La jeune Primerose et son père médecin recueillent un mystérieux individu qu’ils ont retrouvé inconscient et amnésique. Le docteur est rapidement contraint d’abandonner le duo, appelé par un collègue d’un village situé à proximité. Celui-ci s’est rendu compte que lui et les siens ont totalement oublié une semaine de leur existence. Les voisins relatent cependant au praticien qu’ils se souviennent d’un garçon amnésique ayant partagé le quotidien de la famille à cette période.
Sorti en 2004 au Japon (et la même année en France), Night Exile est une mini-série composée d’histoires courtes. Lesquelles mettent en scène le personnage d’un jeune homme séduisant atteint d’amnésie, à la recherche de sa mémoire et des siens. En clôture du premier recueil, la mangaka révèle que ce qui l’a longtemps retenu à exploiter la figure du vampire, c’est Le Clan des Poe de Moto Hagio. Matière à mieux cerner la solitude au cœur de l’existence du protagoniste principal de Night Exile. Sachant que l’autrice dévoile qu’elle a gardé ce qui est selon elle central dans la lignée des œuvres dont Le Clan des Poe est un mètre étalon : les roses, la lune et un certain attrait pour le sinistre.
Les histoires ne s’interconnectent pas entre elles. Elles ont toutes pour point commun de mettre ce personnage mystérieux qui a tout oublié de son passé. Mais les récits évitent de répéter le cadre dans lequel il évolue. Parfois, c’est avant tout une affaire de hasard. D’autres fois, son amnésie tombe à point quand un héritage est en jeu. Mais il y a aussi ceux qui veulent se venger de lui, et dont il a pu détruire la vie auparavant. Sans oublier la question qui l’anime : qui est-il ? Comment est-il devenu la créature qu’il est aujourd’hui ?
Les illustrations de Masturi Akino sont de bonne tenue. Les décors ne sont pas tout à fait effacés, ce qui permet à la dessinatrice de jouer sur les ambiances gothiques. Les protagonistes sont assez finement dessinés, l’autrice apportant un certain soin à leurs costumes, à leurs échanges de regards et à leurs postures. Elle parvient également à matérialiser la monstruosité du personnage central quand les instincts de ce dernier se réveillent.
Masturi Akino s’approprie de façon assez intéressante la figure du vampire. Le héros ne révèle son besoin de sang qu’au moment où la lune apparaît. Il ne semble cependant ni être dérangé par les artefacts religieux ni par la lumière du soleil. Ce qu’il cherche dans le sang, c’est avant tout les souvenirs de ses victimes, dont il se nourrit. Une fois son « repas » achevé, il a la capacité de faire oublier ce qui s’est passé, et jusqu’à sa propre existence. Alors qu’il paraît lancé dans une quête à la recherche des siens, sa condition lui oblige à demeurer seul.
Dans la lignée du Clan des Poe, un premier tome prometteur, pour un shōjo qui revisite de façon plutôt originale le thème de la solitude du vampire.