Bonjour Katherine. Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore ?
Bonjour ! Je suis tombée dans le fantastique étant petite, de sorte que quand je me suis mise à écrire un livre pour de bon, ça a été tout naturellement un roman fantastique. Puis, j’ai eu envie d’étudier de plus près toutes les histoires et légendes autour de ces créatures pas tout à fait comme nous, et j’ai publié pas mal d’ouvrages illustrés sur la sorcellerie, la magie, les elfes, les vampires et tutti quanti.
Comment une spécialiste de la figure de la sorcière a t’elle fini par s’intéresser au mythe du vampire ?
Le vampire est un compagnon de la sorcière ! On l’a longtemps accusé d’être un sorcier qui, de son vivant, avait – comme tout sorcier qui se respecte – passé un contrat avec le Diable. D’ailleurs, c’est au moment où les bûchers de sorciers et sorcières s’éteignaient que la chasse au vampire a commencé. Car il faut savoir que le vampire a eu une existence officielle au XVIIIème siècle, où l’on déterrait les morts à la pelle dans les Balkans quand on les soupçonnait d’être des vampires. Morts que l’on traduisait devant un tribunal avant de les exécuter. Vampires, sorcières, marginaux : même combat, même persécution.
Vous venez de sortir chez Hugo et Cie un ouvrage qui prend la forme d’un dictionnaire sur le thème du vampire. Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ?
Mon dernier livre sur les vampires L’encyclopédie amoureuse des vampires m’avait un peu frustrée, j’avais envie de passer beaucoup plus de temps en compagnie des vampires et aller les chercher jusque dans leurs plus sombres tanières.
Ce nouveau livre sur le mythe du vampire regorge d’anecdotes peu connues, et parvient à concilier les aspects fondateurs du mythe (par la liste impressionnante de créatures vampiriques détaillées) avec des éléments très actuels (la Bitlit, le Salon du vampire). Y’avait-il une logique derrière cela, où cette exhaustivité temporelle est-elle venue au fil des articles ?
Je suis un peu extrémiste, donc je voulais tout savoir et tout dire sur les vampires, du moins essayer. Remonter le temps très loin et ratisser notre monde contemporain. La logique est donc celle de la passion.
Que ce soit au travers de votre ouvrage phare sur les sorcières, ou de votre précédents livres sur les vampires, vous semblez accorder une place importante à l’iconographie et à l’illustration. En quoi ces éléments vous semblent-ils primordiaux quand on aborde des mythes fantastiques ?
C’est tout simplement fabuleusement intéressant de découvrir ce mythe non seulement dans l’écrit mais aussi les différentes représentations visuelles. Nos ancêtres s’exprimaient aussi au niveau visuel ! Et je suis fascinée par l’iconographie autour du personnage de Satan et de l’Enfer, qui a illustré bon nombre de « missels », images destinées à effrayer les bonnes gens pour écraser leurs velléités de révolte.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographiques) ?
Eh bien… oui… je dois avouer que la dernière, c’est Twilight ! Je reconnais une chose à cette saga où les vampires sont devenus presque des dieux, c’est que le romantisme des histoires renoue avec les premières aventures littéraires du vampire, au XIXème siècle, quand le thème a permis de s’opposer et même de narguer la société pudibonde et matérialiste d’alors. Sinon, le roman que je ne peux m’empêcher de préférer à tous c’est Je suis une légende de Matheson, parce que je suis souvent en train de me dire que nous sommes peut-être les monstres des « monstres »…
Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Contrairement à beaucoup d’autres créatures fantastiques, le vampire est en constante évolution, de là vient sa pérennité : ce n’est pas un mythe figé. Mais la vraie question est : pourquoi ? C’est, je crois, que le vampire est porteur de beaucoup de nos désirs, de nos peurs, mais aussi de nos grandes interrogations. Peur de mourir, désir d’être immortel et de ne pas vieillir, interrogations quant à la mort. Personne ne se sait mort, le vampire, si. Il a accès au mystère de la vie. Le vampire répond à notre besoin de transcendance : impossible de croire que les choses sont si simples, si tristes et si désespérantes que ça.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du mythe du vampire dans la littérature et le cinéma des 15 dernières années, à travers le boom de la Bitlit et du Young Adult (Twilight en tête) ?
Certains estiment que les adorateurs de Twilight ne liront pas d’autres histoires de vampires. Je pense que c’est faux. Au delà du romantisme cul cul lapraline de ces histoires, tout le monde s’intéresse à ces questions sous-jacentes dont je parlais plus haut. Et puis, pourquoi s’inquiéter ? Le vampire continuera à évoluer… tant que les hommes et la société continueront d’évoluer, de penser, de rêver, d’inventer.
projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?
Sur ces thèmes, j’ai deux livres en préparation : un nouveau sur la sorcellerie, avec un aspect plus pratique, et un sur les amulettes et talismans. Sinon, j’ai aussi une seconde vie moins ténébreuse où j’écris des histoires d’animaux pour les enfants ! Mais, vous savez, les deux domaines ne sont pas antinomiques : c’est avec son âme d’enfant qu’on écrit, car l’enfant que l’on a été était en communication beaucoup rapproché avec le monde dans sa totalité.