Mai 1897. Le professeur Van Helsing reçoit un courrier de Mina Harker, dont le fiancé Jonathan est actuellement en Transylvanie pour affaires. Une missive inquiétante est parvenue à celle-ci, de la main de son futur époux : celui-ci aurait trouvé refuge dans un couvent, après avoir découvert que son hôte, le comte Dracula, était en réalité un vampire. Van Helsing, spécialiste reconnu du monde occulte, décide donc de prendre la route pour le château du comte. Pour l’occasion, il est accompagné d’un groupe d’aventuriers constitué par ses soins.
Le principe de l’escape game est aujourd’hui une expérience ludique bien implantée dans nos contrées. En moins d’une heure, une équipe de joueur doit décrypter des énigmes et collecter des indices de façon à sortir de l’espace au sein duquel ils sont confinés en premier lieu. À ce titre, les salles et entreprises qui se sont spécialisées dans ces jeux proposent des thématiques variées, entre espionnage, affaires policières et autres fictions fantastiques. Dans la ville de Lyon, la société Clap Escape ajoute une approche cinématographique à ses salles. Les scénarios sont basés sur des longs métrages bien connus, et la présentation des règles se fait sous la forme d’une vidéo explicative, diffusée dans une petite salle.
Ce Dracula est présenté par les organisateurs comme inspiré du Bram Stoker’s Dracula de Francis Ford Coppola. De fait, le blason qui orne la porte de l’espace de jeu est celui qu’on retrouve sur l’affiche du film de 1992 : le visage du vampire, et sur chaque côté deux têtes de loups. Ce blason est ici décrit comme copié sur un médaillon qui constitue le cœur de mission des joueurs. C’est ainsi en l’éloignant du vampire qu’ils parviendront à quitter les lieux, et à annihiler la menace qu’incarne le mort-vivant.
De façon à ne pas spoiler les énigmes et garder un effet de surprise, je me contenterais de quelques remarques sur le cadre de l’expérience et la façon d’aborder la figure du vampire. Il faut déjà souligner qu’il y a un effort plus que réussi pour immerger les visiteurs dans l’ambiance du film. Les salles sont plongées dans la pénombre, et les murs décorés de statues et tableaux à l’effigie de Vlad III. En cela, les organisateurs ont choisi de mettre en scène l’un des axes notables du métrage : le lien appuyé entre le Dracula historique et son homologue de fiction. Cette relation est d’ailleurs exploitée dans certaines des énigmes. La lutte contre le vampire est néanmoins bien au cœur de l’histoire, et les joueurs devront composer aussi bien avec les connaissances magiques du comte qu’avec ses faiblesses de créature de la nuit.
L’atmosphère est rehaussée de quelques bruitages bien sentis et de la bande-son du film, écrite par Wojciech Kilar. Comme dit plus haut, l’essentiel du jeu se déroule dans la pénombre, et les aventuriers devront utiliser des bougies pour s’éclairer au fil de leurs pérégrinations. Les énigmes convoquent pour partie les classiques du genre, notamment des serrures à déverrouiller, dont on doit découvrir les combinaisons par des jeux d’énigmes. Mais l’expérience propose aussi des puzzle et casse-tête originaux et inventifs, et en adéquation avec le thème et le personnage central.
La trame proposée simplifie bien évidemment l’histoire du film, et se permet quelques adaptations (le château est censé se situer à Bucarest). Reste que cet escape game est une belle réussite, immersive et d’un niveau intéressant même pour des habitués de ce type d’expérience. Avec un groupe de 5 personnes il nous a fallu 55 minutes (pour 60 minutes maximum) pour mener à bien la mission et parvenir à sortir de la salle.