Alors qu’en quête d’ouvrages vampiriques, les livres qui n’ornent pas encore ma bibliothèque se font rares (et chers), il n’est plus accidentel que mes pas me portent vers la manne de la littérature jeunesse, qui est parfois l’occasion d’excellentes découvertes.
Le jeune Illia réside, avec son frère, son chat et ses parents, dans un village de paysans roumains superstitieux où il mène une vie routinière et besogneuse. Un jour vient à passer une troupe de saltimbanques, dont un homme-loup (en réalité, un jeune homme souffrant d’une pilosité surabondante) qui, provoqué par Illia, va attaquer ce dernier. Illia s’en sort vivant, mais le lendemain, sa famille ne parvient pas à le réveiller et on finit par en déduire qu’il est mort, alors même qu’Illia entend tout ce qui se passe autour de lui, sans pouvoir réagir. Le pope Popov, homme d’église sur la tête duquel on a un peu trop tapé lorsqu’il était enfant, en déduit que cette mort est due à la malédiction de l’homme-loup et que le cadavre d’Illia risque de devenir un vampire. La maison familiale est donc brûlée avec le cercueil à l’intérieur, mais Illia sort à temps de son état cataleptique pour en réchapper. Dès lors, il pense, ainsi que les villageois, qu’il est un vampire et il s’efforce à se comporter comme tel.
Ce récit fantastique et plein d’humour est servi par un style simple et malin, au vocabulaire occasionnellement assez élaboré. Il s’agit d’un texte intelligent évoquant la prise de liberté du jeune préadolescent, mais ne se voulant pas bêtement une métaphore de ce passage de la vie. C’est un vrai texte littéraire, dans lequel les adultes pourront se plonger avec plaisir.
Le mythe vampirique est ici utilisé de manière originale, puisque le vampire n’en est pas un mais interprète la manière dont il doit être un vampire, réfléchit sur la dimension symbolique de ce qui compose le mythe et se le réapproprie. La valeur sexuelle de la figure vampirique n’est pas mise de côté, puisque la douce morsure prodiguée à Tatiana sera l’occasion des premiers émois amoureux d’Illia.