Bonjour, pouvez-vous vous présenter pour les visiteurs de Vampirisme.com ?
Bonjour ! Je m’appelle Mark Henwick, je suis né en Zambie, je vis et je travaille durement en Angleterre, depuis quelques temps je me plais à jouer à l’écrivain à plein temps. Je suis marié avec Pearlyn, que j’ai rencontré à Singapour, et j’ai trois enfants : Gideon, Jessica et Joshua. Jessica est la plus connue, via ses rôles dans Star Wars (Jess Testor), Game of Thrones (Nyméria Sand) et Iron Fist (Colleen Wing).
La série Amber Farrel semble être votre premier travail mettant en scène des vampires (et votre premier travail en tant qu’auteur). Pouvez-vous nous raconter la genèse de la série et son futur ?
A la toute fin 2010, j’ai dû faire face à un choix professionnel, pour mon emploi dans la santé publique. Pour un travail qui aurait été dans le même temps excessivement chronophage et pas assez payé. Ma femme m’a rappelé que j’avais toujours voulu écrire, donc j’ai saisi l’opportunité, et commencé d’écrire le 1er juillet 2011, le lendemain de ma démission. A ce moment, j’avais décidé que je voulais écrire une trilogie d’Urban Fantasy, un genre que j’aimais beaucoup lire.
Le style inhérent au genre m’a décidé à écrire à la première personne avec le point de vue d’un personnage féminin, ainsi est né l’idée d’Amber Farrell. Étant donné que le marché américain est plus important, c’est là que j’ai voulu faire se dérouler l’histoire, d’où le choix de Denver. L’une des choses qui m’irrite le plus avec l’Urban Fantasy c’est la manière dont l’héroïne passe un jour du statut de serveuse de dix-sept ans au café du coin à celui de chasseuse / botteuse de fesses de démons le lendemain, capable de regarder dans le blanc des yeux un vampire de milles ans. C’est pourquoi j’ai voulu une Amber plus âgée que la normale, et lui ait donné un passif d’ex membre des forces spéciales, ce qui permet de la doter d’une connaissance plus accrue du monde et d’un moral d’acier.
Je voulais aussi que la série dispose d’un arc principal, et j’ai décidé que cet arc serait quelque chose sur quoi peu de séries se penchent : que se passe-t-il au moment exact où le monde moderne découvre la réalité du paranormal ? Et comment les créatures paranormales s’y préparent. La série est réellement partie de ces éléments de départs.
Il a rapidement été clair que le premier livre allait devoir être séparé en deux, et que la série ne pouvait pas se terminer en une trilogie. J’ai fait paraître Sleight of Hand – La morsure du Serpent – en Août 2012. A l’heure actuelle, j’écris le livre six, et j’espère au moins neuf livres (romans) et six à sept novellas.
En France, Milady a publié Amber Farrel : The Origin, une novella qui prend place avant le premier opus de la série, mais je n’en ai pas trouvé trace dans votre bibliographie ?
Raw Deal (titre original) est une préquelle distincte sous la forme d’une novella, et a toujours été vendue indépendamment. Milady a décidé que L’origine serait vendue en premier temps en offre spéciale avec La Morsure du Serpent. Je pense qu’ils la vendront de manière séparée une fois que l’offre sera terminée.
Vous avez choisi d’appeler vos vampires Athanate. Pourquoi avoir évité d’utiliser le mot vampire ?
J’ai longuement examiné comment on pouvait interpréter les vampires et comment ils allaient s’inscrire dans mon arc narratif. Je voulais des entités paranormales susceptibles de passer pour des humains normaux la quasi-totalité du temps. De telle manière à ce que ce soit uniquement aujourd’hui, avec l’émergence des tests ADN, des systèmes de reconnaissance faciale et autres systèmes d’identification, avec l’aide de personnes mandatées et financées par les gouvernements, partout autour du monde, que les paranormaux prennent conscience qu’ils vont bientôt être découverts.
« Vampire » suggère qu’il s’agit de créatures qui restent mortes durant la journée, à la peau pâle, allergiques à l’argent, à certains aliments et symboles religieux, etc. Ce serait difficile de convaincre que ce type de vampire existe en nombre, et soient toujours inconnus de l’humanité moderne. Donc ça ne pouvait pas correspondre à ce que je voulais. J’ai décidé d’avoir mon propre type de vampire quasi-indétectable, et de reléguer les caractéristiques vampiriques précitées à des mythes propagés par les créatures surnaturelles elles-mêmes. Mais les Athanate n’en ont pas moins besoin de sang humain.
Dans le monde que j’ai imaginé, les Athanate vivent dans l’ombre de l’humanité depuis des millénaires, et de la manière dont je l’ai écrit, leur langue précède ainsi certaines des langues racines de l’humanité, ce qui explique qu’ils utilisent des mots qui se retrouvent dans les langues dravidiennes et le Grec Ancien, par exemple. Athanate est un de ces mots, qui a survécu de cette manière dans le grec actuel. Thanatos veut dire mort, et a-thanatos son opposé, ce qui fait qu’Athanate veut juste dire immortel.
En ayant créé ma propre version, on ne peut donc plus me dire que les vampires ne sont pas censé faire ceci ou cela, car ce ne sont pas des vampires.
Dans la manière dont vous abordez le vampire, tout comme dans beaucoup de séries publiées ces dernières années, les buveurs de sang sont structurés en groupe. Comment en est-on passé d’un vampire solitaire comme Dracula à d’importantes communautés comme dans Amber Farrell (et Anita Blake, Mercy Thompson…) ?
Ce serait difficile de remonter au premier auteur qui a décidé que les vampires vivraient en groupes organisés, mais ça résonne clairement avec les lecteurs.
Pour mes besoins, étant donné que l’arc principal de la série tourne autour de l’idée de comment les paranormaux vont réaliser que l’humanité s’apprête à découvrir leur existence, et comment ils peuvent s’assurer que cette découverte ne conduit pas à une destruction mutuelle, ce ne serait pas crédible que cela soit à la charge de vampires solitaires. Par conséquent, le monde paranormal (les Athanate, les Were – changes-formes – et les Adeptes – utilisateurs de la magie -) est plus ou moins organisé en groupe, chacun ayant des objectifs politiques. Cela ne veut pas dit que mes livres sont politiques. En fait, ils parlent d’action et d’aventure, mais chaque opus s’avance, en arrière-plan, vers le premier pas vers l’Émergence (la révélation de l’existence du monde paranormal), et les préparatifs qui doivent être entrepris par les races surnaturelles pour éviter la catastrophe.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec les vampires (littéraires et / ou cinématographiques et / ou musicales) ?
Aujourd’hui, ma première rencontre avec les vampires de littérature et de cinéma remonte à bien longtemps ! Un film en noir et blanc, probablement. C’était dans les années 60 et je ne me rappelle pas exactement de quel long-métrage il s’agit. C’était définitivement dans le registre du « vampire gothique » plutôt que celui de l’Urban Fantasy avec vampires. Mon premier livre de vampire pourrait bien être celui de Bram Stoker. Et ma première expérience en Urban Fantasy avec des buveurs de sang se trouve être la série des Hollow (Rachel Morgan) de Kim Harrison.
La dernière en date… j’ai lu il y a peu Executable de John Conroe, qui met en scène des vampires, et fait partie d’une série. Et le film le plus récent que j’ai vu sur le sujet est Perfect Creature, un film de vampire dans une réalité alternative steampunk et victorienne.
De votre point de vue, comment peut-on analyser la figure du vampire ?
La psyché humaine a toujours besoin d’histoire – ce besoin est câblé dans nos cerveaux. Certaines de ces histoires sont très prosaïques, avec des événements du quotidien comme cadre du récit, et la manière dont elles nous préparent à ce qui arrive dans notre vie de tous les jours est assez évidente.
Avec la fiction spéculative (science-fiction et fantasy), il y a des opportunités qui permettent à nos esprits de se frotter à des événements qui sont un mix entre le quotidien et l’inattendu. Cela permet à nos subconscients de prendre part à des scénarios qui sont très inhabituels ou avec lesquels nous nous sentirions très inconfortables s’ils étaient mis en scène de manière réalistes. En dépit de leur nature anormale, je pense que ce sont néanmoins de bons exercices pour le cerveau et la connaissance de soi.
Le « vampire standard » est seulement un dispositif du récit qui permet de réduire le volume de description et de background nécessaire pour déployer le scénario. J’utilise les Athanate pour en emprunter quelques-uns, et élaborer autour d’eux.
Bien sûr, si l’Urban Fantasy peut être un laboratoire pour enquêter autour de notre conscience de nous-mêmes et dans nos subconscients, les lecteurs peuvent aussi ne chercher qu’à satisfaire leur besoin d’évasion.
Avez-vous d’autres projets autour de ce thème ? Quels sont vos prochaines sorties ?
Tous mes romans et récits courts autour des Athanate s’inscrivent dans le contexte de l’Émergence que j’ai décrit plus haut. Les livres principaux, ceux consacrés à Amber Farrel, sont racontés à la première personne et au passé, par Amber. Les novellas s’attachent à d’autres personnages et d’autres styles narratifs. Biting Cold et Winter’s Kiss se déroulent dans le Michigan. Change of Regime à New-York. Tous se déroulent à l’intérieur d’une période qui s’étend entre les derniers chapitres du cinquième roman (Angel Stakes) et l’ouverture du tome 6, sur lequel je travaille en ce moment.
En dehors de ce qui suit de près ou de loin Amber Farrel, j’ai débuté une série qui suit l’Athanate vietnamienne qu’on rencontre dans La Morsure du Serpent : Bian Hwa Trang. Le premier roman qui lui est consacré est désormais disponible sur Amazon. Il se déroule en 1890 à Saïgon, et la série suivra Bian dans 4 ou 5 autres romans, se terminant abruptement au moment où on croisera le personnage dans La Morsure du Serpent.
Il y a un autre roman sur les Athanate, Enzili, qui ne fait pas parti des deux séries précitées. C’est un récit indépendant, qui se déroule dans les Caraïbes à la fin du 18e siècle.
En plus de ces romans d’Urban Fantasy, j’ai écrit un récit de SF, A Name Among the Stars. Je travaille actuellement sur une suite et j’en publie des épisodes chaque semaine sur mon blog jusqu’à ce que j’aie terminé, la version finale étant destinée à être publiée sur Amazon.