Bonjour. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter aux internautes de Vampirisme.com ?
Bien sûr ! Je me nomme Christopher Golden, et je vis dans le nord du Massachusetts, à environ quarante minutes de Boston, aux Etats-Unis. Je suis auteur à plein temps depuis que j’ai vendu mon premier roman en 1992.
Votre première œuvre sur les vampires semble être « La Saga des ombres », qui met en scène un vampire du nom de Peter Octavian. Pouvez-vous nous raconter la genèse de cette série ? Une nouvelle traduction en France est-elle envisagée (seuls les trois premiers tomes l’ont été à ce jour, chez Pocket Terreur) ?
Le premier tome de « La Saga des ombres », Des Saints et des ombres, a été mon premier roman. Je l’ai commencé durant ma dernière année à l’université, fin 1988, début 1989. Je n’avais pas prévu à la base d’en faire une série mais lorsque j’ai vendu le premier volume à mon éditeur (Ginjer Buchanan de chez Penguin), ce dernier m’a proposé d’en faire deux de plus. « La Saga des ombres » venait de naître.
Tout a commencé par une sorte de ras-le-bol des règles de la littérature vampirique. L’idée qu’un vampire puisse changer son corps à un niveau moléculaire mais devait se limiter à une transformation en rat ou en chauve-souris ne me semblait pas plausible. J’ai donc réfléchi à une manière de justifier cela.
Les trois premiers romans ont été publié en France grâce aux efforts d’un incroyable auteur et éditeur français, le regretté Patrice Duvic, qui est décédé il y a quelques années. Je viens de mon côté de finir l’écriture du septième tome, ce qui monte donc à quatre le nombre de volets de la série qui ne sont jamais sortis en France. Je dois ajouter que j’adorerais voir les autres tomes enfin traduit chez vous.
Quelles sont vos influences pour « La Saga des ombres » ? Est-t-elle influencée par vos autres ouvrages vampiriques (je pense notamment aux romans de Buffy) ? Je veux dire, quand certains des personnages partent aux Enfer à la recherche de Peter Octavian, cela aurait pu être un arc narratif pour Buffy ou Angel ?
C’est amusant que vous puissiez dire cela. Les trois premiers volets de la série ont été écrit bien avant que Buffy ne fasse son apparition à la télévision. Quand Buffy était encore en cours, de nombreux lecteurs de ma série ont trouvé que la partie où Buffy renvoie Angel en Enfer, et le fait qu’il en revienne quelques temps après, partageait des similitudes avec certains rebondissements de « La Saga des ombres ». Je sais par contre que Joss Whedon et moi étions tous deux influencés par la superbe série Marvel Tomb of Dracula, tout particulièrement par le personnage d’Hannibal King. Mais quoi qu’il en soit, pour ce qui est des dates, Peter Octavian a vu le jour avant Angel, et reste le premier vampire sur le berceau duquel je me sois penché.
Vous avez donc écrit des romans du Buffyverse. Comment avez-vous atterri sur ce projet ?
Je discutais à cette époque avec Nancy Holder sur la possibilité de trouver une idée pour écrire ensemble. Le lendemain qui suivit la diffusion du pilote aux Etats-Unis, nous étions en train de discuter au téléphone et avons réalisé que c’était LE projet que nous attendions. Nous avons demandé à nos agents de se renseigner sur qui avait les droits. Ils ont rapidement découvert que Pocket Books avait déjà prévu de faire quelque chose à ce niveau.
Nancy et moi avons immédiatement planché sur un pitch, en avons écrit les grandes lignes. L’éditrice de Pocket – Lisa Clancy – nous a alors proposé le travail… si nous pouvions écrire le livre en quatre semaines. Nous l’avons écrit en trois semaines et demi. Ce roman, Pluie d’Halloween, est le tout premier roman original dans l’univers de Buffy.
Est-ce difficile d’écrire sous licence, surtout quand on doit faire face à un cahier des charges assez précis et à un univers déjà bien établi ?
Ma règle est de ne jamais travailler sur un projet sous licence à moins que ce soit quelque chose que j’apprécie réellement. Il faut se soucier de l’objet de la licence, de manière à prendre du plaisir à l’écrire, sinon ça devient un fardeau et cela ne sera pas bon. Si c’est quelque chose pour lequel le garçon de 14 ans en mois aurait tué pour écrire, alors je dis oui.
L’un de vos romans de la série « Buffy », Le Congrès noir, est une œuvre non-canonique, écrite avant que Joss Whedon ne se lance dans la 8e saison, à travers les comics. Comment avez-vous pris la suite de la série après la fermeture de la bouche de l’enfer ? Pourquoi ne pas avoir suivi ce qui avait déjà été balisé dans Queen of the slayers, de Nancy Holder ?
De ce que j’en sais, tous les romans de la série sont non-canoniques. Ceci étant dit, j’ai été engagé pour écrire Le Congrès Noir à une époque où Pocket n’avait aucune idée de ce que Joss allait faire dans la 8e saison en comics. J’ai proposé un pitch de départ et Pocket (ainsi que la Fox) ont approuvé. Je n’avais pas lu le roman de Nancy Holder, et personne chez Pocket ou chez la Fox n’a suggéré que les deux romans devaient être connectés. Pocket avait décidé d’arrêter la série, et m’ont demandé d’en faire un dernier avant qu’ils n’en restent définitivement là. Je n’ai pas résisté à l’idée d’écrire sur ces personnages une dernière fois, mais à une condition : qu’on me permette de faire revivre Tara. J’ai été très triste de l’absence d’adieu en bonne et due forme entre Willow et Tara, et j’étais très heureux de pouvoir proposer ma version des choses.
Il y a quelques années, vous avez débuté une nouvelle série avec Mike Mignola : Baltimore (un livre illustré suivi par une série de comics). Pouvez-vous nous parler de la genèse de cette série et de son futur ?
Je connais Mike depuis des années. Depuis des années, il me parlait de ce roman graphique sur les vampires qu’il voulait créer, mais il ne semblait jamais parvenir à trouver le temps. Un jour, il m’a appelé en me disant qu’il pensait ne jamais pouvoir mener à bien ce projet, et m’a demandé si j’accepterais de collaborer avec lui pour en faire un roman. Nous avons donc vendu le roman aux enchères à Random House, rempli d’illustrations de Mike Mignola : Baltimore, or the steadfast tin soldier and the vampire.
Il y a une large période manquante dans l’histoire de Baltimore, une période durant laquelle il chassait les vampires qui ont tué sa famille. Nous avons réalisé assez vite qu’il nous faudrait donc y revenir un jour ou l’autre, pour combler ces blancs. Dark Horse nous a suivi de manière assez enthousiaste là-dessus, et nous sommes en train de publier le seizième fascicule. Les deux premiers volumes du comics sont intitulés Quarantaine et Le Glas des damnés.
Les vampires de cette série sont fortement influencés par le folklore européen, et sont volontairement anti-modernes. Nous avons fait appel à de nombreux folklore différents, et à toutes sortes de monstres. Au moment où l’histoire commence, Baltimore conduit une attaque de nuit sur un champ de bataille de la deuxième guerre mondiale. Son peloton entier est tué mais il survit. Blessé, il se réveille en découvrant d’énormes chauve-souris vampires en train de se nourrir des morts. Quand il blesse l’une d’elles, son sang s’écoule dans les terres, ce qui déclenche une peste qui s’étend si rapidement en Europe qu’elle met fin à la guerre. Mais le vampire, Haigus, est rempli de haine envers Baltimore, et se venge en assassinant la femme et la famille de ce dernier.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec des vampires (en littérature et / ou au cinéma) ?
Je pense que mon premier face à face avec des vampires vient nécessairement d’une de ces trois oeuvres : Bela Lugosi dans le film d’Universal, Christopher Lee dans les classiques de la Hammer ou les vampires du film de télévision The Night Stalker. Tous les trois ont eu une certaine influence sur moi, tout comme le roman Salem de Stephen King, et son adaptation TV. J’ai déjà cité le comics Tomb of Dracula de Marvel. Le film Les Frontières de l’aube est également un de mes favoris. Et pour ce qui est des choses plus récentes, le meilleur roman de vampire que j’ai lu depuis des années est Motherless Child de Glenn Hirshberg.
Selon vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire ?
La seule manière d’analyser le mythe du vampire est de passer au crible le folklore vampirique autour du monde. Le folklore est vraiment le noyau de toute fiction vampirique, et ce folklore diffère en fonction des régions et des pays. C’est une manne d’histoires que nous autres, auteurs, n’avons fait qu’effleurer pour écrire nos histoires.
Avez-vous d’autres sorties de prévues sur le sujet ? Quels sont vos projets à venir ?
Mike Mignola et moi continuons de travailler sur la série comics Baltimore. Je viens également de mettre un terme à l’écriture de King of hell, le dernier roman consacré à Peter Octavian. J’ai une variante assez étrange du mythe du vampire en tête pour le futur, mais c’est encore trop tôt pour en parler. Mes deux prochains romans sortiront en janvier aux USA. Cemetary Girl est un roman graphique en trois partie que j’écris avec Charlaine Harris, et j’ai aussi un nouveau roman d’horreur intitulé Snowblind.