Boujour Chelsea. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’écris de manière professionnelle depuis cinquante ans, et durant ce temps j’ai eu l’occasion de publier dans de nombreux genres, notamment la science-fiction, la fantasy, l’horreur, le policier, le western, le young-adult ainsi que la non-fiction. Le livre sur lequel je travaille en ce moment sera le 99e à être vendu, et le 113e rédigé. À l’heure actuelle, j’ai 75 ans, je suis divorcée, sans enfants, mais j’ai néanmoins 2 chats, Butterscotch et Crumpet. Je vis à l’extrême nord de la East Bay Arena, à San Francisco, à 27km de ma ville natale, Berkeley.
En 1978, vous publiez Hôtel Transylvania, le premier roman du cycle de Saint-Germain. Pourquoi avoir choisi ce personnage historique ? Cela a-t-il quelque chose à voir avec la période historique à laquelle il est rattaché ?
J’ai choisi le Comte de Saint-Germain parce qu’il se vantait avoir entre 2000 et 4000 ans, et conservait son apparence en buvant l’élixir de la vie, deux choses qui le rendent d’emblée irrésistible. Alors que je pense qu’il mentait au sujet de son âge, je l’ai pris au mot à des fins littéraires, et j’en ai tiré 28, bientôt 29, livres.
Aviez-vous en tête de créer une série dès le début ? Les deux premiers romans ont été publiés la même année, semble-t-il ?
Oui, j’avais bien une série en tête dès le premier, et je l’envisageais sur 5 livres. Je suis ensuite passé à autre chose, mais je suis revenu de manière cyclique à Saint-Germain après les romans centrés sur le personnage d’Olivia… et je suis toujours dedans, en parallèle à d’autres travaux. J’aimerais beaucoup faire un autre roman sur Olivia un jour, mais je n’ai pas trouvé d’éditeur intéressé par elle, malheureusement. D’autant plus quand on considère que la série complète – à une exception près – raconte la vie de femmes, du moins c’était mon intention. Saint-Germain est une sorte de lentille bienveillante pour observer leurs vies.
Vous avez également travaillé sur deux autres séries dans le même univers, l’une concernant Madeleine de Montalia, l’autre Atta Olivia Clemens. Quelles sont les différences entre ces deux spin off et la série mère ?
Au fond, elles se focalisent toutes sur des vies de femmes, pas sur Saint-Germain, bien qu’il donne des informations complémentaires à Madeleine alors qu’elle est partie prenante d’une expédition archéologique en Égypte; la plus grande partie de Face of Death se déroule en Amérique au XIXe siècle, et Saint-Germain fait juste une brève apparition à la toute fin. Les romans sur Olivia suivent cette dernière durant ces expériences très diversifiées, depuis la Byzance de Justinien jusqu’aux Croisades, en passant par le XVIIe siècle.
À travers vos séries, vous êtes dans la même lignée que des auteurs comme Fred Saberhagen et Anne Rice, en cela que vos romans sont centrés autour des vampires, où ces derniers sont davantage des héros que des antagonistes. Comment expliquez-vous cette tendance ?
Je ne m’y risquerais pas. Il y a de nombreuses années, alors que je visitais Albuquerque, j’ai eu le plaisir de dîner avec ma vieille amie SuzyMcKee Charnas, nous étions également accompagnées de Fred Saberhagen et de sa femme, Joan; cela risque de vous surprendre, mais nous avons très peu parlé de vampires.
En France, seulement trois des opus de Saint-germain ont été traduits. Comment l’expliquez-vous ? Avez-vous connaissance du contexte de publication des livres qui ont été traduits chez nous ?
Étant donné que cela relève d’une décision de l’éditeur, pas de l’auteur, je ne sais pas pourquoi il n’y a pas eu davantage de contrats pour mes livres sur Saint-Germain, pas plus que mes trois précédents agents. Habituellement, c’est parce que l’éditeur n’a pas gagné assez d’argent avec, ou qu’il y a eu de mauvaises critiques, voire que l’éditeur qui s’était occupé des trois premiers a changé de travail, et que son ou sa remplaçante n’a pas été intéressée par la série.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (en littérature, au cinéma ou en musique) ?
Je lis des histoires d’horreur depuis le Cours d’Elementaire – j’avais 7 ans – ce qui incluait des récits avec des vampires, des garous, et beaucoup de monstres issus du folklore. J’ai lu Dracula pour la première fois alors que j’avais 13 ans, et j’ai trouvé cela merveilleux. Quelques années plus tard, j’ai découvert Sheridan le Fanu et Carmilla, ainsi qu’Oncle Silas, et M.R. James également, dont les magnifiques histoires d’horreurs me donnent toujours la frousse aujourd’hui. J’ai une règle concernant mes lectures à un moment donné, et vu que je travaille en ce moment sur un roman vampirique, je ne lis pas d’histoires de vampires; quand je reprendrais le travail sur ma série d’enquêtes sur Chesterton Holte, le gentleman fantôme, je ne lirais pas de romans policiers. Je ne veux pas écrire sous influence.
De votre point de vue, comment peut-on analyser le mythe du vampire ?
De la manière que vous le voulez. Les lecteurs extraient de leurs lectures ce qu’ils sont venus y chercher, ce qui a rarement à voir avec les intentions de l’auteur. C’est quelque chose qui peut être déconcertant, mais il n’y a rien de mal à cela, et quoi que le lecteur conserve de sa lecture correspond à sa propre conception du mythe. Une fois de temps en temps, je rencontre quelqu’un qui a retiré de l’histoire ce pour quoi je pensais l’avoir écrit, ce qui est une expérience plaisante, mais comparativement assez rare.
Avez-vous d’autres projets sur le même thème ? Quelle va être votre actualité dans les prochains mois ?
Voyons voir – Je dois finir Orphans of Memory, le 29 tome de la série des Saint-Germain, ensuite Rousing Spirits, le 5e Chesterton Holte, puis un 5e tome sur Michael, puis le 30e Saint-Germain, dont le titre de travail est Perilous Voyage, ce qui peut encore changer. J’ai aussi ma deuxième pièce de théâtre holmésienne adapter en roman, et 3 ou 4 travaux plus courts à finir.