Bonjour Marika. Peux-tu te présenter pour les lecteurs de Vampirisme.com ?
Bonjour. Je suis une toute jeune auteur suisse qui approche la trentaine, et dans la mesure où mon premier roman vient de paraître, je n’ai pas grand chose d’autre à dire niveau présentation ! J’écris depuis plus de quinze ans, mais je faisais plutôt ça en égoïste dans mon coin, et Rage de Dents est le premier projet que j’ai essayé de faire publier.
Tu viens donc de te lancer dans ta première série, Maeve Regan, qui paraît aux Éditions du Petit Caveau. Peux-tu nous raconter l’origine du projet ? Combien de tomes comptera la saga ?
Je dirais que tout le projet a été bâti autour du personnage. Je sortais de la lecture de Twilight quand je me suis demandé à quoi ressemblerait un roman de vampires si j’en écrivais un. C’est même ce qui a tout déclenché. Et premier point : je voulais une antithèse de Bella pour héroïne. J’ai besoin de pouvoir m’identifier aux personnages pour qu’une histoire me parle, me transporte, et j’écris des choses qui me plairaient en tant que lectrice. Or, étant de la génération Buffy, ce n’était pas vraiment ça. Maeve s’est donc construite comme un doppelgänger en premier lieu, purement et simplement… Une forte personnalité, qui décide pour elle-même, n’a pas la langue dans sa poche, agit et n’attend pas qu’un ou deux princes charmants viennent la sauver, et qui est surtout loin d’être parfaite. Ensuite, j’ai un peu créé un monstre, et ça m’a plu. Un personnage qui est à la limite de l’acceptable sur beaucoup de points, et dont le défi, pour moi, est de devenir plus humain au fil des pages, plutôt que de s’endurcir face aux événements. Le reste est venu tout seul, une fois que Maeve a été bien définie dans son évolution. Comment est-elle née, pourquoi, qui, comment… Je me suis posé ces questions, et l’intrigue a suivi. Elle tiendra sur quatre tomes.
D’où vient le titre de la série ? On n’y voit pourtant pas l’ombre d’un dentiste !
L’histoire du titre est assez mignonne, au fond. Quand je commence un projet, il a toujours un « working title, » un truc pas très sérieux qui permet de le différencier de son voisin le temps que je sois frappée par la Grâce, et qu’elle me souffle un titre béton. Pour Rage de Dents, ça a été ma première impulsion, je n’ai pas réfléchi. Ensuite, le lendemain, je me suis dit que ça collait pas si mal au fond, comme si le fait que sa partie vampire « pousse » lui donnait des maux de canine. Au final, je me répétais toujours que je trouverais un titre sérieux plus tard, même si les lecteurs tests me disaient que c’était « très rigolo ». Je ne voulais pas du rigolo, je voulais du sérieux qui marque ! Et finalement je m’y suis attachée… Et un jour, en me réveillant, c’était comme une évidence. Dans le deuxième, elle va se venger ? Dent pour Dent, parfait ! Quant aux autres, je ne dévoilerai pas l’intrigue, mais ils ont pour titre La Dent Longue et À Pleines Dents, et ça leur va comme un gant aussi. Comme quoi, la première intuition… Mais malgré tout ça, aucun dentiste n’a proposé de me sponsoriser !
La quasi-totalité de tes personnages sont dotés d’une forte personnalité, et n’ont pas froid aux yeux, à l’image des deux héros. T’es-tu inspirée de personnes de ton entourage, ou as-tu mis une part de toi-même dans tes personnages ?
Je pense que tous les personnages sont une partie de moi et sont en même temps très différents. On dit toujours « Écris sur ce que tu connais », ce n’est pas faux. On puise dans ce qui nous est familier, que ce soit nos propres émotions, celles de nos proches, d’inconnus sur grand écran ou dans la rue aux arrêts de bus. Elle est là, mon inspiration. Après, je n’ai pris personne comme modèle pour un seul des personnages. Ils se sont créés de leur propre chef dans l’histoire, et je les ai ensuite appréhendés selon ce que je comprenais en eux : la froideur de Maeve et ce qu’elle cache, le côté sombre et torturé le Lukas, le besoin qu’a Tara de tout contrôler au travers d’une apparente perfection, et ainsi de suite, de la même manière que je me retrouve dans mes connaissances ou dans des gens que je viens de rencontrer. Ça ne veut pas dire qu’on est pareils, juste qu’on se comprend.
Ta série appartient sans nul doute à ce que le monde du livre appelle Bitlit. T’es-tu penchée sur les ouvrages du genre avant de te lancer dans cette nouvelle série ?
Vraiment pas ! Et j’aurais peut-être dû… Avant d’avoir écrit le premier tome de Maeve, c’est vite vu, mes deux seules lectures vampiriques se résumaient à Entretien avec un Vampire et Twilight. En gros, pas vraiment de la Bitlit… Pour être honnête, je ne savais même pas ce que c’était avant qu’on m’annonce que j’en avais fait. Et là encore, on ne peut pas vraiment dire que le début du roman tombe dans la catégorie, puisqu’il y a un grand moment de transition vers le fantastique, tout un passage jusqu’au moment où l’histoire bascule dans le surnaturel… Du coup le premier tome a un peu le cul entre deux chaises, si j’ose, et on le lui a reproché. Mais bon… Je n’ai jamais essayé de faire de la Bitlit, c’est plus un hasard qu’autre chose. J’ai été nourrie au Buffy étant ado, et ça a dû plus jouer dans ce qu’est Rage de Dents que n’importe quel autre facteur. Depuis j’ai rattrapé un peu mon retard niveau lectures, on verra si ça se sent dans le prochain.
Quelles sont tes premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et/ou cinématographiques) ?
Alors là… De toute manière, ce sera cinématographique, mais quant à me rappeler exactement ce que c’était… Petite, je me relevais toujours en cachette les jeudis soirs pour aller regarder le film d’horreur sur la 6, ou les Contes de la Crypte, pendant que ma mère dormait. Je suppose qu’il y a dû avoir des vampires dans le lot, mais je n’ai pas de souvenir précis. J’aimais tous les monstres, sans distinction. Le premier dont je me souviens vraiment, c’était… Buffy, lorsqu’elle portait encore le doux nom de Bichette, et c’est sûrement ce qui m’avait le plus marquée dans l’histoire ! Et la dernière… Je suis tombée sur Blade Trinity en zappant il y a deux semaines, et j’ai éteint quand j’ai vu la gueule de Dracula. Ils n’auraient pas dû le laisser sortir de prison.
Pour toi, comment peut-on analyser le mythe du vampire ? Qu’est-ce qui en fait la pérennité ?
Belle, belle et vaste question. Pour moi, le vampire symbolise la bête qui sommeille en chacun de nous. C’est un condensé de la noirceur qu’on essaie de maintenir sous contrôle au quotidien et dont la liberté fait rêver. En tant que créature, il est aussi immortel que nous sommes éphémères, aussi fort que nous sommes fragiles, aussi mauvais que nous devons nous montrer bons dans notre société si religieuse, celle-là même qui peut nous sauver d’eux à grand renfort de crucifix, d’eau bénite et de sanctuaires protégés par la force de la foi. D’ailleurs, il ne peut se promener au grand jour, car ces zones d’ombres doivent demeurer cachées, comme lui dans son cercueil. Il doit rester sous contrôle, et c’est ça qui me plaît dans le mythe, qu’il soit une sorte de monstre de contes de fées dont on devrait avoir peur, mais qui nous fait rêver malgré le danger qu’il représente. Et ce qui fait sa pérennité ? Simplement que l’être humain n’est pas près de changer ! Aussi vertueux qu’on voudr
a se montrer, on se reconnaîtra toujours dans la bête, sans oser l’avouer à personne. On enviera toujours sa force, sa longévité, sa sexualité libérée, cette permission divine qu’il a d’être mauvais sans avoir à se justifier, juste parce que c’est dans sa nature, et que de fait, lui, il a le droit.
As-tu encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être ton actualité dans les semaines et les mois à venir ?
Je suis sur un autre projet dont un des protagonistes est vampire, mais le traitement du mythe est tout autre que pour Rage de Dents. Et surtout, l’héroïne n’en étant pas un et les fuyant comme la peste, ils auront un rôle de vrais prédateurs, ce qui n’est pas trop le cas dans l’univers de Maeve, où elle n’a concrètement pas grand-chose à craindre d’eux en ce qui concerne le rapport de forces. Là, les rôles de chasseur et proie vont s’inverser, et c’est assez excitant de changer d’angle. À côté de ça, je suis en train de réécrire Dent pour Dent, auquel je n’ai pas touché depuis plus d’un an, et j’ai encore pas mal de boulot de ce côté-là avant de pouvoir entamer le troisième.