Bonjour Erik. Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas encore ?
Je suis un auteur français d’une quarantaine d’années (l’âge exact importe peu quand on s’adresse à des vampirophiles, n’est-ce pas ?). J’ai fait des études d’Histoire avant de courir le monde à la recherche de la liberté et de la magie qui ont déserté nos sociétés. Depuis dix ans, j’écris des livres estampillés fantasy-SF-fantastique (en réalité, des romans d’aventure initiatiques…) destinés en premier lieu à la jeunesse (mais ça déborde en adulte !).
Tu sors tout juste le 5e tome de A comme Association. Peux-tu nous expliquer la genèse de la série ?
C’est un projet que nous avons conçu et imaginé à deux : Pierre Bottero (disparu hélas en cours d’aventure) et moi-même. C’est la concrétisation d’une envie que nous avions depuis plusieurs années, sans cesse repoussée à cause de nos agendas respectifs : mêler nos imaginations (mais pas nos imaginaires), passer du temps ensemble. Ecrire sérieusement sans se prendre au sérieux. Nous amuser avec les sonorités de la Bit Lit et proposer une partition, sans prétention révolutionnaire, mais qui serait la nôtre !
Justement, toi et Pierre Bottero aviez-vous déjà lu des oeuvres estampillées Bitlit / Young Adult avant de vous lancer sur ce projet ?
Evidemment. Je pense, en ce qui me concerne, aux Chroniques d’Anne Rice (quoiqu’antérieures à la déferlante actuelle). J’adore les Dossiers Dresden et les aventures de Rachel Morgan. Sans oublier, du côté du petit écran, les péripéties décalées de Buffy (je suis fan !). Mais ces références n’ont pas pesé sur le projet. Nous avons choisi le thème de l’Urban fantasy (plutôt que Bit Lit) parce que c’était un univers que nous n’avions abordé ni lui ni moi et que nous voulions un terrain neutre pour installer notre nouvel univers.
Au début du 5e tome, tu as pris la décision de tuer Ombe, le personnage qui avait pris vie sous la plume de Pierre Bottero. Pourquoi ce choix ?
On dit souvent que la réalité rattrape la fiction. J’ai souhaité, cette fois, que la fiction rattrape la réalité…
Quel impact la mort de ton co-auteur a t’elle sur la trame de la série ? Aviez-vous déjà une idée aboutie de l’ensemble de la saga ?
Le projet ne verra pas le jour sous sa forme initiale. Il respectera la trame générale que nous avons établie, Pierre et moi, ainsi que tous les éléments que nous avons eu le temps de définir. Mais j’ai été forcé d’en réduire l’ambition (des treize tomes prévus il en restera huit) et de l’aménager. Le cinquième tome constitue une forme de transition car, bien évidemment, la disparition d’Ombe n’était pas prévue. Il amorce en quelque sorte un deuxième cycle dans la série. Je ne reprends pas directement le personnage de Pierre (je n’en ai ni l’envie ni le talent). Ombe, à partir du cinquième tome, vit à travers le regard de Jasper…
L’humour et les références sont très présents dans les différents opus de la série, notamment dans les tiens. Est-ce une constante dans ton oeuvre ?
L’humour est toujours présent dans mes livres, pour la simple raison qu’il l’est dans ma vie. L’humour, le décalage, l’ironie sont les armes qui me permettent de survivre dans ce monde déprimant ! Dans A comme Association, nous voulions, Pierre et moi, nous amuser avant tout. Nous surprendre mutuellement. Et inclure dans cette connivence les auteurs, morts ou vivants, que nous aimons (dans les noms de rue de notre Paris revisité, par exemple !). Sans nous moquer du lecteur, évidemment ! Bref, délirer sérieusement. Plus que l’action, c’est donc effectivement le recul et le décalage, l’humour et les références – comme autant de clins d’œil – qui confèrent au récit sa musique particulière.…
Quelles sont tes premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographiques) ?
Mon père est un cinéphile éclairé. C’est lui qui m’a fait découvrir le Nosferatu de Murnau et les Dracula incarnés par Lugosi et Christopher Lee (j’ai lu tardivement le livre de Bram Stoker). J’ai aimé le Bal des Vampires. Puis, de manière plus récente, comme j’ai eu l’occasion de le dire, ma rencontre avec Buffy a été importante, ainsi que celle avec la Selene d’Underworld. J’ai lu Twilight qui m’a laissé une impression mitigée, quelques Anita Blake que j’ai fini par abandonner. Kim Harrison et Jim Butcher m’ont happé. Le Bloodsilver de Wayne Barrow m’a bluffé. Voilà, rien d’autre me vient pour l’instant.
Pour toi, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Des gens plus savants et connaisseurs que moi ont déjà dit beaucoup de choses à ce sujet ! Pour ma part, je pense que le sentiment (le désir ?) de ne pas être comme les autres, de bénéficier de pouvoirs conférant un ascendant sur ces autres et d’en être maudit, est un puissant facteur de fascination auprès des adolescents. Sans parler de l’aspect sexuel (domination-pénétration-saignement) propre à troubler les jeunes filles ! L’immortalité des vampires est un aspect qui touche peut-être davantage les adultes. Quand on est jeune, on a l’impression qu’on va vivre toujours, n’est-ce pas ? Bref, comme je le disais, je ne propose pas d’analyse révolutionnaire !
Quelle va être ton actualité dans les semaines et les mois à venir ?
La sortie du sixième tome de A comme Association en octobre, celle du septième au mois de mars et… l’écriture du tome huit cet automne !