le dimanche 2 octobre. Ce sera l’occasion de rencontrer les lecteurs du Nord auxquels j’aurai le plaisir de dédicacer le roman.
Sinon, je travaille actuellement sur un roman fantastique. Dans cette histoire, pas de vampires, mais si tout se déroule comme je l’envisage ce ne sera que partie remise. J’espère que ce prochain roman sera le premier d’une série de 3 ou 4. Cette série se déroulera dans le Paris de la fin des années 1920. Chacun sera l’occasion de confronter les héros à des créatures fantastiques. Le premier tome tournera autour du Baphomet mais le second devrait s’intéresser aux vampires. Je peux d’ores et déjà vous dire que j’y traiterais de ma vision de l’origine des vampires et de leur lien avec l’Egypte des pharaons.