© photo X. Hinnekint
Rivière Blanche est dans mon esprit une maison d’édition indissociable de la science-fiction, genre dans lequel elle évolue depuis 2004. Aussi quelle ne fut pas ma surprise de tomber il y a quelques semaines sur l’annonce d’une sortie pour le moins attirante : le premier opus d’une nouvelle série vampirique française. La lecture de ce premier opus fut, il faut le reconnaître, une bonne expérience. David S. Khara, l’auteur des Vestiges de l’Aube, a ainsi accepté de répondre à nos questions, autour de la genèse de ce premier roman pour le moins alléchant…
Quel est ton parcours d’auteur ? Comment en es-tu venu à proposer Les vestiges de l’aube aux Editions Rivière Blanche ?
Je n’ai jamais eu de démarche structurée vis-à-vis de l’édition, ou d’ambition particulière d’être publié. J’ai dirigé pendant près de vingt ans une agence de communication. C’était un travail prenant, qui nécessitait de nombreux déplacements. Je profitais de mes voyages pour écrire, coucher des histoires sur le papier, pour ma seule distraction. En juillet 2009, je me suis dit : après tout, pourquoi ne pas demander l’avis d’un professionnel sur mes textes.
Tout est parti d’une rencontre avec Thomas Geha, auteur des excellents A comme Alone, Alone contre Alone (éd. Rivière Blanche), et du Sabre de Sang (éd. Critic). Il a très gentiment accepté de jeter un œil au manuscrit. Trois semaines plus tard, Thomas me proposait d’envoyer le roman à Philippe Ward, le directeur de collection de Rivière Blanche, qui cherchait des textes traitant de vampires avec une certaine originalité. J’ai donc expédié les Vestiges début septembre et la réponse positive est tombée le 28, date que je ne suis pas près d’oublier !
Comme souvent dans la vie, il faut se trouver au bon endroit au bon moment. J’ai eu cette chance.
Parle-nous un peu des vestiges de l’Aube. Comment l’idée de ce roman a-t-elle germée en toi ? Quelles ont été tes sources d’inspiration, pour arriver à ce mélange fantastique-polar ? Quels sont les retours sur le roman ?
Sur la forme, la genèse des Vestiges est assez cocasse. J’étais dans le Thalys entre Paris et Bruxelles. Je me rendais à une réunion avec un grand groupe automobile. Je m’ennuyais ferme à relire mes dossiers. J’ai allumé mon ordinateur portable, et j’ai saisi la première phrase du roman. Je n’ai pas arrêté du voyage, et durant la réunion, je continuais à écrire !
Sur le fond, les Vestiges traitent de l’âme humaine, de sa noirceur, de la capacité à la grandeur, bref de cet enchevêtrement , finalement fragile, qui nous amène à faire le bien ou le mal autour de nous, sans en être toujours conscients. Werner et Barry sont des synthèses de joies et souffrances réelles, puisées dans des témoignages, et dans certaines expériences plus personnelles. Ces personnages ne me quittent plus…
Concernant l’aspect fantastique-polar, je revendique une réelle influence du cinéma policier français des années 70 qui a lui-même inspiré bon nombre de films américains et asiatiques des années 80. Par exemple, The Killer de John Woo m’a profondément marqué. Ajoutez à cela une immense admiration pour le travail de Dennis Lehane dans les phénoménaux Prières pour la pluie, Sacred, Ténèbres prenez-moi la main, Un dernier verre avant la guerre et Gone baby gone.
Les situations dramatiques provoquées par le polar placent les personnages face à des situations nécessitant des choix cornéliens. Un excellent contexte pour explorer l’âme humaine…
Il m’est un peu embarrassant de parler des retours, pour la simple et bonne raison qu’ils sont pour l’instant excellents. Le roman est disponible depuis une semaine et je reçois déjà de nombreux messages de lecteurs de 14 à 65 ans. Certains ont lu les Vestiges en une nuit, hurlent car ils veulent la suite. D’autres évoquent même des aspects de leur vie que le livre a fait ressurgir. Je ne suis pas encore très familier avec ce qu’être un auteur veut dire, je ne suis pas sur de l’être un jour. Mais les réactions suscitées sont une extraordinaire récompense. Car j’écris pour les lecteurs, pas pour satisfaire mon ego ou un quelconque besoin de reconnaissance. Un lecteur content, je suis content, point barre.
Des avis et critiques sont aussi apparus sur Internet (blog Critic et Majanissa) durant la semaine de la sortie, et elles sont très positives. Je croise les doigts pour la suite.
Le 11 septembre, la guerre de sécession sont autant d’événement marquant de l’histoire qui ont une influence importante sur la trame de ton roman. Comment ton choix s’est-il porté sur ces dates et que symbolisent-elles pour toi ?
Une guerre civile et une attaque terroriste d’envergure inégalée fournissaient un parfait background à des drames humains pas si éloignés que cela de ce que les vraies victimes ont traversé. Qui plus est, ces deux évènements font écho à des problématiques fondamentales : l’esclavage, l’absurdité de la guerre, l’intolérance, la violence, la liste est quasi infinie. Mon attachement personnel pour les Etats-Unis, tout en étant parfaitement conscient des limites et des dérives du pays, m’a naturellement amené à situer l’action sur le Nouveau Continent et à ancrer Werner dans un tournant de l’histoire. Pour avoir séjourné longuement en Virginie, je peux te garantir que les barrières que la guerre de Sécession devait faire voler en éclats existent encore bel et bien. Le racisme et la discrimination ont la vie dure.
En ce qui concerne le drame des Twin Towers, le hasard a fait que je me trouvais au pied des tours une semaine avant l’attaque… Je profite de l’occasion pour dédier les Vestiges à Gédéon et Jules Naudet dont le documentaire 9/11 rend merveilleusement hommage aux victimes et aux sauveteurs. Si quelqu’un à TF1 lit cet entretien, voilà un excellent choix pour remplacer la Ferme Célébrités !
Quelles ont été ta première et ta dernière rencontre avec un vampire (littéraire et/ou cinématographique) ?
Ma première rencontre avec un vampire date du milieu des années 80 dans le film Fright Night (affreusement traduit Vampire, vous avez dit vampire). Chris Sarandon incarnait un vampire vénéneux à souhait. En y réfléchissant aujourd’hui, on trouvait déjà des ingrédients de Bit Lit !
Sur le plan littéraire, Lestat d’Anne Rice a été ma première lecture du genre. Et une des seules. Je lis assez peu de fantastique, plus par manque de temps que par goût. Mais je travaille actuellement à combler cette lacune grâce au très bon roman La Volonté du Dragon de Lionel Davoust (ed. Critic) et à Chien du Heaume de Justine Niogret (Ed. Mnemos).
Ma dernière rencontre, je suis en plein dedans : Buffy contre les vampires. Je découvre la série, et je confesse y prendre un plaisir certain. L’évolution du personnage de Spike est très intéressante.
Pour toi,
comment peut-on analyser le mythe du vampire ? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Au-delà du revenant, le vampire est le parangon des éléments fondateurs d’un être humain. Il symbolise l’Eros et le Thanatos. L’influence de la littérature poétique est passée par là. La part d’humanité a supplanté le simple monstre. Aujourd’hui, il illustre le besoin absolu d’amour et la capacité à dispenser la mort pour assurer sa propre survie, tout en sublimant les capacités physiques de l’humain. Il est désormais ancré dans l’inconscient collectif. Je ne le vois pas en sortir à un moment quelconque. Au pire, sa capacité à la métamorphose lui permettra de rebondir sous d’autres formes littéraires et cinématographiques. Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des vampires. C’est un des propos des Vestiges de l’Aube.
La fin des vestiges de l’aube semble appeler une suite. Celle-ci est-elle déjà en cours de réflexion et que réserves-tu à Werner Von Lowinsky ? Quelle va être ton actualité littéraire dans les mois à venir ?
Suite il y aura, en effet. Le deuxième opus est plus que réfléchi, une grande partie est déjà écrite, et le scénario est bouclé depuis quelques mois. Quand à ce qui attend Werner… La tentation est forte de dévoiler l’histoire, mais je ne céderai pas à ton emprise spirituelle ! Disons juste que nous en apprendrons plus sur l’origine de sa condition et que l’aventure se déroulera à Los Angeles…
Les mois à venir s’annoncent très chargés. En Septembre 2010 je sors un thriller fantastique Le Projet Bleiberg aux Editions Critic, coachées par Simon Pinel et Eric Marcelin. Point de vampire cette fois, mais une aventure trépidante qui prend racine dans les expériences menées par les nazis durant la deuxième guerre mondiale. A l’instar des Vestiges, je me documente énormément afin d’ancrer l’action dans une vérité historique très précise. Cela facilite l’immersion du lecteur, et puis apprendre en se distrayant n’est pas interdit.
En décembre sort ma première nouvelle dans l’anthologie « de cape et d’esprits » (ed. Rivière Blanche) dirigée par Eric Boissau. J’y renoue avec l’esprit des trois mousquetaires mais avec une touche surnaturelle inquiétante.
Viendront ensuite début 2011 la suite des Vestiges, puis un nouveau thriller. D’autres projets sont en cours, je t’en reparlerai plus avant dans quelques mois. Disons juste que j’ai de quoi m’occuper ! Et vous êtes loin d’en avoir terminé avec Werner…
Je suis en cours de lecture de Les Vestiges de l’aube… et tourne les pages avec bonheur ! Content, de fait, de lire les coulisses, l’origine, le trajet et l’équation qui y mena. Longue vie.
Lu, dévoré d’une traite, une vraie claque. Le plus dur est d’attendre la suite.
Au milieu de la Bit Lit actuelle, ce roman est un régal.
Bravo pour l’interview. C’est très intéressant.
J’ai lu ce roman la semaine dernière…en une soirée. J’ai adoré les personnages (surtout le vampire) et c’est très bien écrit, cerise sur le gateau 🙂 Je suis encore imprégnée de l’univers de ce livre (super voyage à New-York) et c’est génial qu’il y ait une suite !!! Je suis pressée de retrouver Werner et Barry.
J’ai passé toute ma soirée avec Barry et Werner… Je n’ai pas pu les lâcher… Impossible !!
Ce roman est un régal, à tous les points de vue… tant sur l’histoire en elle-même que sur l’écriture… Bravo David !
Je ne regrette qu’une seule chose : attendre début 2011 pour connaître la suite…
Viiiiite !!!
Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire!!! j’ai découvert le livre de David sous la forme d’un manuscrit, oui j’ai eu cette chance, et quel bonheur de découvrir une écriture, et une histoire qui vous donnent envie de ne pas arrêter de tourner les pages, mais surtout que le livre n’arrive pas à la fin. Alors vivement la suite David. Bravo et à très bientôt
un interview très intéressant. Et comme j’ai eu la chance de rencontrer David S Khara je reconnais dans ses propos sa modestie et surtout la sincérité qu’il donne à écrire avant tout pour les lecteurs ; en effet un lecteur heureux sera sa meilleure récompense.
Le roman les vestiges de l’aube est très bien construit, et en effet vivement la suite.
Un auteur à suivre ….