Stoker, Dacre. Interview avec l’auteur de Dracula l’immortel

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

Bonjour, mon nom est Dacre Stoker. Je suis l’arrière petit-neveu de l’auteur de Dracula, Bram Stoker. En dehors de l’écriture et de mes recherches autour des vampires et du travail de mon ancêtre, je suis également entraineur de Jeu de Paume à Aiken, Caroline du Sud. Initialement, j’étais professeur d’école et entraineur olympique pour l’équipe de Pentathlon du Canada.

Stoker, Dacre. Interview avec l'auteur de Dracula l'immortelEn 2009, vous sortez Dracula : l’Immortel, co-écrit avec Ian Holt. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce roman ?

Ian a pris contact avec moi en 2003, avec l’idée de transformer un scénario à lui sur Vlad l’Empaleur en roman. C’était une idée intéressante, parce que la prémisse pour Ian était de donner matière à une histoire qui permettrait à Vlad de raconter de son point de vue les raisons pour lesquelles il s’est fait connaitre comme un souverain cruel et vicieux. Nous avons tous les deux pensé qu’il serait amusant de poursuivre le Dracula de Bram, sans pour autant utiliser le style épistolaire d’origine, qui n’est pas vraiment populaire ces temps-ci.

Comment vous êtes-vous partagé le travail avec Ian Holt pour co-écrire Dracula l’Immortel ?

Nous avons chacun développé deux sous-intrigues : Ian se chargeait des parties concernant Vlad et Quincey, tandis que moi je me chargeais des parties concernant Cotford et Bram/Le Lyceum Theatre. Je mettais également à jour le storyboard principal, de manière à ce que nous restions organisés, et que les différentes sous-intrigues s’entremêlent correctement.

Comment la famille Stoker procède-t-elle pour à la fois protéger et faire connaître l’héritage de l’auteur de Dracula ?

Nous avons décidé de déposer le nom de Bram en tant que marque dans un certain nombre de catégorie internationales, ce qui nous permet de nous impliquer dans des activités commerciales, et d’utiliser les bénéfices pour engager des avocats de manière à empêcher certaines personnes d’utiliser illégalement le nom de Bram. Nous continuons également de faire des recherches, de manière à pouvoir donner notre avis, quand nous sommes abordés par des tiers durant leurs recherches, leurs rédactions d’histoire ou de scripts.

Durant l’écriture du roman, il semble que vous ayez eu accès à des notes prises par votre ancêtre durant la rédaction de Dracula. Ces notes seront-elles publiées un jour ? Est-ce que le lien entre Vlad Tepes et le Dracula de fiction peut être établi via ces notes ? Ainsi que la manière dont Bram prit connaissance de l’existence de Vlad et de son histoire ?

Les notes ont en fait été publiées par Elizabeth Miller et Robert Eighteen-Bisang, qui ont mis sur pied une édition annotée intitulée The Notes for Dracula. Le livre est disponible en couverture souple et rigide chez McFarland. C’est désormais bien connu des universitaires que Bram découvrit l’existence de Vlad dans un livre qu’il lu au musée de Whitby : An Account of Principalities of Walachia and Moldavia, de William Wilkinson. Et il y a aussi beaucoup de spéculations sur le fait que Bram ait pu apprendre de nombreux éléments d’histoire et de mythologie roumaine de la bouche d’Armenius Vambery, lors de sa visite à Londres, au Lyceum Theater.

Stoker, Dacre. Interview avec l'auteur de Dracula l'immortel Avez-vous travaillé sur l’adaptation BD française de Dracula l’Immortel ? Qu’en avez-vous pensé ?

Je n’ai pas travaillé sur ce projet, j’en ai juste vu un exemplaire. Et je pense que le dessin est particulièrement réussi.

Quels sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (en littérature, au cinéma ou en musique) ?

J’ai déjà lu le Salem de Stephen King, puis Entretien avec un Vampire d’Anne Rice, et ensuite seulement le Dracula de Bram Stoker. Plus récemment, je me suis plongé dans la série de livres de Deborah Harkness, qui met en scène des vampires et des sorcières, et je suis allé voir Dracula : Untold il y a quelques jours.

Comment expliquez-vous l’influence du roman de votre ancêtre sur la littérature associée à la figure du vampire ? Comment peut-on expliquer que Dracula ait eu plus d’influence que Carmilla et que Le Vampyre (pourtant plus anciens) ?

C’est assez simple. Le Dracula de Bram a reçu pas mal d’attentions quand il a été adapté sur les planches. Et dans la foulée, Nosferatu a vu le jour. Puis Universal et la Hammer ont fait tous ses films inspirés par Dracula, ce qui a nécessairement joué sur la notoriété du roman. Quand on prête attention à la littérature, de très nombreux auteurs suivent les mêmes règles pour leurs vampires que celles créées par Bram. Et ce même si ces quinze dernières années, le vampire a pris de nombreux autres visages que celui du Comte. Je ne pense pas que cela soit une mauvaise idée, que les vampires aient pris une aussi importante variété de formes, depuis les mannequins sexy jusqu’à des créatures proches des zombies. Tout ça permet de donner une certaine fraicheur au genre.

De votre point de vue, comment peut-on analyser le mythe du vampire ?

Pour analyser le mythe du vampire, il est nécessaire de remonter en arrière dans l’histoire de nombreux pays. Les racines du mythe sont mêlées de récits oraux, d’hystérie religieuse, de confusion médicale, de maladies contagieuses, d’ignorance et d’horreur. C’est une problématique complexe qui demande une recherche et une réflexion approfondies.

Avez-vous d’autres projets sur ce thème. Quelle va être votre actualité dans les mois et semaines à venir ?

Je travaille sur un guide de voyage autour du Dracula de Bram Stoker. C’est un livre qui montrera aux lecteurs où aller au Royaume-uni et en Roumanie pour retracer les pas des personnages du roman. Y seront aussi présentées les similitudes et les différences entre le Dracula historique et le Dracula de fiction. Il y aura enfin une partie sur les lieux de Dublin où Bram a grandi, où il a travaillé et par lesquels il a été possiblement influencé pour écrire son Dracula.

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