Alex le vampire continue ici son errance à travers le monde, faisant connaissance avec ceux qui finissent par oublier qui il est dès que la lune illumine la nuit et que sa condition de vampire prend le dessus. Cette suite offre à l’auteur de clore le récit de la malédiction qui poursuit l’immortel, et ses pérégrinations. Matière également à retrouver ponctuellement sur sa route ceux qui ont pu le croiser auparavant. Cette fois-ci, Alex est accompagné durant ses voyages par Guilbert, dont la vie a été bouleversée par le vampire. Mais sa haine pour celui-ci lui a permis de ne pas oublier — contrairement à la majeure partie des victimes d’Alex — ce qui s’est passé.
Une suite de toute aussi bonne tenue que le premier tome, avec peut-être davantage de cohérence. Il y avait un je ne sais quoi de décousu dans le premier volet de Night Exile, ce deuxième opus gagne en homogénéité, et des ramifications se dévoilent entre les différents récits. Principalement des liens avec le passé humain d’Alex, qu’il s’agisse des lieux où il a vécu en tant qu’enfant, et de cette toile où il figure et qui croise ponctuellement son chemin. La solitude reste le fil rouge de l’histoire, mais l’autrice interroge dans le même temps notre rapport au deuil, et à l’oubli. Ce sont ceux-ci qui ont poussé le vampire à demander cette malédiction qui pèse sur ceux qui deviennent ses victimes. Jusqu’à ce qu’il réalise que la douleur éprouvée par la perte d’un être cher est un élément certes récurrent, mais indissociable de la vie humaine.
Graphiquement, le trait de Matsuri Akino est dans la lignée de ce qu’elle proposait dans le précédent opus. Shojo oblige, ce sont les visages des protagonistes qui s’imposent au fil des cases, mais la dessinatrice n’en oublie pas que le cadre et les constituantes de ce dernier sont importants. Matière à faire évoluer ses personnages dans de vieux châteaux, et à souligner qu’une histoire de vampires, c’est aussi un récit du temps qui passe.
On retrouve les caractéristiques vampiriques élaborées dans le premier tome. Alex est dépossédé de ses souvenirs tant que la lune est invisible, et voit sa part vampirique prendre le dessus (et ses instincts) au moment où l’astre paraît. On ne revient pour autant pas sur l’idée qu’il se nourrit de la mémoire de ses victimes, l’autrice montrant plutôt la morsure « classique ». Alex semble n’avoir aucun mal à évoluer à la lumière du soleil, pas plus qu’il n’est incommodé par des éléments religieux ou autres, qui sont totalement absents du récit. Hormis peut-être cette comparaison avec un ange.
Suite et fin de Night Exile, une série courte qui gagne ici en puissance après avoir posé des bases certes ancrées dans l’histoire du manga de vampire (le clan Poe en tête), tout en proposant sa propre lecture du mythe. Et ce faisant, tire son épingle du jeu.